Toppi © Mosquito - 2006
Cet homme a été asservi pendant la majeure partie de sa vie. Balloté de maitre en maitre, souffrant des caprices de chacun, essuyant leur courroux, il ne s’est jamais rebellé, trop résigné qu’il est à subir son triste sort. Un jour pourtant, il ressent un appel qui le pousse à prendre le large. Trouvant un radeau de fortune, il fuit pour un ailleurs dont il ne sait pas s’il sera meilleur. La mer l’emporte, il chavire pendant des jours et des jours sans manger, sans boire, dérisoire petite brindille ballotée par les vagues et les vents.
Il échoue sur une ile. Un homme vient à sa rencontre, le salue et le remercie d’avoir répondu à l’appel. Après lui avoir donné quelques soins, il le laisse seul sur cette terre inconnue…
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Etrange Toppi que voilà et qui dénote avec les albums que j’ai déjà pu lire de cet auteur. Il y a de la lourdeur dans le trait et dans l’ambiance générale de cet album que je n’avais jamais rencontrées jusqu’alors.
Je constate qu’en sortant de la lecture de cet ouvrage, je n’en maitrise ni les tenants, ni les aboutissants. J’ai eu l’impression de parcourir un univers en le regardant par le trou d’une serrure. D’ailleurs en cela, je pense être assez proche de ce que le personnage doit ressentir. De lui, je garderais le souvenir d’un pantin évoluant dans une fable macabre.
Pourtant, j’ai apprécié cet album. Une nouvelle fois, le talent de conteur de Toppi me subjugue. La place des dialogues dans les planches n’est jamais attribuée à la légère et j’apprécie de plus en plus cet agencement original des planches. Pour les mêmes raisons que j’aime lire un ouvrage de Will Eisner, pour la même raison que je reviendrais à Battaglia : le voyage visuel est tout autre comparé à celui permis par les canons de beauté habituels de la bédé. Chaque rendez-vous avec Toppi est l’occasion de retrouver une esthétique unique et un sens réel de l’harmonie. Pour ces raisons, et même si Ile Pacifique me laisse un peu dans l’expectative quant à la compréhension de l’intrigue, je suis satisfaite de cet album. On se perd dans le dessin, poussant l’œil à suivre une ligne que l’auteur étire pour construire détails, spirales, jeux d’ombre… un travail qui m’impressionne d’album en album. Une mise en images qui accentue la noirceur de ce monde et encore une fois, la force du trait de l’artiste lie le lecteur au destin tracé de cet homme.
Une réflexion sur la notion de choix et de libre-arbitre, un regard pessimiste sur le concept de liberté.Lisez Toppi, essayez au moins une fois. Je ne vous conseillerais pas de le découvrir via cet album, peut-être plutot via Sharaz-De (pour ceux qui aiment les adaptations de contes) ou via Le Collectionneur… mais lisez et échangeons sur le voyage que vous aurez effectué !
D’autres lecteurs de cet album : Clair de bulles, le Choix des libraires.
Extrait :
« Trop de questions : ta race semble née pour demander : où, quand, comment… On t’a appelé, tu es arrivé. Accepte le jeu, ne demande rien d’autre. Ne crains rien, approche-toi » (Ile Pacifique).
Ile Pacifique
One Shot
Éditeur : Mosquito
Dessinateur / Scénariste : Sergio TOPPI
Dépôt légal : octobre 2006 (pour cette réédition, première parution en France en 1997)
Bulles bulles bulles…
Ile Pacifique – Toppi © Mosquito – 2006
Ile Pacifique – Toppi © Mosquito – 2006
Ile Pacifique – Toppi © Mosquito – 2006
Publié le Dimanche, janvier 16th, 2011 à 5:00 dans Aventure, Mosquito, Toppi | Respond | Trackback URL
Mots-clefs :BD, Pouvoir, Superstitions