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Le livre du mois : le manifeste chap, par Gustav Temple et Vic Darkwood

Publié le 19 janvier 2011 par Hongkongfoufou

Par Hong Kong Fou-Fou

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Le sous-titre du livre, c'est : "Savoir-vivre révolutionnaire pour gentleman moderne". Diable. Diantre. Fichtre. Quel alléchant programme. Et cette couverture ! J'ai l'impression de voir Goudurix quand il avait trente ans.

Qu'est-ce qu'un chap ? Les amateurs de BD le savent déjà. Combien de fois Mortimer donne-t-il à Blake du "old chap" en dégustant un verre avec lui dans le cadre chaleureux du Centaur Club ? Combien de fois Buck Danny entraîne-t-il Tumbler et Tuckson vers le cockpit de leur avion par un "Let's go, chaps !" aussi jovial qu'impérieux ? Le chap, c'est un gars. Pas un mec, nuance. Une espèce en voie de disparition. Un anachronisme. Un homme qui fait rimer élégance et assurance, qui n'a pas été transformé en assiette de porridge tiède par la télé, les jeux vidéo, les téléphones portables et les offres promotionnelles de Free.

Le chap, c'est l'anti-beauf. Quand ses contemporains se trimballent dans des accoutrements surchargés de marques et de logos, le chap arbore pantalon en tweed et gilet en mohair. Quand ses contemporains fument des oinjs, des tarboules, des cônes ou des tarpés, le chap tire avec nonchalance sur sa pipe de bruyère. Quand ses contemporains passent des heures sur MSN ou Facebook à échanger des mots de trois lettres, le chap lit de la poésie ou discute avec de vrais gens dans son cercle privé. John Steed aurait été un chap. Jason King également. Ribéry n'est pas un chap. Christian Audigier non plus. Pete Doherty aurait pu être un chap. Malheureusement, il a choisi de devenir gros et mal fringué. Un chupa chap, peut-être. Noel Gallagher n'en est pas un non plus. Lui, c'est un lad.

Le chap n'aime pas les fast-foods. Comme José Bové. Le chap porte volontiers la moustache. Comme José Bové. Mais contrairement à José Bové, le chap ne s'oppose pas à la prolifération des McDonalds par la violence. Non, il les met face à leur incommensurable incompétence en pénétrant dans ces temples de la mauvaise bouffe pour y commander d'une voix assurée un dry martini préparé dans les règles de l'art. Puis il se gausse de l'expression d'incrédule incompréhension de la serveuse. Le chap ne détruit pas. Le chap sape (essayez de le dire très vite, c'est rigolo).

Le chapisme est un mouvement qui existe vraiment, et qui est né en Angleterre il y a une dizaine d'années. Où d'autre aurait-il pu naître, de toute façon ? Qui nous a donné le punk ? Les Monthy Python ? Margaret Thatcher ? Les Sentinelles de l'Air ?  La Lotus Super Seven ? La mini-jupe ? (Rayez la mention inutile)

Les auteurs du livre sont les inventeurs du mouvement. Ils ont déjà écrit "Le tour du monde en 80 martinis". Des gens sérieux, donc. Ils passent à la moulinette de leur plume acérée les travers de notre société vulgaire, avec humour et dédain pour le politiquement correct. Leurs conseils sont drôles et pertinents, rédigés dans un style désuet du meilleur effet. Pensez donc, ils utilisent des citations, des locutions adverbiales, c'est d'une ringardise charmante.

Et, cerise sur le gâteau - ou plutôt, olive dans le martini -, le format du livre est parfaitement adapté à la poche de votre pardessus, ce qui permet de toujours l'avoir sur vous, sans déformer ladite poche. En cas de rencontre avec un malotrus, hop, vous faites jaillir votre Manifeste et vous y cherchez la solution pour moucher l'impudent.

Allez, prenez vite rendez-vous chez votre tailleur. Passez chez le coiffeur mettre de l'ordre dans cette tignasse. Ne mangez plus de hamburgers, seulement des rognons sauce madère. Vous contribuerez ainsi à la Révolution des Anarcho-Dandies. Sans risquer de recevoir un coup de matraque. Sans avoir à descendre dans la rue crier des slogans à la syntaxe pauvre aux côtés de gens qui collent des autocollants sur leurs fringues. Un jour, vos enfants vous remercieront.


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