Putain d'usine de Efix et Jean-Pierre Levaray (Bande dessinée ouvrière, 2008)

Putain d'Usine est le témoignage du quotidien vécu par un ouvrier dans une usine de produits chimiques : les conditions de travail difficiles, la multiplication des accidents, la rigidité de la hiérarchie, les horaires, la fatigue, les maladies (dont certaines causées par le travail tels le cancer ou les problèmes cardiaques), la dépression, l'alcool, les rêves perdus, etc. Malgré cet amas de mots sombre subsiste encore la solidarité entre ouvriers qui n'a pas encore totalement disparu et qui leur permet de tenir le coup.

Putain d'usine était à l'origine un roman écrit par Jean-Pierre Levaray, un ouvrier dans une usine de fabrication de produit chimique, en 2002 soit cinq mois après la catastrophe d'AZF. Efix a également été ouvrier, mais s'est vite échappé du bourbier pour devenir dessinateur.

Leur rencontre a produit cette BD noire et réaliste sur ce que peuvent vivre les ouvriers soumis au diktat de leur hiérarchie, qui elle est, soumise à celui de l'optimisation financière dont les conséquences se répercutent immédiatement sur ceux qui sont en bas de l'échelle...

.

Quatrième de couverture :

Jean-Pierre Levaray est ouvrier dans une usine de produits chimiques... Il est aussi écrivain, a publié de nombreux récits... Levaray pose des mots pudiques et rageurs sur son quotidien... défaitiste, il raconte l'ogresse, cette putain d'usine... Et puis les échappées belles, ses "interludes", copains, vacances en famille, lectures... Levaray marie radicalité et poésie. Tout un art! 

" Tous les jours pareils. J'arrive au boulot (même pas le travail, le boulot) et ça me tombe dessus, comme une vague de désespoir, comme un suicide, comme une petite mort, comme la brûlure de la balle sur la tempe. Un travail trop connu, une salle de contrôle écrasée sous les néons, et des collègues que, certains jours, on n'a pas envie de retrouver. Même pas le courage de chercher un autre emploi. Trop tard. J'ai tenté jadis... et puis non, manque de courage pour changer de vie. Ce travail ne m'a jamais satisfait, pourtant je ne me vois plus apprendre à faire autre chose, d'autres gestes. On fait avec, mais on ne s'habitue pas. Je dis " on " et pas " je " parce que je ne suis pas seul à avoir cet état d'esprit : on en est tous là... " 

Documentaire de France 3 (3 parties) :