Magazine Culture

Antigone de Jean ANOUILH

Par Lecturissime

antigone

♥ ♥ ♥ ♥

« Il ne faut pas que je sois petite ce matin. » (p. 20)

L’auteur :

Jean ANOUILH est un dramaturge français. En 1944 il décide de réécrire la tragédie de Sophocle Antigone en lui offrant une résonance moderne :

« L'Antigone de Sophocle, lue et relue, et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouge. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre. »[2]

L’histoire :

Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste, souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice se sont entretués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste et – à ce titre – nouveau roi, a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné à la chaleur et aux charognards.

Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, informée de sa décision, refuse de la suivre, craignant sa propre mort. (Source Wikipédia)

Ce que j’ai aimé :

-   Le personnage d’Antigone : Jean Anouilh aurait pensé à elle suite à l’action d’un jeune résistant, Paul Collette, qui, en 1942, tire sur un groupe de dirigeants collaborationnistes au cours d’un meeting de la Légion des Volontaires français, blessant ainsi Pierre Laval et Marcel Déat. Paul Collette n’appartient à aucun réseau de résistance, à aucun mouvement politique, son geste héroïque est isolé et vain. Ainsi, Créon représenterait le pouvoir, et peut-être même le maréchal Pétain, et Antigone serait comme une allégorie de la Résistance Française.

Elle incarne la pureté des valeurs, plus reine que Créon car elle est libre de défendre ce qu’elle croit vrai, quand lui doit sans cesse se plier à ses prérogatives et faire respecter l’ordre.

-   Cette pièce est aussi un magnifique témoignage de la difficulté de quitter l’enfance doucereuse pour un monde qui refuse les compromissions. Antigone est une jeune femme qui oscille entre l’enfance et la maturité, et qui n’est pas encore prête à affronter les vicissitudes de l’âge adulte.

« Moi, je veux tout, tout de suite, -et que ce soit entier, - ou alors je refuse ! Je ne veux pas être modeste, moi, et me contenter d’un petit morceau si j’ai été bien sage. Je veux être sûre de tout aujourd’hui et que cela soit aussi beau que quand j’étais petite – ou mourir. » (p. 95)

« Il faudrait ne jamais devenir grand. » dira Créon à son page à la fin de la pièce. (p. 122)

-   C’est un texte fort admirablement bien écrit, un texte qui résonne ensuite en chacun de nous pour de longues années. Un chef d’œuvre tout simplement.

« La vie n’est pas ce que tu crois. C’est une eau que les jeunes gens laissent couler sans le savoir, entre leurs doigts ouverts. Ferme tes mains, ferme tes mains, vite. Retiens-la. Tu verras, cela deviendra une petite chose dure et simple qu’on grignote, assis au soleil. (…) Tu l’apprendras toi aussi, trop tard, la vie c’est un livre qu’on aime, c’est un enfant qui joue à vos pieds, un outil qu’on tient bien dans sa main, un banc pour se reposer le soir devant sa maison. Tu vas me mépriser encore, mais de découvrir cela, tu verras, c’est la consolation dérisoire de vieillir, la vie, ce n’est peut-être tout de même que le bonheur ! » (p.91)

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien.

Premières répliques :

« Un décor neutre. Trois portes semblables. Au lever du rideau, tous les personnages sont en scène. Ils bavardent, tricotent, jouent aux cartes.

Le Prologue se détache et s’avance.

LE PROLOGUE

Voilà. Ces personnages vont vous jouer l’histoire d’Antigone. Antigone, c’est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu’elle va être Antigone tout à l’heure, qu’elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. »

Vous aimerez aussi :

La guerre de Troie n'aura pas lieu de Jean GIRAUDOUX 

Antigone, Jean ANOUILH, La petite Vermillon, 1946 mai 2008 pour cette édition,123 p., 5.40 euros

challenge littérature au féminin


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Lecturissime 4403 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines