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Daniel Pennac

Par Wellreadkid

L'on ne se lasse pas de la tribu Malaussène, qui, dans ce quatrième tome, est sur le point de s'agrandir. Comment? La mère serait-elle revenue enceinte de son idylle avec Pastor? Que nenni, c'est cette fois Ben et Julie qui attendent un enfant. Comment notre cher bouc émissaire va-t-il gérer la paternité, et surtout, dans quelle panade va-t-il encore se retrouver embourbé?

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Car c'est toute la question avec Benjamin Malaussène, notoirement maladroit et malchanceux, à la bonne tête de coupable. Dans les trois tomes précédents, tout le désignait comme meurtrier : il était toujours sur place, et on lui trouvait même un mobile. Mais ce n'est jamais lui. Notre cher bouc émissaire est fait juste preuve d'un terrible manque de chance. Dans ce tome-ci donc, la tribu Malaussène tente de sauver un vieux cinéma, le Zèbre, tandis que le frère de Ben s'essaie au théâtre, que Clara se remet de son veuvage avec Graine d'huissier, que Julie découvre les joies de la grossesse et fait appel à son vieux gynécologue, un ami de la famille dont les parents travaillent depuis des décennies à un film unique. En parallèle, Gervaise, la fille de VanThian, mène l'enquête sur les meurtres atroces qui déciment le rang de ses prostituées repenties...

L'on retrouve donc avec plaisir cette famille déjantée, aux personnages extravagants, prise une nouvelle fois dans un engrenage loufoque. Quelle imagination, monsieur Pennac ! De nouveaux personnages hauts en couleur font leur apparition, comme Cissou la neige ou Suzanne. D'autres réapparaissent, sans qu'on les attende, comme Sainclair ou Lehmann.

Comme les tomes précédents, "Monsieur Malaussène" est un savant mélange d'humour et d'enquête policière. On rit à chaque page, tout en attendant avec impatience de découvrir le coupable. A l'aspect jamais vraiment trivial de la vie familiale des Malaussène se mêle l'horreur des meurtres des tatouées de Gervaise. Benjamin se trouve une fois de plus soupçonné et se voit accusé de tous les meurtres depuis le début de la série, soit vingt et un au total. Lorsque son frère Jeremy écrit sa détention imaginaire dans une prison au directeur sadique, Benjamin s'indigne face à la délectation du lecteur qui aime le voir accusé. L'on a beau l'aimer, notre Ben, c'est tellement drôle de le voir tenter d'expliquer son innocence quand sa culpabilité est tellement logique, tellement évidente.

Après avoir évoqué l'univers de l'édition, et des auteurs à succès, Pennac se tourne désormais vers le cinéma, et son contraire, en la personne de Barnabé, totalement réfractaire au septième art, alors que ses grands-parents ont consacré leur vie à un film unique. Qu'est-ce-que le cinéma, sinon une trace du passage du temps? Réflexion également portant sur le roman, en lui-même : Pennac s'autorise quelques jeux de narration. Ainsi, pour montrer que Ben est "à côté de lui-même", il passe de la première à la troisième personne et intègre au récit la fausse version de Jérémy, que le lecteur croit évidemment la bonne, jusqu'à ce que les personnages le détrompent. Peut-on également se demander si Pennac n'essaierait pas de dénoncer le système de l'édition en montrant comment la reine Zabo exploite Jérémy, et réecrit son texte? Il y a toujours bien davantage que l'histoire de Ben derrière les mots de Pennac, il y a toujours un certain degré de réflexion sur l'écriture en elle-même.


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