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Wackie’s story

Publié le 18 janvier 2008 par Smaël Bouaici

wackie'sRetour sur l’histoire du label Wackie’s, la première colonie reggae de New-York.

A l’origine, Lloyd Barnes, producteur-chanteur renommé de Kingston, ancien élève chez Duke Reid et King Tubby. En 1974, le gouvernement mène la vie dure au reggae, ce qui pousse les meilleurs à l’exil, comme Jackie Mitoo, parti au Canada. Lloyd Barnes s’installe à New-York, dans le Bronx, dans un studio magique. Rae Cheddae, qui bosse avec Wackie’s depuis 1979, raconte : “ C’est le studio qui avait un son. C’était là. Studio One avait un son, Harry Moody avait un son, Wackie’s aussi. Quand ils entendaient un de nos tunes, les gens savaient que c’était le Wackie’s sound.

Des lourdes basses, des roulements stratosphériques, et surtout un mixage raffiné, où l’on reconnaît les leçons de Tubby. Le travail des Maurizio, qui rééditent le catalogue Wackie’s, ne déçoit pas un Lloyd Barnes en préretraite. Rae toujours : “Basic Channel fait vivre le label en fouillant le back-catalogue. Je leur ai donné tout ce que j’avais. Je les ai rencontrés quand ils voulaient sortir Mango, un super titre de 1976. Après toutes ces années dans le business, je trouvais enfin des gens honnêtes. Je leur faisais confiance et l’ai dit à Lloyd. Tout était clair, écrit, et surtout ils aimaient la musique. C’était ça le plus important.“

Et Lloyd Barnes dans tout ça ? “Il est toujours en studio, il produit quelques chansons qu’il sort au Japon. Mais Lloyd n’a jamais fait de la musique pour sortir des disques. Il le faisait pour approvisionner le soundsystem. Ce n’était pas vraiment un label, c’était un magasin, et tant d’autres choses.

Et puis la guerre des gangs, spécialité de Kingston, a rattrapé les Jamaïcains, qui se font détruire leur sono en 1976. “ Ca devenait très tendu sur la piste de danse. C’est pour ça qu ils ont arrêté le soundsystem pour se concentrer sur la musique .

L’équipe de Wackie’s passe alors un cap, avec des artistes comme Junior Delahaye, Milton Henry, The Love Joys, Jerry Johnson ou Jerry Harris. Des inconnus qui méritent pourtant autant que d’autres d’inscrire leur nom au panthéon du reggae. Ca énerve Rae, qui n’aime pas qu’on lui parle de l’album Dancehall Stylee de Horace Andy, un des meilleurs de sa carrière, produit chez Wackie’s. “Tout le monde parle de Horace Andy et Wayne Jarrett. Mais ils sont arrivés après. Milton, Junior et les autres… Prince Douglas ! Lui on l’a oublié mais c’était le premier ingénieur du son. On parle d’Horace Andy, mais c’est eux qu’on trouvait dans le studio, ce sont eux qui ont fait Wackies.

Le succès de Wackie’s fait aussi des envieux. Label en exil, ils sont dénigrés par la Jamaïque. “Et pourtant, combien de producteurs nous ont copié là-bas ? Ils disaient :’Quoi ce n’est pas fait en Jamaïque ? Alors c’est de la merde !’ J’ai toujours refusé de sortir nos disques là-bas ! A quoi ça sert de filer nos disques à ces mecs ?

Et la notoriété apportée par Basic Channel ne le calme pas : “Il y a un shop à New-York, le Maroon, qui vendait nos maxis 0,99 pence, en disant que c’était de la merde américaine. 20 ans après, ces hypocrites vendent le même à 50 £…

La revanche, Wackie’s la tient en 1979, quand Coxsone déménage Studio One de Kingston à New-York. “Quand Coxsone s’est installé à Brooklyn, le premier disque qu’il a sorti avait un macaron rouge-mauve. Si vous regardez les singles Wackie’s de l’époque, vous noterez qu’ils ont la même couleur. La raison ? C’est Wackie’s qui a pressé ces disques Studio One. On savait qu’il allait venir des mois avant. Les disques étaient dans l’entrepôt avant qu’il n’arrive.

Pour vous procurer les disques essentiels de Wackie’s, faites un tour chez Basic Channel .

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