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Le livre des damnés (Charles Fort) I

Par Hiram33

fort

Le livre des damnés (Charles Fort)

Le chandail d’Einstein

En dressant le catalogue vivant et poétique des prodiges inexpliqués, Charles Fort créait une chausse-trappe à dogmatismes qui n’a jamais depuis cessé de fonctionner. Il passa vingt-six ans dans les couloirs du British Museum, se nourrissant de roquefort, de pain de seigle et de raisins au whisky, pour réunir quelque 20 000 fiches qu’il détruisit ensuite par crainte d’un incendie. Enfin il se lança dans l’examen de tous les phénomènes, combinaisons, attractions et perturbations inédites, classant 40 000 notes sous 1 300 titres, tels que Métabolisme, Equilibre, Harmonie, Offre et Demande ou Saturation. Ce fut Le Livre des Damnés.

Pour peu qu’on s’y engage sans méfiance, on trouvera de tout dans Charles Fort. Des facéties, un démontage compétent des différents concepts astronomiques. Il analyse avant la lettre la panique des soucoupes volantes mais nie la vitesse de la lumière, la rotation de la terre. Ce qui ne l’empêche pas de suggérer son explication de l’univers, ni d’esquisser le croquis très personnel d’un cosmos capricieux. La terre pourrait être entourée d’une coquille opaque et tremblotante, percée de petits trous, ce qui expliquerait l’illusion des étoiles.

Charles Hoy Fort est mort à New York le 3 mai 1932 à l’âge de 58.

Charles Fort ou la connaissance par l’absurde.

« Je définirai l’existence par ses grenouilles ». Tel était le programme de Charles Fort. C’est en 1908 que ce gros homme aux moustaches de morse cessa de s’adonner à la taxidermie et au journalisme pour se livrer au plaisir maniaque de la compilation. Esprit contradictoire, il se plaisait à accumuler note sur note d’événements invraisemblables mais établis, édifiant ce qu’il appelait « le sanatorium des coïncidences exagérées ». Il détruisit ses 25 000 notes par un autodafé intime qui fut sans doute le tournant de son existence, il détruisit ce matériel qu’il estimait douteux. En huit années exténuantes, il se mit en devoir d’apprendre tous les arts et toutes les sciences et d’en inventer une demi-douzaine pour son propre compte. C’est alors qu’il reprit systématiquement ses recherches soumises, cette fois, à un plan ambitieux couvrant l’astronomie, la sociologie, la psychologie, la morphologie, la chimie et le magnétisme. Principes et phénomènes, loi et formules, furent digérés entre le British Museum et la Bibliothèque municipale de New-York en 40 000 notes. Enfin, Fort se sentit assez libéré de sa documentation cyclopéenne pour ramasser en 310 pages une partie de ses étonnantes théories, véritables vacances de l’intellect et qu’il considérait comme des « expériences en matière de structure ». Ce fut Le Livre des Damnés. Un scandale. La bizarrerie permanente de ses données déchainèrent en leur temps (1919) un concert d’insultes et de louanges. La méthode de Charles Fort est unique en son genre. Il procède en deux temps : s’appuyant tout d’abord sur des confrontations de témoignages, sur des revues spécialisées et sur les comptes rendus des organismes scientifiques officiels, il procède au groupement sériel de ses données fantastiques, mais irréfutables,  en insistant longuement sur les analyses chimiques et microscopiques. Le plus souvent, il fait fi des procédés courants de la logique et procède par pure juxtaposition et n’avançait jamais que des hypothèses, son horreur physique de l’affirmation positive le poussa à consteller son œuvre de restrictions subjectives perpétuelles. Il s’attacha à éliminer aussi souvent que possible l’idée de coïncidence. Dans l’intimité toute bohémienne de sa grotte à météorites et à papillons, Fort menait une vie recluse, en compagnie de sa femme, Anne Filans, qu’il avait choisie pour son total manque d’intérêt dans ses travaux, et qui l’aima tendrement jusqu’à sa mort. Il écrivait à ses amis et jouait de longues parties de superéchecs, un jeu de son invention qui comportait un échiquier de 1 600 cases. Il ne s’intéressa jamais à l’au-delà. Pour lui, dieu, s’il existait était un « super-idiot qui brave des comètes et bafouille des tremblements de terre ».

Les bricoleurs du subconscient

Le Livre des Damnés fut publié en français en 1955 dans la collection « Lumière Interdite », dirigée alors aux Deux-Rives par Louis Pauwels.C ette édition contenait un avant-propos de Jacques Bergier. Le Matin des magiciens se présentait en toute simplicité sous ce slogan : « Lire ce livre, c’est chevaucher une comète ». Le lecteur reconnaît, d’emblée, la phrase de Maynard Shipley sur le Livre des damnés. Pauwels et Bergier ont ingéré du Fort tout au long de leur ouvrage, sans pour autant acquérir un atome de l’humour, du détachement ou du génie de Charles Fort. Inversant ou percutant l’ordre des mots de Fort sans que jaillisse l’étincelle de la trouvaille, Pauwels et Bergier délayent et permutent, affaiblissent et distendent l’original. Charles Fort a publi ses notes irrésistibles dans une revue qui a pur nom Doubt : le doute. Pauwels-Bergier rédigent le bréviaire de la crédulité. Fort accumule les trouvailles fulgurantes, les raccourcis géniaux, les formules insondables. Louis Pauwels banalise tout ce qu’il touche. Fort étiquette le réel, en critique les termes, et spécule sur l’impossible, l’extravagant ou le nonsensique. Pauwels-Bergier partent du vague, de l’obscur et du douteux, en tissent des combinaisons effilochées de cosmonautes. L’un passe du quotidien au surréel, dont il est l’indigène. Les deux autres s’ahurissent sur le banal, et s’étant mystifiés, le mettent au compte d’un complot dont ils se désolent d’être exclus. Charles Fort demeure l’anti « Planète » irrémédiable, le mouche-mage et le fesse-prophète des vrais penseurs.

1 Préambule

L’état intermédiaire. Il n’y a pas de différences positives. Il n’ y a rien à prouver. Newton et les démons. La quasi-existence.

Par les damnés, fort entend bien les exclus. Il tient une procession de toutes les données que la Science a jugé bon d’exclure. Fort estime que rien ne peut tenter d’être, sans essayer d’exclure quelque chose, et que ce que l’on nomme communément « être » est une différentielle entre ce qui est inclus et ce qui est exclu. La Science, en faisant appel à différentes bases, a inclus ou exclu des multitudes de données. S’il n’y a pas de différences positives, il n’est pas possible de définir quoi que ce soit comme positivement différent d’autre chose. Personne n’a jamais pu définir l’électricité, car elle n’est rien, si on la distingue positivement de la chaleur ou du magnétisme. La différence entre terre et mer n’est pas positive. Dans toute terre il y a de l’eau. En sorte que toutes les apparences sont fallacieuses, puisqu’elles font partie d’un même spectre. Aucun de nous n’est une personne, puisque physiquement nous sommes contigus de ce qui nous entoure, puisque psychiquement il ne nous parvient rien d’autre que l’expression de nos rapports avec tout ce qui nous entoure.

Tout ce qui tente de s’établir pour réel au positif, système absolu, gouvernement, organisation, soi, âme, individualité, ne peut y parvenir qu’en s’entourait d’une frontière, en damnant et en excluant en fuyant toutes les autres « choses ». Faute de quoi, il ne peut jouir d’une apparence d’existence. Mais, s’il agit ainsi, il agira arbitrairement. La science moderne a faussement exclu, faute de standards positifs. Pour Fort, la positivité c’est l’harmonie, l’équilibre, l’ordre, la régularité. La Vérité est un autre nom de l’état positif. La Vérité est ce auprès de quoi il n’existe rien d’autre. Les chimistes ont cherché le vrai et ont toujours échoué à cause des relations extérieures à la chimie. Chercher la vérité dans le spécial, c’est chercher l’universel dans le local. Toute notre « existence » est une tentative du relatif vers l’absolu ou du local vers l’universel. La science moderne a tenté d’être réelle, finale, complète et absolue. Fort s’est lancé dans l’obscurité extérieure des transactions et procédures scientifiques, une région ultra-respectable, mais couverte de la poussière du mépris, s’est abaissé jusqu’au niveau du journalisme. Pour lui, dans notre mode d’apparences, il ne saurait y avoir qu’une quasi-logique. Rien n’a jamais été prouvé, parce qu’il n’y a rien à prouver. On ne peut pas prouver, par exemple, que quelque chose soit un animal, parce que l’animalité et la végétalité ne sont pas positivement différentes. Les trois lois de Newton qui tentent d’achever la positivité, de défier et briser la continuité sont aussi réelles que toutes les autres tentatives de localisation de l’universel. Si toutes choses réagissent à une infinité de forces, il n’y a pas de moyen de savoir quels seront les effets d’une seule force imprimée. Les trois lois de Newton sont des actes de foi. Fort veut substituer l’acceptation à la croyance. Croire fermement, c’est retarder tout développement. Accepter temporairement, c’est la faciliter. Tout en substituant l’acceptation à la croyance, Fort use des méthodes conventionnelles, des moyens par lesquels toutes les croyances ont été formulées et soutenues ; ses méthodes sont celles des théologiens, des sauvages, des savants et des petits enfants. C’est par les méthodes balbutiantes des cardinaux, des cartomanciennes et des paysans que Fort écrit ce livre. Toutes les sciences commencent par des tentatives de définition. Mais rien n’a jamais été défini, parce qu’il n’y a rien à définir. Fort ne se voit pas comme un réaliste, un idéaliste mais comme un intermédiariste. Car notre existence est un stade intermédiaire entre le réel et l’irréel.

II Processus de la damnation scientifique. L’éruption du Krakatoa. Le météorite de Luce. Virginité de la science.

En automne 1883, il y eut des lunes bleues. Il fallait que la science s’explique. Le 28 août 1883, le volcan de Krakatoa avait explosé. Le bruit se propagea à 3 000 kilomètres. Il y eut 36 380 morts. Les phénomènes atmosphériques de 1883 durèrent sept ans après une pause de plusieurs années. Les scientifiques expliquèrent que l’explosion du Krakatoa en était la source. Ils crurent à la suspension de poussière volcanique dans l’air pendant sept ans, après un intervalle de plusieurs années. Fort évoque des chutes de grêlons de six livres en 1870 et même de la taille d’un éléphant en 1800 en Inde.

En 1800, si quelqu’un était assez crédule pour croire que des pierres tombaient du ciel, on lui tenait ce raisonnement : il n’y a pas de pierres dans le ciel, donc nulle pierre ne peut tomber. En 1778, Lavoisier fit partie d’un comité désigné par l’Académie pour examiner un rapport sur la chute d’une pierre tombée du ciel à Luce en France. Officiellement, les chutes de pierres durent damnées, et l’explication de la foudre fut le standard de l’exclusion. Les météorites, autrefois damnés, sont admis, mais sous réserve d’une tentative d’exclusion. On admet que deux sortes de substances peuvent tomber du ciel : les substances métalliques et les substances pierreuses. Dès le départ, les vierges de la science ont combattu, pleuré, hurlé, maudit les relations externes. Progrès signifie viol.

III L’impressionnisme scientifique. Darwin l’irrationnel. La Terre est-elle vraiment ronde ? Pluies de soufre et de chair, d’encre et de boue. Les préjugés de la chimie.

Pour Fort, il ne peut y avoir de véritable science, là où il y a des variables indéterminées. Or toutes les variables sont indéterminées, irrégulières.  Ayant tenté de systématiser, la science a donc ignoré du mieux possible tous les aspects de l’externalité. Si toutes choses appartiennent à une unité, à un état intermédiaire entre le réel et le non-réel, Fort ne voit pas de différence positive entre la Science et la Science chrétienne, car l’attitude de l’une et de l’autre en présence du malvenu reste la même : « cela n’existe pas ».

La position de Fort est purement impressionniste. Il n’a ni tests, ni standards positifs. Le darwinisme a pour fondement la survivance du plus apte. Or, on ne peut déterminer l’aptitude autrement que par la survivance. En sorte que le darwinisme prouve en tout et pour tout la survivance des survivants.

Fort ne croit pas à la rotondité de la Terre. L’ombre que la terre projette sur la lune, personne ne l’a jamais vue entièrement car l’ombre de la terre est de beaucoup plus grande que la lune. Si la périphérie de l’ombre est courbe, et la lune convexe, un objet rectiligne peut fort bien, sur une surface convexe, projeter une ombre courte. En accord avec l’esprit du premier quart du XXè siècle, Fort propose qu’on admette l’existence au-delà de notre planète d’autres continents, d’où tombent des objets, tout comme les épaves de l’Amérique dérivent en Europe.

Fort évoque les pluies sulfureuses. Les scientifiques pensent que les pluies jaunes contiennent du pollen. Par une nuit de juin dans le port de Picton, en Nouvelle Ecosse, par une nuit de calme plat, est tombée par seaux, à bord d’un navire, une substance jaune. L’analyse révèle la présence de nitrogène, d’ammoniaque et une forte odeur animale. Les scientifiques concluent quand même à la pluie de pollen.  Des pluies et neiges noires, des pluies d’encre, des flocons de neige noire comme le jais. Il en est tombé en Irlande, le 14 mai 1840. Une « averse d’encre » est tombée au Cap de Bonne Espérance, voilà qui est peu vraisemblable. En Ecosse, le 14 janvier 1862, il est tombé de la pluie noire. Au même moment de grandes quantités d’une substance tantôt nommée « pierre ponce » tantôt « mâchefer » furent rejetées par la mer sur les côtes d’Ecosse. L’orthodoxie  de toutes les pluies rouges veut que le sirocco amène jusqu’en Europe les sables du Sahara. Il a eu de nombreuses chutes de matière rouge, surtout dans les régions volcaniques de l’Europe et généralement sous forme de pluie. En maintes occasions, ces substances ont été « absolument identifiées » au sable saharien. En  1903, le Sud de l’Angleterre fut envahi par une substance tombée du ciel. Fort pense qu’en 1903, nous avons traversé les restes d’un monde pulvérisé, laissé pour compte d’une antique querelle interplanétaire et boudant depuis au travers de l’espace comme une rancune rouge. Le sentiment de Fort est que certaines pluies sont teintées par le sable du Sahara. D’autres le sont par des sables d’autres sources terrestres, d’autres encore par des sables d’un autre monde ou des régions aériennes trop amorphes et indéfinies pour être qualifiées de « monde » ou de « planètes ». au Moyen Age, il y avait des pluies rouges qu’on nommait « pluies de sang ». Elles terrifiaient les gens, agitaient les populations à tel point que la Science résolut dans ses relations sociologiques, d’écarter le fléau. Elle assura quelles « pluies de sang » n’existaient pas, qu’elles n’étaient que de l’eau teintée de sale saharien. Fort a l’intention timide d’exprimer que certaines pluies rouges suggéraient fortement le sang ou la matière animal pulvérisée. Débris de désastres interplanétaires. Batailles aériennes. Provisions alimentaires de super-cargos naufragés dans le trafic spatial.

IV Qui prend l suite du précédent ? Le ciel est-il gélatineux ? L’illusion des étoiles. Le phénomènes du Kentucky.

Le 13 août 1819, à Amherst, dans le Massachussets, s’abattit un objet mystérieux recouvert d’un duvet. Le duvet écarté, apparut une substance pulpeuse, de couleur jaune qui, dégageait une odeur très nauséabonde, tourna au rouge vif par le simple contact de l’air. Des années plus tard, un objet tout semblable au premier s’abattit presque au même endroit. Hithcock lui découvrit la même taille, même consistance, mêmes réactions chimiques et la reconnut instantanément : c’était un champignon gélatineux, c’était du nostoc. Fort souligne que la plupart des chutes de substances gélatineuses sont décrites comme blanches ou grises et que le nostoc lui-même est défini comme vert. Le 3 mars 1876 à Bath Country, dans le Kentucky, des quartiers de bœuf étaient tombés du ciel sur Olympia Springs. Cette substance fut examinée par Léopold Brandeis qui y vit du nostoc. Mais le professeur Lawrence Smith y vit du frai desséché d’un quelconque reptile, sans doute de grenouille. Tandis que le Dr Hamilton, ayant analysé le spécimen, le reconnut pour un lambeau de tissu pulmonaire. Le Dr Edwards identifia plusieurs autres échantillons à des morceaux de cartilage et fibre musculaire. D’où son explication : un vol de buses gavées de nourriture, invisibles dans la clarté du ciel, avait dû dégorger.

Fort pense qu’il est vraisemblable de supposer que certaines régions du ciel sont gélatineuses. Pour lui, il y a dans le ciel de vastes champs gélatineux que les météorites traversent en les vidant de leur substance. Le 24 juin 1911 à Eton Bucks, en Angleterre, le sol fut recouvert de morceaux de gelée, gros comme des petits pois, après une forte averse. Cette fois, on ne parla plus de nostoc, mais de nombreux œufs de chironomes, dont sortirent des larves. R. P. Greg signala le passage d’un météore tout près du sol en Allemagne, en 1860. Le jour suivant on trouva sur la neige une masse énorme de gelée. Il relata la chute d’un météorite à Gotha, en Allemagne, le 6 septembre 1835, « laissant sur le sol une grande masse de gelée ».

V De la manne céleste. Le phénomène des « cheveux d’ange ». Les épaves de l’espace.

En 1829, la Perse vit tomber une substance que personne ne connaissait. Les Persans n’avaient pas la moindre notion de ce que c’était, mais ils constatèrent que les moutons acceptaient d’en manger. Ils résolurent de la moudre en farine et en firent un pain dont on dit qu’il était mangeable, bien qu’insipide. La manne céleste était enfin placée sur une base raisonnable, assimilée et réconciliée avec le système nouveau plus vigoureux et plus réel que le système ancien. Mais les scientifiques ne voulurent y voir que du lichen venu des steppes de l’Asie mineure.

En 1686, des ouvriers tiraient l’eau d’un étang, à sept milles allemands de Memel, après une chute de neige. Ils s’aperçurent soudain que le sol plat qui entourait l’étang était recouvert d’une masse noirâtre et feuillue. Un voisin déclara qu’il l’avait vue tomber par gros flocons en même temps que la neige. On pouvait déchirer la masse par fibres, comme du papier. La substance de Memel est humide, noirâtre et feuillue. Mais une fois rompue, la substance des marécages forme des flocons et se déchire par fibres. Les Irlandais Royaux y ont vu un « papier des marécages, soulevé en l’air par la bourrasque, puis retombé au sol ». D’après M. Ehrenberg, le papier météorique se révéla consister partiellement en matière végétale, principalement en conifères. En 1686, une sorte de papier brûlé tomba sur la Norvège et sur d’autres parties du Nord européen on finit par décrire la substance de janvier 1686 comme « une masse de feuilles noires rappelant le papier brûlé, mais plus solide, plus agglomérée, plus cassante ». Les météorites sont généralement recouverts d’une croûte noire plus ou moins écailleuse. Or la substance de 1686 était noire et écailleuse, si ce qui est « feuillu » peut être défini comme « écailleux ». Et la substance devint du même coup une masse minérale, grâce à l’ »identification » du savant Von Grothius. Berzelius, examinant à son tour la substance, n’y trouva pas trace de nickel. Comme le nickel était alors le standard « positif » des matières météoriques, Von Grothius annula son « identification » précédente. Fort regrette qu’on n’ait pas recherché des traces d’écriture (ou de hieroglyphes) sur ces feuilles de papier.

A Carolath, en Silésie, en 1839, tombèrent soixante mètres carrés de feutre, dont on aurait pu faire des vêtements. Le dieu de l’Examen microscopique décida qu’il se composait essentiellement de conifères. M. Lainé, consul de France à Pernambouc, signalait, au début d’octobre 1821, une averse de soie, en si énormes quantités qu’une entière cargaison perdue entre Mars et Jupiter, et flottant dans l’espace pendant des siècles en se désintégrant y eût à peine suffi. Depuis Darwin, l’explication classique des chutes de soie se limite aux toiles d’araignées. Le 21 septembre 1741, en Angleterre, s’abattirent des « toiles d’araignées » sous forme de « flocons ou lambeaux de trois centimètres sur quinze », relativement lourds, qui tombèrent à toute vitesse. L’averse se fit en deux temps avec un intervalle de plusieurs heures. L’explication classique néglige des éléments. L’absence d’araignées, la viscosité de la substance. Fort se demande si on devrait admettre que, dans les espaces infinis, flottent de vastes régions visqueuses ou gélatineuses, enduisent tout ce qui traverse.


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