2011 : indignons-nous, résistons, et surtout préparons l’avenir

L’année 2010 s’achève avec une belle surprise, celle du succès incroyable d’un petit livre d’un grand monsieur, le fameux « Indignez-vous » de Stéphane Hessel. Il nous adresse aujourd’hui ses voeux, sur Mediapart, en nous invitant à résister. Dans sa bouche, de tels mots ont un sens. Personne ne peut lui donner de leçons de lèse-histoire. Alors suivons son message, indignons-nous, résistons, mais surtout préparons l’avenir.

Indignons-nous, devant la misère qui se développe, devant l’incurie de ceux qui alimentent les crises en prenant leurs bénéfices sans vergogne, pendant que le chômage se répand partout, des villes aux campagnes, des jeunes aux moins jeunes. Surtout les jeunes, d’ailleurs, éternels sacrifiés d’une société qui leur en demande toujours plus (de diplômes, d’adaptation…) pour leur offrir moins. Indignons-nous devant les discours où chaque mot est trahi, où la communication l’emporte sur la dignité et la droiture. Indignons-nous devant les baisses de crédits des laboratoires, qui interviennent pendant que le gouvernement prétend mettre des milliards dans la recherche.

Résistons, face aux processus délétères qui affaiblissent notre société, devant cette mise en concurrence forcenée où chacun devient l’adversaire de son voisin. Résistons face aux « réformes » qui servent toujours les mêmes intérêts, contre le mépris de nos gouvernants qui veulent nous faire croire que l’on va abolir le bouclier fiscal, alors qu’il s’agit de donner une fois de plus de l’argent aux plus riches.

Mais surtout, préparons l’avenir. Car la lassitude est grande. Je vois autour de moi sans cesse plus de citoyens désabusés, déprimés. Des jeunes qui ne croient plus que faire des études leur offrira un avenir meilleur. Des travailleurs qui savent qu’ils finiront leur carrière au chômage, avec une retraite de moins en moins forte. Des chercheurs devenus des machines à remplir des dossiers, qui voient leurs crédits baisser et jouent la survie de leurs travaux à chaque appel d’offre. Pour préparer l’avenir, le Parti Socialiste a lancé des travaux dans toutes les directions. Pour la recherche et l’enseignement supérieur, un Forum des Idées aura lieu au printemps, et nous dévoilerons nos propositions pour redonner un avenir à ce secteur en crise. 2011 sera une année intense.

Ce soir, le président Lula finit son second mandat, avec une popularité exceptionnelle. J’étais au Brésil il y a 8 ans, au moment de son investiture. A l’époque, nombreux étaient ceux qui doutaient qu’il puisse réellement changer la vie des brésiliens. Les contraintes budgétaires étaient trop fortes, disait-on. Mais l’élan populaire qui entoura son élection était incroyable. Quelques mois après le désastre du 21 avril 2002, je me retrouvais ainsi chez un des responsables du Parti des Travailleurs, qui passa de longues années d’exil en France. Il me faisait part de son enthousiasme dans cette élection splendide. Huit ans plus tard, on ne peut que saluer la « gauche qui marche », celle qui n’oublie jamais quels sont ses idéaux, et fait plier la réalité pour réduire la misère. Le Brésil n’est pas encore sorti d’affaire, mais la réduction de la pauvreté est une réalité. En recherche, il vient de dépasser la Russie, dont la tradition scientifique est pourtant remarquable. Ce n’est plus un pays émergent, il a émergé, et Lula l’a fait rentrer dans la cour des pays qui comptent. C’est un bel exemple pour la gauche française : unité autour d’un responsable dont l’engagement à gauche n’a jamais souffert le moindre doute, ambition dans le programme politique, clairvoyance dans la gestion du pays. Faisons de même en France, et que 2011 ne soit pas qu’une année d’indignation et de résistance, mais l’année où nous poserons les bases de la politique qui fera l’avenir de la France.