À l'ère du Ipod et autres moyens de transmission sonore, on n'a plus beaucoup la chance d'avoir une pochette de disque entre les mains.
Encore moins une pochette de disque vinyle.
Autrefois les pochettes de vinyle pouvaient pratiquement être des oeuvres d'art. Elles avaient les formes carrées du cadre et pouvaient être plus esthétiques que certaines peintures. J'ai trois pochettes de vinyle dans mon garage qui paraissent aussi ancestrales pour mes enfants que le furent les photos des grands-parents atikamekw en métal chez mes parents.
J'ai constaté récemment que plusieurs des artistes que j'aime bien ont aussi envie de jolis emballages. L'une de mes formations préférées, Velvet Underground, a vu sa carrière musicale sévèrement amputée à cause de leur pochette. Leur gérant d'alors, Andy Warhol, avait lui-même confectionné la pochette qui était composée d'une banane sur lequel on pouvait peler la pelure (en forme de collant pas trop collant) et qui révelait une banane rose qui pouvait évoquer le phallus. Non seulement ceci glissait vers le scandale outrancier en 1967 mais cela demandait aussi tout une logistique pour les distributeurs beaucoup moins équipés alors qu'ils ne le sont aujourd'hui. Les gens avaient beaucoup de plaisir à "peler la banane" avant même la livraison des disques ou avant même l'achat dudit disque. Quand les membres du Velvet Underground se sont aperçus que Warhol se prenait en plus une double paie de gérant et de concepteur de pochette pour chaque titres vendus, ils ont fait retirer les disques du marché. Qui se vendaient alors très bien.
Quand ils l'ont relancé beaucoup plus tard, l'effet Velvet était passé et l'album fût un bide. Ce n'est que dans les années 90, lorsque réédité en cd, qu'il a atteint de grandes ventes interressantes.
Les Rolling Stones avaient aussi fait appel à Wahrol pour confectionner la pochette de leur album Sticky Fingers. Mais les Stones étaient mieux rodés côté business et ont fait imprimer une quantité limitée de la pochette en jeans avec une fermeture éclair sur le devant qui pesit uen demie-tonne. Sticky Fingers est l'un de leur chef d'oeuvres et il n'y a pas eu de creux dans les ventes depuis 1971.
À Noël j'ai reçu le dernier effort de Daniel Lanois, qui, avec le temps devient un de mes artistes indispensables. Black Dub est un mélange de Dub, de soul, de folk et de rock. Tous les morceaux sont composés par Lanois suaf un titre composé en groupe. La voix de l'album est surtout celle de la chanteuse Trixie Whitley qui est la fille d'un ami de Lanois. Une enfant qu'il a connu naissante et qui a aujourd'hui dans la jeune vingtaine. C'est un album fort agréable doublé d'une pochette très réussie. Lanois a toujours bien fait dans les pochettes.
J'ai aussi reçu The Suburbs de Arcade Fire. 16 généreux morceaux inspirés de la banlieue qui est aussi là où je suis né et là où je pourris aujourd'hui. Là aussi, c'était innatendu mais tout à fait bienvenue, la pochette qui s'ouvre comme un album double pour dévoiler une photo de stationnement automnal de banlieue est tout ce qu'il a de plus agréable. Il existe même 8 variations de cette pochette banlieusarde. (J'ai la dernière, 1ère rangée à droite)
Ces deux pochettes vont s'enligner dans le sous-sol près de l'assemblage des pochettes d'album de Dumas qui, collées ensemble, créé un décor post-apocalyptique industriel.
L'art commence par la présentation, l'emballage et se termine par le musée, l'impact dans les yeux de celui qui le regarde.
Les pochettes en sont une bonne démonstration.
Mon sous-sol devient tranquillement une galerie d'art.
Je verse lentement vers la peinture...