Le lacs d'amour était-il spécifique aux compagnons tailleurs de pierre avant de se répandre, au XIXe siècle, dans quelques autres corps, sous l'influence de la franc-maçonnerie ? Nous le suggérions dans l'article "A propos du lacs d'amour" et nous continuons à le penser au vu de cette assiette, qui fut mise en vente à La Rochelle les 9-10 novembre 2001, sous la direction des commissaires-priseurs H. Lavoissière et F. Gueilhers et des experts P. Ravon et Ch. Chaton.
Elle était décrite ainsi dans le catalogue de cette vente, sous le n° 51 : "Assiette en faïence polychrome de grand feu, XVIIIe siècle, modèle tourné à décor d'une frise feuillagée sur l'aile et portant l'inscription : La Réjouissance 1741, dans un médaillon circulaire au bassin. Ancienne réparation en bordure. Diamètre : 24 cm."
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Cette description ne mentionne pas l'orthographe exacte qui est "La Rejouisance" sans accent et avec un seul S, ni surtout la présence, au-dessus, d'un lacs d'amour.Or "La Réjouissance" est manifestement le surnom d'un compagnon et il est presque certain qu'il s'agissait d'un tailleur de pierre, cette vertu étant l'une des plus usitées chez les Passants (voir Travail et Honneur, au chapitre "Le palmarès des vertus"). Peut-être l'était-elle tout autant au sein du Devoir adverse, celui des Étrangers.
Pourquoi ce compagnon a-t-il fait figurer un lacs d'amour sur cette assiette personnalisée ? Il est possible qu'il n'y ait aucun rapport avec sa qualité de compagnon et qu'il s'agit d'un motif décoratif, mais l'association de cet emblème et d'un nom de compagnon tailleur de pierre constitue une pièce de plus à verser au dossier.
Quant aux trois lettres énigmatiques LAR placées entre deux lacs d'amour, sur la clef de voute de l'église de Marennes (1770), reproduite dans l'article de Jean-Michel Mathonière (L'emblème "maçonnique" de Benoist Guyot), ne pourraient-elles pas être celles du surnom du compagnon tailleur de pierre Etranger qui l'a sculptée ? La Réjouissance ? La Rigueur ?
Un constat semble d'ores et déjà pouvoir être fait : le lacs d'amour n'est représenté sur aucune des en-têtes des rôles des compagnons passants tailleurs de pierre connus (Paris, Bordeaux, Avignon, Marseille, Chalon-sur-Saône) au XVIIIe siècle et même ensuite. En revanche, on le rencontre sur des édifices présents dans les zones occupées par les compagnons tailleurs de pierre Étrangers : Marennes (Charente-Maritime), Tournus (Saône-et-Loire) et Saint-Jean-de-Belleville (Savoie).
Quelqu'un possède-t-il des photos ou des documents associant clairement le lacs d'amour et le compagnonnage des tailleurs de pierre (en dehors de représentation purement religieuses, héraldiques ou explicitement maçonniques) ?
L'homme pense parce qu'il a une main. Anaxagore (500-428 av. J.-C.)