(Raidjie & Akram) Un des albums que j'ai le plus attendu cette année sans hésitation. Après plusieurs push back, l'impatience et l'anticipation augmentent de paire et on ne peut que se demander ce que The Roots nous réservent pour ce neuvième album. Avec un passé musical qui ferait pâlir la majorité du Hip Hop game actuellement, The Roots ne s'arrêtent pas de si bon chemin et continuent de nous vendre du rêve, How I Got Over en est la preuve.
Ce qui m'a principalement marqué dans cet album c'est la capacité du groupe à s'associer avec les bonnes personnes sur les bons morceaux. L'album dans sa globalité en est le parfait exemple, ils ont su varier les featurings sans pour autant saturer les tracks avec des collaborations inutiles, chaque artiste apporte son univers tout en conservant la musicalité si appréciée du groupe de Philadelphie.
Pas de emcees superstars sur How I Got Over, The Roots ne dérogent pas à leur règle privilégiant la qualité sur la notoriété, ils laissent aussi une grande place pour l'éclectisme musical, grâce à cet album j'ai pu découvrir de nouveaux artistes (ce qui est une chose rare dans les albums de Hip Hop d'aujourd'hui, ce sont souvent les mêmes noms qui circulent) tels que le trio féminin faisant parti du groupe rock indépendant Dirty Projectors (Amber Coffman, Haley Dekle et Angel Deradoorian) qui prêtent leur voix sur la magnifique intro « Peace Of Light » ou bien sur "Dear God 2.0" avec Monsters Of Folk.
Justement parlons de "Dear God 2.0" qui reprend initialement le titre du groupe Monsters Of Folk,
est juste un des titres de cette année. Puissant lyricalement, Black Thought converse avec Dieu et on ne peut s'empêcher de penser à tous les moments de doute et de remise en cause auxquels on a dû faire face, quant au combo batterie/Jim James on ne peut qu'en applaudir l'orchestration.
Mon plus grand plaisir a été de voir Blu; qui est si vous ne l'aviez pas déjà remarqué, le emcee que j'apprécie le plus, sur deux morceaux de l'album. Je sais que je ne suis pas là pour parler de lui (enfin un peu quand même) mais ce type a vraiment beaucoup de talent, d'abord en tant que rappeur puis en tant que prodo mais il a également une très bonne oreille. Ceci étant dit, c'est bien sûr en tant que rappeur qu'il apparaît sur How I Got Over, d'abord sur « Radio Daze » puis sur « The Day » et je pense que cela a permis à pas mal de personnes de se familiariser avec.
Les habitués Dice Raw et P.O.R.N. sont une fois de plus de plus au rendez-vous aux côtés de Black Thought et j'ai envie de dire pourquoi changer une équipe qui gagne surtout quand ils nous pondent une track funky à souhait comme « How I Got Over » ?
On fait également la connaissance avec la chanteuse et harpiste Joanna Newsom dont j'entend les louanges un peu partout. Cette demoiselle à la voix singulière semble avoir conquis The Roots et « Right On » n'est rien d'autre qu'une reprise de son « The Book Of Right-On ».
L'album s'écoute très facilement du début à la fin et j'ai eu l'impression de l'avoir assimilé beaucoup plus rapidement que leurs précédents, je n'ai pas totalement était convaincu par le feat avec John Legend sur « The Fire » bien qu'à mon avis cela est plus dû à l'ambiance du titre qu'à Legend. Le point noir de l'album est incontestablement le titre bonus « Hustla » que je trouve sans grand intérêt et vraiment loin du délire général de l'ensemble.
How I Got Over est très addictif sur le court terme et je pense qu'il est raisonnable de dire que même s'il ne vaut pas un Game Theory ou un Phrenology, surtout par sa durée de vie d'écoute, il est cependant de très bonne qualité et The Roots nous rappellent que la musique consciente peut l'être également sans pour autant avoir besoin de 'bangers'...