Vous connaissez mon amour pour Belle du seigneur. L'Amoureux également. Alors quand il a appris qu'une pièce en était tirée, il n'a guère hésité à prendre des places. Nous voilà arrivés dans le théâtre du Petit Montparnasse, près de la scène. Celle-ci n'est pas très chargée : des tables, des chaises, quelques objets utilitaires. Nous sommes dans la cuisine de Mariette. Mais qui est Mariette ? Vous rappelez-vous de ces chapitres mythiques du roman de Cohen, sans ponctuation aucune, où les expressions ont un air champêtre et où l'oralité est reine ? Voilà Mariette, bonne dans la maison d'Ariane. Mère adoptive presque, puisqu'elle l'a vue grandir. Et au théâtre, qu'est-ce que ça donne ? Et bien c'est une réussite ! L'actrice, seule, nous conte les aventures d'Ariane et les siennes pendant une bonne heure et demi, sans nous lasser. Elle est à la fois poétique et vulgaire (de vulgus) cette langue de Mariette, elle en devient drôle et c'est un plaisir de finesse et de jeux sur les mots. Mariette peut aussi chanter. Des vieux tubes des années 40. Et elle le fait bien. Mais surtout, elle porte sur Ariane ce regard tendre et soucieux, protecteur et jaloux d'une vieille parente. Tout en astiquant l'argenterie, elle campe les héros et les croque sans concession. Une pièce que je vous invite à aller voir si vous le pouvez, plus à Paris puisque c'est hélas terminé... Une pièce qui donne envie de lire et relire le chef-d'oeuvre de Cohen !