"Le paradisier" de Frédéric CLEMENT est un livre, musée, collection, poème. Nous suivons Raphaël MOINEAU, gardien de musée à la main abimée figée en forme de bec. Au cours d'une visite guidée d'un groupe de touristes italiens, le guide interpelle d'un "Ovo" une jeune femme habillée de jaune, puis une plume sur un tableau, une autre...
"Ovo
Trente-six jours que, du bout de ma langue, je le fais rouler sur mon palais. Le mouille. Que j'en savoure le velouté. Le sèche. Le fait cliqueter sur mes dents de devant. Claquer sur mes molaires. Le coince entre mes canines. Quelquefois. Je serre à l'entendre craquer."
Raphaël découvre l'interstice, celui qui nous laisse observer les anges dans cette autre lumière, cette poussière de chatons, d'aigrettes de pissenlit et particules de roseaux. Il part à la recherche de ce mot, à Naples et son château Dell'ovo, à la recherche de cette faille. Il va rencontrer les Vigilants, les anges de proximité... Ils prendront la parole, se confieront, offriront à connaître certains napolitains, certaines histoires. "Que même les anges ont leurs limites. Que sans doute il avait tout essayé, comme c'est le boulot des anges: La douceur, la violence, les chuchotements, les cris, les coups, peut-être. Mais que les anges craquent. Même les anges renoncent."
Frédéric CLEMENT nous emmène dans le désenchantement, la question de l'enfer et du paradis. Il nous conduit à cette faille des vies, entre accrocs et chocs, entre illumination et altération. Il nous livre un livre de musique, de couleur, de poussière, de plumes et de volatiles... les mots roulent, s'envolent, tourbillonnent, piaillent, sérénadent, prennent couleurs et textures. C'est avec toujours autant de plaisir que nous le suivons dans son univers. Ici très sombre avec quelques éclaircies.
Mais n'espérer pas passez à côté des oiseaux en cage ou des passereaux de nos rues, ni même à côté d'une plume perdue sur nos trottoirs sans repenser à ce livre... des envies de ptérophilie pourraient même vous prendre... et vous condamner pour le meilleur et pour le pire.
*source aquarelle de Sylvie de Flandre
Un autre avis ici et un extrait mis en image, chuchoté et ébruité par l'auteur lui-même.
LE PARADISIER de frédéric Clément (Roman flottant)
envoyé par frederiClement. - Regardez plus de courts métrages.