Faut-il revoir l'enseignement de l'économie ?

Xavier Darcos vient de lancer un audit sur les manuels de sciences économiques et sociales. Une commission dirigé par M. Guesnerie, professeur de théorie économique et en organisation sociale, composée d'universitaires, de professeurs de classes préparatoires économiques et commerciales et éventuellement de l'Apses (Association des professeurs de sciences économiques et sociales), doit commencer bientôt sa réflexion pour rendre ses conclusions au ministre en avril. Selon ce dernier, "le but de cet audit est d'apaiser les tensions" apparues à la rentrée lorsque la filière ES au lycée était sous le feu des critiques et "de trouver une position d'équilibre entre les parties pour mieux adapter l'enseignement de l'économie moderne, de toutes les facettes de l'économie d'aujourd'hui".
Voilà l'interprétation du ministre. Maintenant, cet audit a une fonction, je pense bien différente du discours officiel. Elle vise à préparer les esprits, dans la perspective d'une réforme des séries qui soit défavorable à la série ES et probablement aussi à une dénaturation de l’enseignement de sciences économiques et sociales. Pourquoi ? La réponse est à trouver dans un article paru hier, dans le Figaro. Le quotidien précède les conclusions du futur audit en reprochant (comme depuis plus de 20 ans), aux manuels d'économie de présenter une vision trop négative de l’entreprise ou de faire preuve d’idéologie. En gros, les professeurs de SES sont considérés comme responsables de la mauvaise image de l’entreprise ou de l’inculture économique des français ! C'est leur faire beaucoup d'honneur...
Michel Pébereau, l'un des principaux initiateurs de ce lobbying vend la mèche dans ce même quotidien : "on peut s’attendre à une modification des programmes qui donne à la production et à l'échange, à l'entreprise et au marché la place centrale qui devrait être la leur pour permettre aux élèves de comprendre le fonctionnement de l'économie et la réalité actuelle des entreprises». En somme, les milieux d'affaire s'ingèrent aujourd'hui ouvertement dans le contenu des programmes. C'est la preuve d'une méconnaissance des programmes et de la spécificité d’un enseignement pluridisciplinaire destiné à donner des clés pour comprendre le monde contemporain, et pas uniquement celui du monde de l'entreprise. C'est aussi une manière de laisser penser que l'économie est une science exacte et qu'une seule école de pensée existe.
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