Livre II, 2
Hamdi naquit en 13361
au village de Kabak, près de Tcherkèche.
On le frotta avec du sel.
Son corps était mou.
Ils étaient heureux
parce que c’était un garçon.
Moins de quarante jours plus tard,
couché au pied des épis,
il regarda le ciel.
Il apprit à dormir sur la terre.
La maison était sombre,
la terre était belle.
Il eut la varicelle en 1337,
on lui lia les mains.
En 1338, il marcha,
et jusqu’en 1339,
il parcourut les trente-six maisons
et les quatre rues
qui étaient le monde.Il aima les bêtes et la pluie.
Du halva,
il y en avait les jours de fête seulement.
Il ne pleurait plus
quand son père rossait sa mère.L’hiver fut rude
en ce début de 1925.
L’un des deux bœufs mourut.
Le père alla au service.
Il plut beaucoup.
Ils mangèrent énormément de courgettes.
Les gendarmes vinrent au village,
ils avaient des carabines.
Un épervier s’attaquait aux poussins du village.En 1926, il avait cinq ans,
on lui confia une chèvre boiteuse.
Ils s’en allaient dans la lande, lui et la chèvre.
Hamdi n’arriva jamais à saisir les nuages.
Il ne rencontra pas le loup.
Il apprit à connaître les herbes.
Ils mangèrent un tas de gruau de blé.Il y eut la sécheresse en 1927.
La terre se crevassait.
Les épis ne se remplissaient pas.
Des grondements venaient du sol.
Au milieu de la même année,
le père rentra du service.
Ils mangèrent très peu de courgettes.(…)
Nazim Hikmet, en cette année dix-neuf cent quarante-et-un, poème traduit du turc par Munevver Andaç, éditions François Maspero, 1963, p. 57-58.
contribution de Tristan Hordé
Bio-bibliographie de Nazim Hikmet
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1 d’après l’ancien calendrier musulman. [correspond à 1921]