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Au nom du fils (Perrotin & Belin)

Par Mo

Au nom du Fils

Perrotin - Belin © Futuropolis - 2011

2 janvier 2003.

Michel travaille sur un chantier naval. Ce jour-là, à la pause, il réagit avec ses collègues aux flots des événements délivrés par le journal à la radio. Quand soudain : « Colombie. Trois touristes israéliens, deux britanniques, un espagnol et un français ont été enlevés hier, par les forces armées révolutionnaires colombiennes… Ils bivouaquaient sur le site précolombien de Ciudad Perdida, au cœur de la Sierra Nevada de Santa Marta… ». L’inquiétude s’installe, son fils est actuellement en Colombie. Rapidement, il apprend par le Ministère des Affaires Étrangères qu’Étienne est bel et bien l’otage français.

Michel décide de partir à sa recherche.

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Incroyable à imaginer et pourtant, cette fiction matérialise un scénario catastrophe : l’enlèvement de son enfant. Ça n’arrive pas toujours qu’aux autres et la décision déraisonnable et insensée de partir, prise en pleine période de tumulte, prend peu à peu de la consistance à mesure qu’on avance dans la lecture. Que feriez-vous, vous, face à une telle situation ? Confieriez-vous le sort de votre enfant aux services potentiellement compétents pour gérer une telle situation ? Certainement ! Mais la nature de la réponse apportée à Michel est peu propice à mettre en confiance. Jugez-en :

« - Ça peut-être l’ELN, l’Armée de Libération Nationale… ou l’ELP, l’Armée Populaire de Libération. A moins qu’il ne soit l’otage de la guerre que se livrent les paramilitaires et les narco-trafiquants. D’après nos informations… ». « Vous ne savez rien… » leur répondra-t-il dépité.

Ce personnage, qui n’a jamais voyagé au-delà des frontières de l’hexagone, organise donc son voyage dans la précipitation et une semaine jour pour jour après l’enlèvement de son fils, il foule le sol colombien. Peu à peu, cette narration prend sens et gagne en crédibilité. Serge Perrotin alimente avec justesse la personnalité de sa créature, nous aide à affiner la perception que l’on peut en avoir et le fait de nous retrouver rapidement dans une sorte de tête à tête avec le narrateur / personnage principal y contribue grandement. Nous découvrons avec lui la Colombie et les sensations qu’il ressent sont mises en exergue du fait que cet homme effectue son premier voyage à l’étranger. Nous sommes le témoin de ses rencontres impromptues ou non, fructueuses ou déroutantes. De bulles de pensées en dialogues, en passant par les correspondances qu’il adresse à sa femme, nous le voyons cheminer sur les traces de son fils, remonter le fil de ses souvenirs pour comprendre ce qui a motivé Étienne à partir dans ce périple. Au passage, il se remet en question en qualité de père (quels repères a-t-il donné à son fils ? pourquoi les valeurs et l’éducation qu’il a transmises ont-elles amené Étienne à mettre autant de distance entre eux ?). Il fait enfin le bilan de sa vie. Le rythme du récit du scénariste nous capte. Dans une ambiance intimiste, nous répondons favorablement à cette invitation au voyage qui nous est faite. La quête que cet homme mène pour retrouver son fils s’enrichit d’une quête plus personnelle, celle de la (re)découverte de soi.

Et ce voyage débute dès les premières planches de l’album. Passée une brève présentation de la quotidienneté de Michel, dans des teintes assez monotones, les ambiances graphiques de Clément Belin matérialisent rapidement la période de renouveau dans laquelle cet homme vient d’entrer. Y prédomine des teintes gris-vert qui donnent corps à sa tristesse. Pourtant, l’atmosphère  n’est pas à la morosité, bien au contraire. Le dessin est doux, réaliste et expressif. On baigne dans un climat serein, chaud, poétique. L’impression que le personnage naît à la vie est assez forte et que ses bagages sont remplis d’une foule d’espoirs et d’une soif de découvrir marquées. En somme, un contraste assez fort (et très agréable) règne ici puisque la beauté des visuels adoucit la gravité de la situation.

Je remercie les Editions Futuropolis pour cette découverte.

Cette lecture est ma première participation au Challenge Récit et Carnet de Voyage. Elle me permet d’explorer le Continent Américain.

Challenge Carnet de Voyage

Une lecture que je partage également avec Mango et les participants aux

Mango

Au nom du fils (Perrotin & Belin)
Une très belle trouvaille que cet album qui nous parle des relations père-fils. J’attends la suite avec impatience.

D’autres avis : PlaneteBD et David Fournol.

Extrait :

« Je me rends compte que je sais peu de choses de notre fils. Des rencontres, des rêves qui l’ont poussé à venir dans ce pays étrange… Marie… ce… cette ignorance me fait honte » (Au nom du fils).

Au nom du fils – Ciudad Perdida

Première Partie

Diptyque en cours

Éditeur : Futuropolis

Dessinateur : Clément BELIN

Scénariste : Serge PERROTIN

Dépôt légal : janvier 2011

Bulles bulles bulles…

Au nom du fils (Perrotin & Belin)
Au nom du fils, première partie – Perrotin – Belin © Futuropolis – 2011
Au nom du fils (Perrotin & Belin)
Au nom du fils, première partie – Perrotin – Belin © Futuropolis – 2011

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