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Chroniques d’Iblard : Le pays des laputas

Par Ledinobleu

Couverture du manga Chroniques d'IblardEn une douzaine de courtes chroniques, semées de grenouilles et taupes parlantes, trains sans rails ou personnages portant les noms des héros de Tolkien, Naohisa Inoue nous initie aux mystères du monde d’Iblard, pays rêvé aux formes délicates convoité par des voisins peu scrupuleux. Dans une œuvre d’une qualité graphique exceptionnelle, entre Le Petit Prince et Akira, Naohisa Inoue offre, dans un style inclassable, un aperçu de l’univers fantasmé qui inspire ses principaux travaux de peintre.

Si les adaptations se montrent rarement à la hauteur des œuvres originales dont elles sont tirées, il arrive néanmoins qu’elles leur soient supérieures. C’est particulièrement flagrant avec Iblard Jikan, l’adaptation, par le célèbre Studio Ghibli, de ce manga de Naohisa Inoue ; pourtant, c’est bien ce même Naohisa Inoue qui se trouve à la barre de cette ‘adaptation de son propre manga… La différence réside-t-elle dans le talent des artistes de Ghibli ? Même pas : il travailla avec eux sur le film Whisper of the Heart (Yoshifumi Kondô & Hayao Miyazaki ; 1995), et notamment sur les compositions de fond de la séquence « fantastique » de ce film, celle-là même qui conserve une place de choix chez les fans de cette production…

Planche intérieure du manga Chroniques d’Iblard : Le pays des laputas
Aussi, et le plus simplement du monde, peut-on conclure que si Inoue fait un très bon peintre, il s’avère malgré tout incapable de tenir un crayon – ce qui est assez peu banal… De toute évidence pur plasticien, un domaine par ailleurs infiniment respectable, sa maîtrise du trait pour le moins lacunaire rend hélas ses dessins brouillons et approximatifs, avec un rendu très peu convaincant des volumes et des formes comme des profondeurs et des perspectives, sans oublier les proportions des personnages. On comprend mieux, du coup, pourquoi Inoue se complait tant dans des représentations de ce monde d’Iblard qui échappe à toutes les lois de la physique comme du bon sens : ses lacunes artistiques s’y dissimulent plus facilement – l’astuce est séculaire…

Le problème étant, dans ce cas précis, que le récit ne parvient pas à rattraper le dessin : décousu et sans queue ni tête, il ballote le lecteur dans tant de directions qu’on finit par se demander si l’auteur lui-même sait où il va, ou plus simplement s’il va quelque part… Il reste néanmoins un univers qui présente un certain charme, auquel vous vous avérerez peut-être sensible en dépit de ses recours assez systématiques aux clichés les plus éculés d’un surréalisme de bas étage et somme toute assez vite lassant.

Quatrième de couverture de l'édition française du manga Chroniques d’Iblard : Le pays des laputas

Chroniques d’Iblard, Naohisa Inoue, 1995
Milan, collection Manga Kankô, janvier 2008
209 pages, env. 11 €, ISBN : 978-2-745-92635-7


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