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Interview de Nicolas Béraud, président de BetClic Everest Group: "Sans changement majeur de la loi, cette ouverture sera un fiasco"

Publié le 21 janvier 2011 par Tournoispoker

Une interview-événement de Nicolas Béraud, président de BetClic Everest Group, qui jette plusieurs pavés dans la mare… Cet entretien sera publié dans le prochain numéro d’IGA Magazine, qui sortira la semaine prochaine (abonnement gratuit en cliquant ici).

Vous êtes désormais le président de BetClic Everest Group (BEG). Que signifie cette nomination? Quelles  seront vos premières décisions?

Cette nomination s’inscrit dans la continuité de mes fonctions que j’occupe en tant que Directeur Général de BetClic Everest Group (ex-Mangas Gaming) depuis mars 2010. Notre groupe est aujourd’hui le premier acteur privé de jeux en ligne en France et dans le top 3 des opérateurs européens de jeux en ligne. Au titre de président de BetClic Everest Group je superviserai la direction des quatre sociétés de paris sportifs et de poker du groupe: Everest Poker, BetClic, bet-at-home.com et Expekt. Je définirai également la stratégie à mettre en œuvre pour faire de BetClic Everest Group un acteur mondial incontournable.

En vous confiant les rênes, Stéphane Courbit vous a-t-il fixé des objectifs? Quels  sont-ils?

Notre objectif aujourd’hui est de faire de BetClic Everest Group un acteur mondial des jeux en ligne. Grâce à la stratégie de croissance que nous avons mise en place depuis trois ans, portée pas les valeurs de l’expertise et du jeu “passion”, BetClic Everest Group compte aujourd’hui plus de 12 millions de clients à travers le monde et 1200 collaborateurs répartis dans 25 pays et propose une offre diversifiée et complémentaire de jeux en ligne. Cet objectif passera par une croissance organique de BetClic Everest Group. Nous nous devons d’être chaque jour, encore plus agile, encore plus innovant. J’ai à cœur que notre groupe propose aujourd’hui des sites de paris sportifs et de jeux en ligne qui prolongent l’émotion et le plaisir des joueurs avec une approche du jeu et du pari sportif éthique et responsable et d’un service client à la pointe de l’innovation.

Vous avez fondé BetClic, qui est désormais leader absolu en France en ce qui concerne les paris en ligne. Quelle est désormais votre stratégie? Pouvez-vous encore gagner des parts de marché, progresser, ou s’agit-il seulement de conserver votre position de leader?

J’ai fondé BetClic en 2005 avec la vision suivante: offrir aux joueurs un site de paris sportifs simple et convivial, où n’importe quel amateur de sports puisse parier. Aujourd’hui BetClic est le premier site français de paris sportifs avec une part de marché de plus de 45 %. En Europe, des millions de parieurs jouent sur BetClic. Everest Poker a également trouvé sa place sur le marché français avec une part de marché de 20%. Ces deux marques sont aujourd’hui bien installées en France et leur expertise est reconnue par notre 1 million de joueurs français inscrits sur BetClic.fr et EverestPoker.fr. La France s’est engagée sur la voie de la régulation avec des  conditions d’accès au marché très contraignantes qui pénalisent les opérateurs privés. Le marché doit véritablement se libéraliser pour fonctionner correctement, et faire jouer véritablement la concurrence au bénéfice des consommateurs. Malgré notre leadership sur le marché français, nous perdons de l’argent en France.

Comment Everest Poker, actuel numéro 3 du poker en ligne en France, peut-il gagner du terrain? N’avez-vous pas  l’impression que PokerStars et Winamax sont solidement installés au deux premières places sur le marché?

Everest Poker est une marque à part dans l’univers des poker rooms. C’est une poker room historique, communautaire et convivial. Notre place dans le top 3 est très encourageante pour l’avenir car à l’opposé de nos principaux concurrents, notre plan de communication et l’activation de nos partenariats ne vont se mettre en place que dans les prochaines semaines. Cette stratégie de communication qui va à l’encontre des tendances du marché d’investir fortement dès l’ouverture a été possible car elle reposait sur trois atouts: Everest poker est une marque pionnière du poker en ligne, une réelle proximité entre la marque et ses clients, un positionnement et des valeurs différenciants. Everest poker est la marque experte en poker du groupe et bénéficie d’un affect et d’une image unique au sein de la communauté internationale des joueurs de poker débutants comme experts. Le potentiel de la marque est bien loin de s’être encore pleinement exprimé.  En ce début d’année, plusieurs nouveautés vont arriver, un logiciel amélioré avec des nouvelles fonctionnalités demandées par nos joueurs, un grand événement à Monte-Carlo et plusieurs autres surprises.

Reconnaissez-vous que cette “ouverture” est plutôt une réussite? Ou pas, à cause de la fiscalité?

Nous dresserons un bilan complet lors de l’anniversaire de l’ouverture du marché en juin prochain. Je tiens à rappeler en préambule que la France s’est conformée aux injonctions de la Commission européenne de réguler le marché des jeux en ligne et de faire respecter les règles de la concurrence. Or aujourd’hui, on constate de profondes entorses sous forme de distorsions de concurrence qui créent un déséquilibre structurel entre les opérateurs publics en situation historique de monopole sur les jeux d’argent et les opérateurs privés. La loi et plus particulièrement les conditions d’accès au marché pénalisent le développement de l’activité des jeux en ligne au détriment des opérateurs privés mais également de l’État et des consommateurs. Le périmètre restreint de l’offre de jeux, le faible TRJ (Taux de retour joueur) combinés à une fiscalité élevée et un droit au pari exclusif à la France poussent les joueurs Français à s’expatrier de plus en plus vers des sites non agréés avec pour effet immédiat la perte de recettes fiscales importantes pour l‘État, une sécurité de jeu diminuée pour les joueurs sur des sites non contrôlés (protection des joueurs faibles, fraude, collusion…). La clause de revoyure, conditionnée par les prochaines décisions des législateurs, doit permettre au marché des jeux en ligne d’atteindre ses objectifs initiaux et ce au bénéfice de l’ensemble des acteurs du marché et non uniquement des opérateurs privés. J’ai confiance dans la capacité des législateurs à écouter les acteurs tant privés que publics pour réussir ensemble le développement maîtrisé, harmonieux et responsable de ce nouveau marché.

Certains affirment que les opérateurs gagneraient presque tous de l’argent et que leurs pertes ne sont pas dues à la fiscalité, mais à leurs investissements publicitaires très importants. Que leur répondez-vous?

Aujourd’hui, les personnes qui connaissent le secteur constatent toutes que le business modèle ne fonctionne pas, il n’est pas possible de développer l’activité dans les conditions actuelles avec notamment une taxation sur 50 à 60% des revenus. Par ailleurs, l’ouverture du marché des jeux en ligne en France a fait l’objet d’une concurrence effrénée entre les opérateurs-monopoles qui ont pu bénéficier des ressources du réseau en dur pour financer des plans médias pour leur activité en ligne. Ces investissements marketing sont sans commune mesure avec ceux des opérateurs privés. La fiscalité, tout comme le périmètre des jeux, le droit au pari sont les principaux freins au développement du marché. Nos investissements publicitaires mais également en sponsoring sportif nous ont permis de réussir l’examen de passage mais notre stratégie est véritablement d’inscrire nos marques dans la durée.

Vous ne cessez de rendre hommage à l’Arjel… Mais vous ne croyez pas que le marché est désormais “légal à 90 %”, comme le dit Jean-François Vilotte…

L’Arjel, sous la houlette de Monsieur Jean-François Vilotte, a réussi à ouvrir le marché dans un temps record avant la coupe du Monde de Football.  En tant qu’autorité de régulation, elle fait respecter les conditions légales que la loi impose aux opérateurs de jeux en ligne agréés. Il faut toutefois qu’on laisse les opérateurs pouvoir développer leurs activités et leurs offres. Il faut également qu’ils soient protégés par rapport aux opérateurs étrangers qui n’ont pas pris de licence. Aujourd’hui, le marché “illégal” est en plein essor, car les joueurs français ne bénéficient pas des mêmes conditions de jeux que les autres joueurs européens et sont de plus en plus tentés à pratiquer leurs loisirs sur des sites plus rémunérateurs, plus compétitifs avec une offre élargie. Pour vous donner un exemple, les Français ne pourront pas parier sur le match de football France-Brésil du 9 février et s’ils le pouvaient les cotes (donc gains possibles) seraient beaucoup moins attractives que sur un site anglais par exemple. Nous estimons à plus de 50 % en valeur le marché illégal et ce chiffre est en constante progression, seule la modification de la loi pourra réussir à inverser cette tendance et non l’Arjel qui ne peut que la faire respecter. L’Italie qui a ouvert cette activité en 2006 a capté la grande partie du marché illégal en baissant en % la taxation et en proposant une offre complète (jeux de chance et de casino). L’État italien a ainsi perçu au total davantage de taxe et la quasi-intégralité des Italiens joue sur des sites agréés.

Une harmonisation des différentes législations européennes est-elle possible? S’agit-il d’une question essentielle?

L’harmonisation sera longue, mais inévitable afin que les joueurs, les États et les opérateurs privés puissent bénéficier des avantages d’une mise en concurrence saine et réelle du marché des jeux en ligne. L’harmonisation des différentes législations est donc souhaitable à condition qu’elle se construise en concertation avec l’ensemble des acteurs du marché.

Sommes-nous déjà entrés dans une période de fusions et d’acquisitions? Avez-vous d’ores et déjà pour projet de reprendre ou de vous rapprocher d’opérateurs?

Le marché est d’ores et déjà rentré dans une phase de consolidation avec le rapprochement Bwin et Party Gaming. Nous restons à l’écoute des opportunités de rapprochements stratégiques avec des marques et des groupes qui partageraient nos ambitions et nos valeurs.

Comment voyez-vous le marché français dans 2 ans?

Cela dépendra de l’évolution de la loi (clause de revoyure) qui devra garantir la pérennité du marché. Sans changement majeur, cette ouverture sera un fiasco.

Quels sont les objectifs de BEG à l’international pour 2011?

Une quinzaine de pays vont réguler l’activité des jeux en ligne dans les 3 ans, dont certains pays majeurs comme l’Allemagne ou l’Espagne. Notre objectif est comme en France de prendre des parts de marchés significatives. Le marché international des jeux d’argent en ligne est en train de se structurer et ouvre de nombreuses perspectives de croissance pour des groupes internationaux tels que BetClic Everest Group. La stratégie de développement de nos marques et les synergies qui en découlent devraient nous permettre de devenir un acteur mondial incontournable. Les enjeux technologiques et l’expérience client sont également au cœur de nos préoccupations, nous investissons sur l’amélioration de nos plateformes de jeux et la qualité de notre offre afin de capitaliser sur nos 12 millions de clients et séduire de nouveaux joueurs.

Propos recueillis par Julien Saint-Guillaume
IGA Magazine


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