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La prima cosa bella

Publié le 20 décembre 2010 par Jul

Publié au départ en décembre 2010, cet article a été reprogrammé au 29 juin 2011, date de la sortie du film.

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Héritier de la comédie à l'italienne, Paolo Virzì sait mêler dans ses comédies les différents genres cinématographiques, et traite ses sujets de façon bien plus profonde qu'il n'y paraît, s'interrogeant sur la recherche par l'homme de son identité et son futur.

"La prima cosa bella" décrit l'histoire de deux enfants tiraillés entre leurs parents séparés, sans pouvoir les comprendre. Lorsqu'en 1971, Anna est élue maman la plus belle de Livourne, la pagaille s'installe dans la famille.

Mario est pris d'une crise de jalousie destructrice et met à la porte sa femme et ses enfants. Dès lors Bruno et Valeria vont de porte en porte, au gré des emplois et des amours d'Anna. Mauvaise actrice, sécrétaire incapable de passer une communication au téléphone, femme trop amoureuse, elle résiste à tout pour l'amour de ses enfants. Mais les enfants vivent autrement les rapports parentaux ; enlevés par leur père, repris par leur mère, ils grandissent dans l'ombre de cette mère trop aimante, trop vivante, trop embarrassante, trop libre, et qui finira par gâcher leur vie à trop les aimer. Ce n'est qu'à notre époque, lorsqu'Anna est atteinte d'un cancer, que ses enfants vont comprendre ce que leur jeunesse empêchait de comprendre, et, peut-être, donner enfin à leur vie le sens qu'elle n'a pas trouvé.

Fonctionnant par flash-backs (tel élément du présent évoquant un élément du passé, comme cette scène où Bruno, observant du dehors la chambre où dort sa mère, se rappelle ce soir où il regardait par le trou de la serrure de sa chambre ses parents se disputer, avant que son père ne les mette tous à la porte), le film fait de nombreux aller-retours dans la vie des personnages à travers les souvenirs de Bruno, puis abandonne peu à peu le passé pour le présent dès lors que Bruno commence à comprendre le sens des évènements qui ont marqué son enfance, et qu'il avait cherché à oublier en abandonnant Livourne.

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L'une des plus belles qualités du film est d'utiliser la photographie pour différencier le passé et le présent, tout en donnant à chaque époque sa véritable signification à travers les couleurs et l'ambiance générale. Ainsi, les années 1970, l'enfance d'Anna et de Bruno, sont caractérisées par des tons chauds et orangés. Si le fils s'est toujours senti étouffé par sa mère dont il ne comprend pas le comportement, il se rendra compte plus tard qu'elle les a aimés du mieux qu'elle pouvait et a voulu leur faire partager son amour de la vie et de la liberté. "Ca été très fatigant la vie, mes enfants. Mais on s'est beaucoup amusés aussi, n'est-ce pas ?", dit Anna avant de mourir. Les années 2000 sont représentées par des images plus froides et réalistes : si Bruno et Valeria ont cru que devenir adultes leur permettrait enfin de construire une vie à eux, ils sont en réalité tous deux incapables de regarder les choses en face. L'un se drogue comme un jeune de vingt ans et est devenu professeur de lettres pour éviter de faire ce pour quoi il était doué: l'écriture. L'autre ne veut pas s'avouer qu'elle n'est pas heureuse avec son mari et calme ses nerfs sur son patron. La séquence de la mort d'Anna va préférer la première ambiance photographique à la seconde, avant que le film ne se termine par des plans en plein soleil, indiquant que cette fois tout peut (et va) repartir sur de bonnes bases. 


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