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Incipit ou comment donner le LA

Par Bgn9000

À la lecture du roman « Seul le silence » de RJ Ellory, le héro, qui a quitté tout ce qui le relie à son passé pour atterrir à New York (en fait c’est son passé qui se désagrège et qui le pousse à partir), Joseph commence une nouvelle vie où il entend réaliser sa vocation d’écrivain dans le brouhaha de cette ville ruche, le fameux thème de l’anonymat dans la foule. À la page 434, il est question d’écriture, non pas que dans le reste du roman, il n’en fut pas question çà et là, mais qu’il est grand temps que le héro s’y mette enfin sérieusement, puisqu’il semblerait que ce soit enfin son heure, que les conditions soient enfin favorables. Joseph propose à un ami de prendre connaissance de l’incipit qu’il a prévu à son roman, qu’il a griffonné ces derniers mois, depuis son arrivée à New York, mais cet ami exige de lui quelque chose de beaucoup mieux et il lui lit des incipit de romans qui traînent dans la chambre de Joseph, des grands classiques de la littérature.

Le discours d’Ellory est clair : la fonction essentielle d’un incipit est de faire rentrer le lecteur dans un rapport contractuel avec l’auteur. L’incipit annonce l’action en cours et donne le ton du roman. Ce n’est pas simplement une première phrase. Elle résume un développement futur.

Alors, quand faut-il écrire un incipit?

Qui suis-je pour vous donner un tel avis? Quels romans ai-je jamais écrits ou n’écrirai-je jamais? Ce genre de questionnement ferait bien l’objet d’une note, à l’instar de ce que j’ai écrit précédemment sur le thème du génie. Il n’est pas question que l’on se sous-estime, il en y a tant, d’auteurs, qui confondent succès avec talent. Je ne citerai personne, mais des amis et moi, nous nous sommes bien amusés pendant la soirée du 31 décembre en lisant certains passages qui n’étaient que trop réels. Le fin du fin a été le corbeau qui hurlait au fond du bois…

Au final, faut-il rédiger l’incipit quand on a bouclé un premier jet du roman? Faut-il, au contraire, commencer la rédaction par celui-ci comme un orchestre qui joue la première note pour accorder leurs violons? Pour donner une première réponse à ces questionnements, il est important de rappeler certaines choses concernant l’écriture : l’état d’esprit de l’auteur est très important, comme les références autobiographiques et les expériences vécues ; si l’on écrit de la fiction, il faut être un peu acteur ou schizophrène pour conserver cette sonorité et cette coloration pendant plusieurs centaines de pages; Les mots, le roman qui surgit du néant, les personnages et les situations, autant d’éléments qui doivent avoir une certaine liberté pour la cohérence de l’ensemble et sa saveur; Il semblerait qu’écrire en un seul jet un roman réponde bien aux exigences qui précédent, mais la gestation est tout aussi importante.

Pour conclure, je serais tenté de dire qu’il faut commencer la rédaction le plus tard possible et, quand la décision est prise, il faut le faire sans s’arrêter avec le plus de rigueur possible. Le risque étant de perdre le souffle initial, mais le bénéfice étant de gagner en maturation, en recul. Or, un meilleur recul est une garantie de durée, ce qui compte beaucoup dans un exercice au long cour.

10 janvier 2010

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