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Les chanteurs de makossa se tournent vers dieu

Publié le 21 décembre 2010 par Africahit

Rosy Bush, Petits-Pays, Junior Eyango, se sont lancés dans ce style musical.

Je ne ferai plus de chanson mondaine. Avant, je chantais pour le monde, maintenant je chante pour Dieu», confiait la chanteuse Rosy Bush dans les colonnes du quotidien Mutations.

Comme l'ex-chanteuse de makossa et de bitkusi, plusieurs musiciens camerounais se sont lancés dans le gospel. Grâce Decca, Junior Eyango, Martial Mbongo, Clarisse Valérie, Petit-Pays pour ne citer que ceux-là. En 2009, par exemple, Petit-Pays défrayait la chronique en déclarant être devenu chrétien. L'artiste avait, au cours d'un séjour au Nigeria, rencontré le pasteur TB Joshua, célèbre dans le monde pour ses dons de prophéties et de guérisons. A la suite d'une séance d'exorcisme diffusée sur les antennes d «Emmanuel Tv», la chaîne de télévision du pasteur nigérian, «le neveu de Jésus» avait déclaré avoir été délivré de 13 démons et affirmait désormais consacrer sa vie à Dieu. Dans son album au titre évocateur, «Né de nouveau», sortie cette année, Junior Eyango raconte sa récente conversion à travers des chansons comme «Pardonne-moi Seigneur Jésus».

Cette ruée des chanteurs de musique dite mondaine vers le gospel laisse certains observateurs de la scène culturelle camerounaise perplexes. S'agit-il d'un effet de mode ou d'une quête de nouveauté ?
«Beaucoup d'artistes camerounais ont commencé la musique par le chant choral . Pour ceux-là, chanter du gospel c'est retourner à la source», explique Ferdinand Edima, membre d'une chorale de l'église Epc d'Emana. Parmi ces musiciens, on peut citer Georges Seba. Dans sa jeunesse, il a été membre des «Gospel Singers», le groupe de musique religieuse de la paroisse Epc de Messa 2. Installé en France depuis 23 ans, Georges Seba dirige une chorale baptisée «Les chérubins».

Selon le sociologue Halidou Sadjo, l'essor des églises dites de réveil, le succès des chanteurs de gospel comme la nigériane Agatha Moses ou du groupe «Shekina» peuvent également expliquer ce phénomène. « Un musicien ne peut chanter que ce que le public consomme. Or, de nos jours le gospel est devenu mondain et se danse même dans des lieux profanes tels que les boites de nuit. Avec cette musique, l'artiste a donc la possibilité de toucher un large public constitué non seulement des adaptes de musique religieuse, mais aussi de une frange de la population prête à consommer n'importe quel musique du moment qu'elle se danse».  

Le révérend pasteur Didier Onana Koa de la paroisse Marie-Gocker de Yaoundé pense qu'il n' y a rien de surprenant à ce que des artistes de makossa ou du bitkusi chantent du gospel, si ce changement est dicté par la foi. «S'ils se sont convertis, c'est bien qu'ils rendent grâce au Seigneur», soutient l'homme d'église qui précise toutefois que «les chanteurs ne doivent par chanter le nom de Dieu pour du Business».  

Chanter Dieu pour de l'argent ? Cette idée est réfutée par les artistes. «J'ai toujours mené une vie de croyante. Je suis née dans une famille où il y a de la foi. J’ai toujours été pratiquante, et dans tous les spectacles que j’ai eu à faire, au Cameroun comme ailleurs, je commence toujours par remercier le Seigneur par des gospels, des louanges, avant de chanter le makossa», expliquait Grâce Decca dans une interview accordée en 2009 à Journal du Cameroun, un quotidien en ligne. Rosy Bush, quant à elle, soutient que « chanter du gospel n'est pas un effet de mode, ni une contamination ; tous ces artistes qui donnent leur vie au Seigneur, c'est l'esprit de Dieu qui travaille en eux. Dieu appelle tout le monde à la conversion, car, le Seigneur ne veut pas la mort du pécheur ».

Elsa Kane (stagiaire)


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