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L'élite de Brooklin

Publié le 19 janvier 2011 par Flow

L'élite de Brooklin.

(réalisé par Antoine Fuqua)

The Wire?

 

Le polar. Un genre directement hérité des films noirs des débuts d'Hollywood. Mais aujourd'hui, le genre est quelque peu dilué. Il est difficile de différencier un polar (film policier mêlant des éléments du film noir), d'un thriller ou d'un film policier plus basique. Je me rends compte que je ne parviens moi-même pas vraiment à les différencier. En tout cas, on admettra que les films où l'espoir semble absent font partie de la catégorie polar (Mystic River, Heat). En digne héritier, ce film tente de renouer avec la gloire d'antan, tout en lorgnant vers les séries télévisées.

 

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Le film raconte le quotidien de trois officiers de police de Brooklin, un coin très dangereux. L'un est à quelques jours de la retraite (Richard Gere), l'autre fait face à une vie de famille compliquée (Ethan Hawke) et le dernier est infiltré parmi le gang qu'il essaie de stopper (Don Cheadle). Les trois doivent faire face à une pression quasi insurmontable et à une absence de reconnaissance totale. Voilà le quotidien de la police.

Portraits d'hommes.

La première chose que l'on retient de ce film, c'est sa volonté de raconter l'histoire croisée d'êtres humains qui ne se connaissent pas (ou si peu) et non d'une fonction. Car il faut bien reconnaître que s'il ne fallait conserver qu'un genre où le réalisme est souvent absent, c'est bien le polar. On raconte une enquête menée par des supers-flics, en se concentrant uniquement sur leur fonction de policier tout en oubliant qu'ils sont avant tout des hommes, et des hommes faillibles (en France on est coutumier de cette tendance). Les trois personnages principaux doivent parvenir à concilier leur vie privée et leur travail pour le moins dévorant. Les personnages sont assez nuancés pour que l'on reste attentif. Du flic infiltré qui veut récupérer sa vie car il se découvre des affinités avec les malfrats qu'il poursuit; au flic vieillissant et blasé qui se décide à agir au contact de la jeunesse; en passant par le flic paumé qui veut bien faire mais échoue tout le temps. Le casting fait vraiment des merveilles. D'entrée, on ressent de l'empathie pour ces êtres à la dérive. On espère une amélioration tout en sachant qu'elle est illusoire. On sent une réelle volonté d'améliorer le genre en y instaurant des éléments du film choral. Ce n'est pas trop poussé (bien que la fin puisse paraître téléphoné), juste se qu'il faut comme touche de fraîcheur.

Réalisme social.

Le deuxième point de renouvellement du genre. Si un soin particulier a été porté aux personnages, c'est également le cas pour le milieu dans lequel ils évoluent. Ici, point de manichéisme abrutissant. Non, la ligne est floue entre les policiers et les criminels qu'ils poursuivent. La scène d'introduction met tout de suite dans l'ambiance. Les trois flics sont constamment jonchés sur la limite les séparant des gangsters. Le premier prend goût à la vie de caïd, le second tue pour de l'argent et le troisième laisse les crimes se commettre sous ses yeux afin de ne pas se faire dévorer par son métier. De même, les criminels ne sont pas des salauds sans cœur: Wesley Snipes est touchant dans son rôle de caïd en pleine repentance. C'est un polar urbain brut et sans concessions. De ce réalisme émerge une critique de la condition policière. Ce n'est pas un métier facile. Plusieurs pistes sont lancées. Tout d'abord, la conversation lors de la partie de poker: "un flic vaut plus mort que vivant". Cette phrase veut tout dire. Ils courent un risque énorme, perçoivent un salaire ridicule qui est moindre que la prime touchée par leurs famille s'ils sont tués. Pendant ce temps là, l'argent de la drogue qu'ils saisissent va dans les caisses de l’État. Et comme remerciement, ils ont une retraite minable (voir la très belle scène dans laquelle Richard Gere rend sa plaque) et le mépris de la population. Une existence peu enviable.

Vers les séries TV.

Ces tentatives d'amélioration du genre visent à le faire un peu plus coller à la réalité. Et c'est exactement le leitmotiv des fictions télévisuelles. Si ces dernières sont les petites sœurs du cinéma, il est indéniable qu'elles l'ont dépassé depuis longtemps en terme de qualité. Il suffit de citer The Shield, Southland et bien évidemment la parfaite The Wire. C'est à cette dernière que l'on pense indéniablement à la vue de ce film. Et même si la tentative est louable, jamais elle n'atteint la réussite totale que constitue la série de David Simon. Sa description clinique (il filme les vrais habitants) de la ville de Baltimore: de ses truands, de ses flics, de ses habitants est à jamais gravée dans la mémoire du peu de gens qui l'ont vue. Même s'il faut accorder au film le fait qu'il avait moins de temps devant lui (2h contre cinq saisons). Le cinéma fait bien de s'inspirer de ce médium trop méconnu mais il a encore du chemin à parcourir.

Au final, ce film est une réussite. Prenant de bout en bout, il renouvelle le polar en lui injectant une bonne dose de réalisme emprunté aux séries télévisées. Même s'il ne parvient pas à égaler son modèle (The Wire), la tentative est louable. En espérant voir cela plus souvent.

 

Les+ :

- Le casting qui excelle.

- Renouvellement.

- Noir.

Les- :

- La fin peu réaliste.

- Ce n'est pas The Wire.

Note:

3

 

 

 

 


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