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Baston devant film nippon !

Par Tred @limpossibleblog
Il y a des soirs comme ça. Des soirs où tout va de travers. Des soirs où l’on voudrait juste se poser avec des amis devant un bon film, tranquillement, et en profiter pleinement. Des soirs où l’on ne veut pas courir, pas s’énerver, pas subir la folie humaine. Pourtant il y a des soirs où rien ne va comme on le désire. Vendredi dernier était un de ces soirs où je me sentais petit à petit basculer dans un scénario digne d’After hours de Martin Scorsese. Je vous passerai les détails des plombs qui ont sauté chez moi en préambule de la soirée, mais sachez tout de même ce désagrément a été le premier à tendre mon humeur.
Baston devant film nippon !Cela a continué plus tard. Lorsqu’enfin le problème des plombs fut résolu et que je me trouvai au cinéma, rejoignant avec mon amie Odie mon ami Rick (pour les besoins de ce billet, les prénoms ont été légèrement modifiés). Après les embrassades et nouvelles de rigueur, alors que nous nous trouvions sur le point de prendre nos places pour Arrietty, le petit monde des chapardeurs, la panique s’empara de moi. A cet instant, je me rendis compte que j’avais oublié ma carte de cinéma chez moi. Après un énorme « Putain » de circonstance lâché devant mes amis, je regarde l’heure : 19h50. La séance est à 20h25. J’ai le temps. « Je fonce chercher ma carte chez moi », dis-je à Odie et Rick. « En courant je peux être revenu dans 15 minutes ». Bien sûr je sais que c’est optimiste, surtout avec la pluie qui tombe dehors, mais bon, ça se tente. En temps normal, il me faut une douzaine de minutes à pieds pour aller de chez moi aux Halles, c’est sûr, je serai revenu à temps. Et comme le film passe dans une grande salle, qu’il reste 200 places à vendre, et qu’il n’y a pas trop de monde au cinéma, je laisse là Rick et Odie et prends mes jambes à mon cou.
C’est en courant sous la pluie à en perdre haleine que je commence à me dire que cette soirée débute mal. A peine arrivé chez moi, soulagé, à bout de souffle, j’attrape ma carte et repars en me demandant ce que j’ai dit à Rick et Odie en partant. Ai-je pensé à leur dire de ne pas m’attendre devant le ciné et d’entrer faire la queue devant la salle ? Avec tout ça, je commence à en douter, et à redouter de les trouver tous deux m’attendant devant le cinéma pendant qu’une queue monstre se sera formée devant la salle, nous promettant à une place trop excentrée et trop près. Une crainte qui me fait les appeler dix fois sur leur portable entre chez moi et le cinéma, espérant qu’ils décrochent, et me rassurant en me disant « Baaah, ils y auront pensé, ils ne m’attendront pas ».
Mais lorsque j’arrive enfin, trempé et toujours plus à bout de souffle au cinéma, je constate qu’ils ne sont pas entrés, et qu’une belle queue attend l’ouverture de la salle 6. Je plaide coupable pour mon comportement envers eux durant les 15 minutes qui suivirent. Je crois que je les ai un peu engueulés, bon pas méchamment non plus, hein, mais j’ai bien du leur balancé (sans hausser le ton, juste avec une évidente déception…) quelques « Quoi vous êtes encore là ? Vous êtes pas entrés ? Mais pourquoi vous êtes pas allés faire la queue ? J’ai couru sous la pluie comme un malade pour rien, pour qu’on se retrouve mal placés ? C’est pas vrai ! Pour la peine je vais aux toilettes… » et je me suis barré aux toilettes. Quand je suis revenu, mon pote Rick essayait bien de désamorcer le malaise par un « Tu me fais penser à Sheldon dans The Big Bang Theory », ou un « On ne voulait pas entrer et que toi tu n’aies pas de place », mon énervement contenu demeurait. Oui, je boudais fortement. Bien sûr, rétrospectivement, je n’avais pas à leur en vouloir comme ça, mais après le coup des plombs plus tôt et la course sous la pluie, la tournure de la soirée commençait à sérieusement tester mes nerfs.
Baston devant film nippon !Finalement la salle a été ouverte, et on a pu trouver trois places correctes au quatrième rang, mieux que ce que je craignais. Du coup, je me détendis enfin. Bandes-annonces, pubs. Et le film commence. La salle est désormais quasiment pleine. Seules quelques places demeurent libres ici ou là. Arrietty, le petit monde des chapardeurs, nouvelle production du Studio Ghibli, écrite et produite par Hayao Miyazaki, commence. Mais au bout de deux ou trois minutes seulement, quelque chose se passe au même rang que nous, un peu plus à gauche, de l’autre côté de la travée. Des voix s’élèvent, de plus en plus fortes, des mouvements brusques. Tout à coup, deux filles sont debout et en viennent aux mains avec les deux mecs assis à côté d’elles. Les insultes pleuvent, les coups aussi, les spectateurs autour s’indignent à juste titre. Un des employés du cinéma se trouve justement à ce moment-là dans la salle pour placer quelques retardataires. Il accourt vers eux et les calme avec difficulté.
Le quatuor est de nouveau assis, chuchote encore bruyamment. Le film, pendant ce temps, a bien pris son départ, mais moi comme mes amis, proches de la zone de conflit, avons manqué une bonne partie de ce qui se disait ou se passait, d’autant que l’on guette encore les zigotos du bout du rang avec leurs chuchotements. Mais une minute plus tard, l’employé du cinéma revient avec des renforts et se dirige tout droit vers les dérangeurs. Ca sent l’éviction de la salle à plein nez. Bingo. Les deux filles et les deux garçons sont gentiment escortés vers la sortie de la salle. Au début j’ai cru qu’il s’agissait de spectateurs qui ne se connaissaient pas qui se fritaient pour une question de comportement, mais à les voir s’en aller sans discuter, et habillés tous quatre quasiment des mêmes fringues, il semblerait qu’ils étaient venus ensemble voir le film.
Baston devant film nippon !Toujours est-il que pendant que ça se bastonnait dans la salle obscure, je me disais « Bah voyons, c’est le pompon pour la soirée, il manquait plus que ça ! ». Heureusement que cela n’a pas duré. Les autres spectateurs dont je faisais partie ont pu enfin se plonger dans le film sans désagrément, même si malheureusement, la sensation d’avoir raté un bout du film se faisait sentir. Difficile de rattraper le fil après ça. Mais l’avantage des films Ghibli, surtout ceux ayant la patte de Miyazaki comme celui-ci (même s’il ne faut pas retirer à Hiromasa Yonebayashi le crédit de sa réalisation), c’est qu’ils offrent un univers si merveilleux que l’on s’y plonge avec un bonheur immédiat. Et Arrietty, le petit monde des chapardeurs, ne fait pas exception. C’est peut-être un film d’animation mineur comparé à certaines œuvres du maître Miyazaki, mais il y a une qualité narrative évidente dans le film qui nous absorbe de la première à la dernière minute (malgré la pause baston). Et il ne fait pas de doute que le déroulement de l’intrigue et son dénouement n’optant pas pour la facilité optimiste déroutera les fans du happy-end hollywoodien. O n’est décidément pas chez Disney, et c’est pour cela qu’on aime le cinéma d’animation japonais. Pour son audace autant que pour son ambition.

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