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Polar un peu vieillot

Par Borokoff

A propos d’Harry Brown de Daniel Barber 2 out of 5 stars

Polar un peu vieillot

Harry Brown, un ancien Marine à la retraite, vit dans un quartier ghetto de Londres. Coup sur coup, Harry perd sa femme très malade puis son meilleur ami Leonard, tué à coups de couteaux par des jeunes de la cité. Lorsque la police lui avoue son impuissance à pouvoir mettre sous les verrous ad vitam eternam les odieux criminels, Harry Brown décide de mener sa propre vengeance…

Il est un constat étonnant ces derniers temps, c’est la recrudescence des films anglo-saxons mettant en scène la vengeance personnelle d’un homme seul, confronté à un système judiciaire dont il a éprouvé les cruelles limites.

C’était le cas dans Que justice soit faite de F. Gary Gray ou dans Hors de contrôle de Martin Campbell. Dans les deux cas, le résultat n’a pas été très probant comme il était peu probant dans la série des Un justicier dans la ville avec Charles Bronson.

Malgré tout, Harry Brown est au dessus du lot. D’abord parce que le film est moins primaire que ses prédécesseurs. Il ne tombe pas dans le piège du moralisme mais défend avec des arguments convaincants et de manière moins solennelle la légitimité de la vengeance personnelle.

Le traitement très graphique du personnage d’Harry Brown (Michael Caine) le rapproche d’un personnage de bande dessinée. Quant aux effusions de sang, très nombreuses, elles évoquent des mangas (répétition de la mare de sang sous la tête éclatée des victimes).

Il y a une lenteur dans le rythme, une nonchalance dans la mise en scène qui font le charme d’Harry Brown au début du fil mais vont paradoxalement constituer peu à peu son défaut majeur, le rythme restant trop uniforme, l’action trop linéaire. Ce n’est pas que l’on s’ennuie, mais le film manque de changements de rythme, d’emballement, de rebondissements.

Michael Caine a bien vieilli et n’a plus le même flegme britannique ni la même aura que dans les personnages ambigus voire équivoques qu’il campait dans les années 1970 (Le vent de la violence, 1975).

Malgré son côté vieillot (on devrait dire déjà vieilli), Harry Brown est un polar qui se laisse suivre, marqué par des scènes assez violentes et sanglantes dont le dispositif filmique frise parfois la complaisance, comme dans la scène de torture d’un jeune de la cité ou celle qui suit sous le tunnel.

Quelle est la morale d’Harry Brown ? Qu’autrefois, on se battait pour une cause (Harry a lutté contre des indépendantistes d’Irlande du Nord) mais qu’aujourd’hui, la violence est gratuite et une fin en soi qui ne se justifie que par le plaisir qu’elle procure (l’« entertainment »).

Du coup, la violence visuelle et langagière que le film déploie lui-même peut se justifier, comme dans la scène de « boucherie héroïque » dans le saloon à la fin du film.

www.youtube.com/watch?v=Bv0CgjOLjBE


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