Magazine Politique

Evolution polonaise

Publié le 15 décembre 2010 par Egea

La Pologne prépare activement la présidence de l'UE, au deuxième semestre 2011. Et elle démontre des orientations assez nouvelles sur lesquelles il convient de revenir.

photo_Pologne.jpg

1/ Orientations :

  • une relation renouvelée avec la Russie, qui n'est plus envisagée exclusivement comme un adversaire, mais aussi comme un partenaire potentiel
  • une relative prise de distance d'avec les Etats-Unis
  • une nouvelle priorité pour l'UE, et tout particulièrement la volonté de relancer, autant que faire se peut, l'Europe de la Défense (ce qui ne signifie pas l'abandon de l'Otan).

2/ Plusieurs explications sont à l'origine de cette évolution, finalement assez marquée :

  • tout d'abord, le drame de Katyn (voir ici) a marqué les esprits sur la Vistule et a prouvé la sincérité des avances russes pour trouver les voies d'un dialogue rénové.
  • la clarification politique qui a suivi les élections présidentielles, avec la mise sur la touche des radicaux nationalistes et un binôme président/premier ministre qui oeuvre dans le même sens, prodiguant une unité d'action assez rare.
  • la traversée finalement assez facile de la crise, qui a certes causé des difficultés mais sans commune mesure avec d'autres pays des environs. Il reste beaucoup de réformes structurelles à accomplir, mais la préparation de l'euro constitue un objectif raisonnable (voir données économiques 2010).
  • envers les Américains, on est loin, en effet, de l'enthousiasme des années 1990 ou 2000. Sur le plan des armements, de l'engagement en Irak ou en Afghanistan, du revirement sur l'affaire antimissile (troisième site de 2007 abandonné deux ans plus tard), ou du silence américain à propos de l'affaire géorgienne, la Pologne s'est rendue compte que les Etats-UNis, c'était loin. Bien sûr, c'est un allié occidental, mais pas forcément aussi solide qu'on l'avait rêvé. Par ailleurs, les opérations européennes (et notamment l'EUFOR Tchad) ont heureusement surpris.
  • un triangle de Weimar (France, Belrin - Varsovie) finalement assez robuste, où la Pologne se sent en situation de relative parité, ce qui n'est pas le cas dans un dialogue bilatéral avec Washington. Surtout, elle peut y exprimer une fonction de leader régional est-européen qui est aussi bien à son avantage qu'à celui des deux autres.

Autant de raisons qui expliquent cette modification assez nette de l'action polonaise. Il faudra bien sûr observer avec attention la présidence proprement dite, mais on sent dès aujourd'hui de l'envie.

O. Kempf


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Egea 3534 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines