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Marcher avec Robert Louis Stevenson (2)

Par Memoiredeurope @echternach

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Il est finalement plutôt satisfaisant de s’apercevoir que l’on a négligé pendant des années d’ouvrir la porte à côté. J’ai contourné systèmatiquement la ville des peintres, Barbizon, ou si je l’ai traversée avec des étudiants, c’est contraint et forcé, trop pressé. Si Barbizon a constitué le point de départ d’une marche du dimanche, par contre, la veille de celle-ci il a été possible de visiter longuement un village dont le nom compte dans l’histoire de l’art, mais aussi de passer un long moment dans l’auberge Ganne, devenue musée départemental. 

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Je reste frappé du fait qu’il s’agit en effet d’un lieu plein d’émotion contenue dont les œuvres originales garnissent tous les supports, en débordant de tendresse. Et sans doute étions nous trop nombreux pour pénétrer réellement l’intimité du lieu qui évoque les noms évidents de Théodore Rousseau, Camille Corot, Jean-François Millet, Daubigny (habitant d’Auvers) Diaz de la Peña, Antoine-Louis Barye dont mon père aimait tellement les animaux, mais aussi Ziem, Nanteuil, Brascassat et enfin, celui de Grigorescu, venu de Roumanie.

Tous réunis pour nous sous le nom d’Ecole de Barbizon qui est moins une école qu’une confrérie dont les membres vont hanter ces lieux sur au moins deux générations, trouver plusieurs auberges accueillantes et parfois une maison temporaire ou à demeure. Celle où Grigorescu a logé de 1862 à 1870 semble l’attendre encore puisqu’un journal dépasse de la boîte à lettres.

Ces adeptes d’un rite ont en quelque sorte inventé une autre vision de l’espace : sortir de Paris, profiter du train, comme le feront les Impressionnistes dans la vallée de la Seine et partir en forêt avec la toile, les pinceaux et les couleurs. Un retour à l’Eden, le chapeau de paille sur la tête et le tablier bleu pour emblème coloré. Et prendre le temps d’approcher, de pénétrer, de capturer ce qui leur apparaissait comme une forme de vérité, loin de la composition d’atelier.

Il y a peu de renseignements sur internet en ce qui concerne cette auberge troublante où depuis une quinzaine d’années une muséographie tente de mêler les objets d’époque et les œuvres à demeure, peintes à même le mur ou sur le mobilier, en les éclairant par quelques prêts. 

On a toujours envie dans un tel endroit de retrouver une compagnie en train de fumer ou de partager la soupe. Il en reste au moins la soupière et la possibilité de s’abriter dans un café voisin !Et c’est peut-être finalement une qualité que ce manque d’information digitale car il faut s’y rendre pour en saisir l’atmosphère quasi électrique. La librairie du rez-de-chaussée possède d’ailleurs assez de catalogues et d’ouvrages pour satisfaire le curieux.

Les pinceaux se sont mêlés, confondus, a l’abri des jours mauvais, avant de célébrer le paysage : un grand chêne isolé, le temps suspendu de l’Angélus ; des classiques de nos livres d’école, des icônes et des témoins des paradis que nous pensions perdus.

Je reviens un instantsur Stevenson qui possède lui aussi son centre de gravité : l’ancienne auberge Siron, devenuel’hôtellerie du Bas-Bréau. 

« A table, Messieurs ! » s’exclame Monsieur Siron, traversant la cour avec une première soupière. Sans plus attendre, la compagnie s’installe le long des grandes tables de la salle à manger, aux murs tapissés d’esquisses de tous styles et de plus ou moins grands mérites…Le dîner fini, on s’installe sur le seuil de l’auberge, on fume et on discute. Parfois, on se rend chez quelque ami qui réside à l’autre bout du village. Toujours bien accueilli, poursuivant sans relâche la conversation, on déguste quelques huîtres à la marinade accompagnées d’un verre de vin blanc pour terminer la soirée. »

Le bonheur, je vous dis !

L’itinéraire Stevenson sera certainement celui de l’hédonisme. 

Photographies : Musée de Barbizon, auberge Ganne, maison de Diaz de la Pena, auberge Siron de Stevenson.   

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