Il s'agit là du 2e album de Weather Report qui atteste d'une évolution fulgurante en l'espace de quelques mois et d'un potentiel scénique très original. Intitulé "I Sing The Body Electric" en référence à l'écrivain de science-fiction Ray Bradbury qui inspira souvent Wayne Shorter, ce disque comporte 2 parties distinctes de toute beauté reprenant des moments forts enregistrés "live" à Shibuya, ainsi que des titres joués lors de séances de studio. Il sort au mois de mai 1972 aux Etat-Unis et progresse jusqu'à la 147e place des meilleurs ventes d'albums. Le magazine Rolling Stone est élogieux et affirme que le groupe est le représentant le plus excitant de l'avant-garde. Down Beat expose la mutation qui s'intensifie dans le jazz contemporain grâce à de telles créations tout en reprochant une certaine froideur (W.R a ses détracteurs dont l'argument majeur est de considérer que cette musique, trop introspective, n'est pas destinée spécifiquement à un auditoire). Deux mois après sa diffusion américaine, "I sing The Body Electric" est distribué en Europe puis dans le reste du monde. La pochette se veut aussi énigmatique que son titre: un hybride humanoïde, à l'anatomie dadaïste et radioactive, illuminant un ciel au bleu limpide. Une double facette, entre méfiance et attirance. Et si l'iconographie se veut d'un impact très fort, c'est parce que les principaux acteurs de cette entreprise ont de larges prétentions.
Joe Zawinul: «Pour moi, le premier disque était la rencontre de 3 personnalités (Weather Report). Chacun prenant soin de ne pas empiéter sur l'espace des autres. Un disque de bons musiciens, mais qui ne représentait qu'une étape expérimentale. Avec le suivant, notre vocabulaire avait évolué. L'univers était plus large. Comme lorsque l'on découvre la grammaire; on a l'impression d'avoir un nouveau langage».
Des atouts qui s'avèrent sur disque aussi spectaculaire que ceux émis sur scène. Mais si les qualités intrinsèques permettent à l'idiome de groupe de peser sur le monde du jazz électrique, la palette électronique de Joe attire incontestablement le public rock, qu'il s'agisse d'amateurs de rock progressif ou d'un psychédélisme post-hippie pour eux l'univers de Mike Ratledge (Soft Machine) et de Zawinul n'est pas si différent.
Comme bon nombre de disques de Weather Report, celui-ci est un indispensable absolument merveilleux qu'il ne faut surtout pas manquer de découvrir. Onirique et hypnotique, il figure assurément au panthéon de mes disques préférés, indémodable et toujours aussi contemporain.
Pour les amoureux de ce groupe, la bible se trouve ici. Mes propos pour cet articles en sont directement extraits.
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