Magazine Culture

Poezibao a reçu n° 157, dimanche 23 janvier 2011

Par Florence Trocmé

Cette rubrique suit l’actualité éditoriale et présente les derniers ouvrages reçus par Poezibao. Il ne s’agit pas de fiches de lecture ou de notes critiques et les présentations font souvent appel aux informations fournies par les éditeurs.  
 
Philippe Beck, Poésies premières, 1997-2000, Flammarion 
Michel Surya, Le Polième (Bernard Noël), Lignes 
Christian Désagulier, L’Almanach des Muses, Terracol 
Yves Prigent, Débandade dans la blablasphère, suivi de L’exploration par l’écriture, entretien avec Charles Juliet, Calligrames/Bernard Guillemot 
Jean-Pierre Ostende, Superparc supernaturel, Comptoir Édition 
Eric Pessan, Moi, je suis quand même passé, Cousu Main 
Lésoualc’h, clandestin de nulle part et simultanément, Mai hors saison 
Jacques Josse, Almaty, vol retour, La Digitale 
Novalis, drei Nächte/Trois nuits, Terracol 
Thomas Vinau, Le noir dedans, Cousu main 
Albert Bensoussan, Faille, Apogée 
Matilda Tubau-Bensoussan, La Césure, Apogée 
Roselyne Fritel, Un jour en vie... Hélices 
  
Notices détaillées de ces livres et revues en cliquant sur « lire la suite... » 
 

 
Philippe Beck 
Poésies premières, 1997-2000  
Flammarion, 2011 
19 € 
Parution le 2 février 2011 
 
Poésies premières réunit trois livres fondateurs de Philippe Beck : Chambre à roman fusible (initialement paru chez Al Dante en 1997), Rude merveilleux (Al Dante, 1998) et Inciseiv (paru aux éditions MeMo en 2000). Ressaisis dans leur déroulement chronologique, ils illustrent parfaitement les origines, la logique et la vitesse du parcours poétique de Beck : en peu d'années, la transition est en effet fulgurante et la revendication du vers comme " horizon de la poésie " est déjà perceptible dans Inciseiv, livre contemporain de Dernière mode familiale.
Le public d'aujourd'hui pourra désormais découvrir - ou relire - le travail déroutant sur la syntaxe et les énoncés qui avaient frappé les premiers lecteurs de Beck, sa thématique ancrée dans l'époque, son humour grinçant, la beauté énigmatique de nombre de ces pages, notamment dans les poèmes lapidaires de Rude merveilleux.
Dans une importante Postface, l'auteur revient sur l'évolution de sa poétique et les sources de ses premiers écrits. Mais ce texte déborde largement le plaidoyer personnel et propose une réflexion prosodique de premier plan, qui veut imaginer la poursuite de la poésie dans le monde d'ici.(sur le site de l’éditeur
La collection Poésie/Flammarion inaugure avec ce livre la réédition d’introuvables de Philippe Beck. Cinq précédents livres de poésie ont paru aux Éditions Flammarion. Une fiction poétique, Merlin Deux Fois, paraîtra hors-collection en 2012. Sont en préparation : Qu’est-ce que la poésie ?(Folio Essais, Gallimard) et Contre un Boileau (Fayard). 
 
 
Michel Surya 
Le Polième 
(Bernard Noël) 
Matériologies, IV 
Nouvelles Éditions Lignes 
14 € 
Parution le 17 février 2011 
 
Bernard Noël est unanimement regardé comme l’un des plus grands poètes-écrivains contemporains, à raison. De là que son œuvre ait été beaucoup commenté déjà. Mais peut-être aucun de ces commentaires, si avisés soient-ils, n’a-t-il mis l’accent comme ce livre s’emploie à le faire : sur son aspect politique. Aspect accidentel ? Non, constitutif de l’œuvre. De toute l’œuvre. C’est ce que montre ici Michel Surya, dans un volume qui aborde à de nouveaux frais la question du rapport politique aux mots et à la langue. 
Que fait le poème avec la pensée ? Peu. Pas assez – vieille malédiction des genres… Et avec la politique ? moins encore. Cela vaut mieux, diront ceux pour qui le poème est l’art parmi les arts, la langue à son plus haut éclat, etc. Le genre par excellence, en comparaison duquel tous les autres pâtissent d’une origine trouble, mélangée, et trahissent leur basse extraction. Alors, la politique ! Le mauvais genre par excellence  ! Celui avec lequel il est arrivé que le poème se compromette. Avec lequel il ne pouvait pas faire autrement que se compromettre. 
Tout le monde s’entend là-dessus : de la politique, il n’est jamais né qu’une poésie politique misérable. Pour autant, comment a-t-on oublié qu’il est aussi arrivé que la poésie fût politique. Ne le fût pas moins que la pensée, par exemple. Qu’elle le fût même essentiellement. 
Des noms ? On partira de ceux de Lautréamont et de Rimbaud. Ils nous permettront en effet de remonter à la Commune de Paris. Pourquoi partir de la Commune de Paris ? Parce que c’est de là que part et c’est là que revient, toujours, l’œuvre de Bernard Noël. Que part et à quoi revient la poésie politique de Bernard Noël. Nous soutiendrons que Bernard Noël est un poète politique. Qu’il l’est et que lui seul, presque, l’est. Jean-Marie Gleize l’a écrit avant moi : « Si je ne craignais les pires malentendus, je dirais volontiers que, parmi tous, parmi nous, Bernard Noël est le poète politique. » 
Poète politique. Étrange qualification à laquelle il est sûr que tout le monde ne s’accordera pas. Contre laquelle même on se récriera. Poète du corps, du sexe, ce qu’on voudra… Mais de la politique   ! Signe que l’indécence, que l’obscénité se sont déplacées, ont changé de signe. Ou qu’on n’a pas vu que l’indécence, que l’obscénité s’étendaient jusque-là. Plus sûrement encore : qu’elles étaient les mêmes ou qu’elles pouvaient l’être. Et que Bernard Noël a construit son œuvre sur le fait qu’elles l’étaient. Toute son œuvre. Autant y insister, en effet : celle-ci n’est pas ici ou là, accidentellement, politique. Elle l’est de part en part. Au point que c’est ce qui en fait l’unité. 
On partira donc du Château de Cêne (interdit par la censure du ministère de l’Intérieur de l’époque) et de « L’outrage aux mots », sa forte postface, sa postface violente, par laquelle son auteur se défend contre cette censure. Apparente ou fausse défense. Au contraire d’une défense, une accusation folle. On n’a peut-être pas mesuré ce qui s’y est joué. Le destin de son auteur ? Sans aucun doute (au moins autant que dans Le Château de Cêne). Mais pas seulement. Un destin de la langue aussi. Partant, de la pensée, et de la pensée politique. Qu’on se le représente : Bernard Noël n’y dit pas qu’il est innocent de ce dont on l’accuse (il a trop lu Bataille et Artaud pour savoir comment la littérature est ce qui prend en charge la culpabilité). Moins encore que c’est le censurer qui est coupable (n’importe qui eût fait montre de cette candeur à sa place). Non, il dit  : la censure n’est plus le problème. Plus exactement, elle témoigne pour un temps qui n’a plus cours. Elle postule que la langue a en sa charge un sens dont la loi a à dire la règle. Mais c’est témoigner pour un temps disparu. La loi a beau dire quelle règle devrait être celle du sens, elle ne peut pas faire que le sens n’ait pas disparu avec ce temps. Aussi invente-t-il ce mot magnifique pour dire comment les mots ne cessent pas d’être les mêmes quoique le sens qu’ils ont s’est détaché, s’est désorbité de toute règle (histoire, signification, etc.). Pour dire comment nous ne disons plus rien quoique nous croyions dire encore : la sensure. 
Au « sens », ainsi qu’il revient à la poésie de le sauver, il restera indéfectiblement fidèle – en quoi il est authentiquement un écrivain. De sa « sensure », à laquelle la politique ne cesse de s’employer, il ne restera pas moins obsessionnellement soucieux – en quoi il deviendra objectivement politique. Un poète politique. 
Au mot sensure créé par lui, répond cet autre mot créé par Michel Surya, qui sert de titre à ce livre : polième. Non pas pour désigner une politique du poème (vieux style), mais l’indissociation essentielle ou native de la politique et du poème, de la polis et de la poiesis. 
Le Polième (Bernard Noël) est le quatrième volume de la série « Matériologies », que précèdent : L’Imprécation littéraire (Farrago), Mots et Monde de Pierre Guyotat (Farrago), Humanimalités (Éditions Léo Scheer). (site de l’éditeur
 
 
Christian Désagulier 
L’Almanach des Muses 
Préface de Jean Daive 
Illustrations Julia Tabakhova 
Éditions Terracol 
15 € 
 
Christian Désagulier est né en 1957 en Ile de France, et vit près de la Seine depuis lors. Il a étudié les Sciences Physiques à l’Université d’Orsay. Newton et Mendeleïev sont ses héros. Il exerce le métier d’ingénieur dans une fabrique de fusées et de satellites. Le collage est sa spécialité ainsi que le dépôt de vapeur d’or ou d’argent sur les miroirs spatiaux. Ces paraboles vermeilleuses fonctionnent dans le visible comme dans l’invisible et délivrent aux roseaux pensants maints sujets de réflexion, en abîme. Il dépose aussi quelque fois des brevets 
Il arrive qu’au bord du fleuve où l’on se baigne toujours deux fois, il écrive des poèmes d’amour, ce qui est une tautologie, tous les poèmes étant des poèmes d’amour, des poèmes d’amour des mots 
(sur le site de l’éditeur) 
 
 
Yves Prigent 
Débandade dans la Blablasphère 
suivi de 
L’exploration par l’écriture 
entretien avec Charles Juliet 
Calligrammes/Bernard Guillemot 
132 p – 18 € 
 
Yves Prigent est un neuropsychiatre reconnu. De l’expérience augurale – « une jeune femme suicidée, posée là sur la table d’autopsie » – à la recherche inlassable des liens entre dysfonctionnements de la parole vive et de la psyché, on ne s’étonnera pas de le retrouver ici, scribe de la condition humaine. Comme les poètes dont il est un fervent défenseur et qu’il cite avec délectation, il insiste sur l’importance de rendre aux mots leur capacité à susciter des présences et à ne pas renoncer, dès le langage, à changer sa vie. « Exploration » contre « débandade », « profération » contre « tics verbaux », « conviction » contre indifférence, « vérité singulière du sujet » contre déni, il nous invite avec enthousiasme à franchir le mur de la blablasphère, du côté du désir bien dit dans la nécessaire rencontre avec l’autre. 
Ses réflexions sur le langage poétique associées à ses travaux scientifiques lui permettent de dévoiler « la vérité du désir » qui est en chacun de nous. 
Il mène ici, en deuxième partie de ce livre, un entretien avec Charles Juliet.  
 
 
Jean-Pierre Ostende 
Superparc Supernaturel 
Comptoir d’édition, 2010 
14 € 
 
« Nous entrons dans le parc naturel du Vercors avec une grande facilité proche de l’inconscience. À la façon dont commencent certains films d’horreur, vous savez, quand les familles sourient de toutes leurs dents blanches et que les pelouses sont trop vertes et le ciel d’un bleu métallique... Sans nous en douter ni nous soucier de rien, nous venons de passer de l’autre côté... » 
Les quelques lignes ci-dessus sont extraites du livre Superparc supernaturel, écrit à la suite de la résidence de l’écrivain organisée en 2009 par l’association Tetra Lire. 
Un livre-fiction original, qui fourmille d’humour, mais est aussi très clairvoyant sur le Vercors et ses habitants, ses enjeux, ses paysages... et son hésitation traditionnelle entre le développement touristique et l’envie de protéger cet espace naturel.... (source
 
 
Eric Pessan 
Moi, je suis quand même passé 
Cousu Main 
6 € 
 
Eric Pessan a écrit ce texte au fil des semaines entre octobre 2009 et février 2010 et le met en ligne sur Twitter. Cette période correspond à une attente, marquée d’élans et de reculs. L’auteur écrit ce journal de patience en respectant la double-contrainte de cent quarante caractères maximum par tweet et l’utilisation de la troisième personne, le nom de l’utilisateur devenant le sujet de chaque phrase. 
au chaud entre les pages d’un livre, ne s’était pas aperçu que le monde, dehors, avait fondu. 
tâtonne du bout de l’orteil : rien, plus de consistance, des matières molles à perte de vue. 
se sent à l’étroit sur son radeau de papier.

La mise en page de ce livre respecte cette contrainte et comme sur l’écran de l’ordinateur, procède du même déroulé chronologique, le début du texte étant en bas, et le sens de la lecture se faisant en remontant le fil du papier. 
 
 
Lésoualc’h, clandestin de nulle part et simultanément 
Mai hors saison, 2010 
192 p – 18 € port compris* 
 
« Ce livre est un hommage à Théo Lésoualc’h mort le 28 novembre 2008, à l’âge de 78 ans. Mime, homme de théâtre, photographe, sculpteur, grand voyageur, romancier, voilà un personnage « libre » qui nous libère de notre médiocre cuisine intime. Théo Lésoualc’h incarne l’énergie de la marge, exemplaire, lui qui toujours refusa d’être un donneur de conseils. Totalement engagé dans son aventure. Trouveur de vie. En 2006 nous avions demandé à Théo de regrouper tous ses poèmes et textes dispersés, ici et là, dans moult revues et ouvrage divers. Où en était-il du projet ? Nous avons pris la relève. Avec ce livre, le lecteur est convié au parcours d’un frôleur trompant ses angoisses en sensualisant à travers les contrastes de la réalité et les pulsations de l’existence. Des échappées fulgurantes vers les hauts-lieux de la transformation sans interruption. Bras-le-corps du langage, tournis – images – brisures de tout, spirale fuyante du trop-plein du vide, et derrière les mots "l’ultra-âme du sonore" – Du presque divin au plus que divin. Lésoualc’h, clandestin / de nulle part et simultanément n’est pas seulement un choix de poèmes, il contient des inédits, des lettres, un entretien, des articles, de nombreuses photos, une bibliographie. "Contre la pollution du mot-mensonge" et dans la joie hurlante d’une amitié qui danse » (Lettre de Guy Benoît à Poezibao)  
*règlement par chèque postal ou bancaire à l’ordre de Guy Benoit, 8, place de l’Eglise, 53470 Sacé.  
 
 
Jacques Josse 
Almaty, vol retour 
Éditions La Digitale 
5 € 
 
« On est dans l’avion qui va d’Almaty, l’ex-capitale du Kazakhstan à Istanbul, et dans cette boîte roulante au-dessus des nuages et qui pourrait s’abîmer comme un rien les quelques jours qu’on vient de passer dans cette ville défilent devant les yeux.
C’est à lire ce petit livre que je me suis rendu compte que le style de Jacques Josse, doux et précis, a l’amplitude d’un vol au-dessus de l’Asie centrale vers la Turquie. Chaque souvenir tient dans un paragraphe ou guère plus, édité sur une page, formé de dix, cinq ou une phrase. » (note de Laurent Grisel, sur le site remue.net, lire la suite ici
 
 
Novalis 
Drei Nächte, Trois nuits, three nights 
(hymnen an die Nacht) 
carbonisation
/ Hymnen an die Nächte/ traduction
des Hymnes à la Nuit de NOVALIS 
Traduit deux fois en français par Christian Désagulier 
Ed. Cyan Verlag (Berlin) 
32 p – 18 € (site de Terracol) 
 
« Carbonisation n’est pas une traduction du manuscrit des Hymnes à la Nuit de Novalis mais une expérience de récriture, une volonté de soumission aux beautés devinées dans cet étrangement noir: discordances, bouleversements, tremblements de se taire, divagations – rien d’interdit à la condition d’habiter, le temps de cette transposition, le monde du poète.
À cet égard, la version manuscrite en vers (Handschrift, 1799) a été préférée à celle donnée pour impression par Novalis en prose très peu révisée lors des passages à la ligne, et publiée dans la revue Athenæum de Friedrich Schlegel (tome III, fasc. 2, 1800.)
Aussi, en quelque sorte est-ce un mi-inédit que l’on propose aux lecteurs français et allemands.
Est-il raisonnable de penser que la décision de transposer le poème sous le titre de Carbonisation, vers pour vers, point pour point, à la virgule près – ce qui n’est pas la moindre des loyautés – soient d’efficaces prises quand avec les abîmes d’indicible de Novalis se mouvant, on veut progresser dans sa Nuit, la pensée du poème en rappel ?
Il a semblé souvent que les « traductions » françaises toujours réalisées à partir de la version de l’Athenæum en prose, à s’approprier la sémantique évangélique dont on entend bien qu’elle imprègne le poème, traduisant Hymnes au féminin, aient sous-évalué le matérialisme paradoxal qui règne sur lui.
Aussi, l’idée immédiate fut-elle de rendre justice au poème en puisant dans le lexique du géologue, biologiste, astronome, physiologiste, technicien, mathématicien que fut simultanément le poète de Henri d’Ofterdingen, penseur, ingénieur des Mines, dont les ouvrages fragmentaires, tel que le Brouillon Général, témoignent de l’encyclopédisme. Sachant que dans ce rééquilibrage de balance, ou plutôt dans cette recherche d’un nouveau point d’équilibre, la boîte de poids est toujours incomplète, l’appareil, de démesure.
Car c’est un poète total qui prospecte la géode aimée dans la matière nocturne et chante sa découverte, qui, le front ceint de la lampe acétylénique pourvoyeuse de crépuscules, s’exprime sous l’emprise d’espérances substantifiques – les mots du poème - ivre de teinture mère de pavots, où les limites de soi à trait plein pointillent, confèrent à la matière la translucidité de l’esprit : l’esprit de cette transposition, que le dard de ces crépuscules carbonise.
Mais là ne devait pas cesser notre quête, la cueillette miraculeuse de géodes, ces fruits à chair cristalline violette aux noyaux gazeux.
À la fin, la matière sémantique vivante transformée en carbone, le poème écrit au crayon Conté et à la plume trempée dans l’encre au noir de fumée, persistait le sentiment d’une dette, celui de s’être « servi » des Hymnes, certes à des fins de fidélités  paradoxales, au lieu de les « servir », à dessein de se dire soi, avant.
Ainsi advient le moment de remonter aux sources moins discutables du grand poème de mort et d’amour, de se rebaigner dans ce même fleuve en se laissant entraîner jusqu’à l’estuaire puis de rendre compte avec le plus de pixels possible des images mentales mémorisées au cours d’un Styx aux méandres de carte du tendre : arrive le temps de rembourser le prêt, rubis de soleil couchant sur chacun des ongles, le temps de tendre vers Novalis dans notre langue française, naviguée au près, avec pour astrolabe un André du Bouchet traduisant En bleu adorable de Hölderlin et La tempête de Shakespeare ainsi que Finnegans wake de James Joyce, vent de face dans l’océan vocal des morphèmes.
Et si les Hymnes à la Nuit et Carbonisation, parvenaient à déchiffrer chacune à sa façon le log book de Hymnen an die Nacht, trio fatal, et que ce déchiffrement se produisait sur l’île où Novalis dans sa langue sublimante dépose ses lecteurs d’outre Rhin, au débouché d’une étincelante galerie souterraine... » (Après-dire, publié ici, sur le site de Terracol) 
 
 
Thomas Vinau 
Le noir dedans 
Éditions Cousu main 
6 € (site de l’éditeuré 
 
C’est noir dedans
Depuis tout petit
depuis toujours
et pour tout le temps
C’est noir dedans 
C’est pour ça que les enfants pleurent le soir dans leurs lits. Qu’ils ont peur des monstres. C’est parce qu’ils ont peur de leur noir dedans. C’est pour ça que les schizophrènes inventent leurs hôtes. Leurs monstres. C’est parce que c’est noir dedans. C’est pour ça qu’on s’invente des histoires. C’est pour ça que certains hommes tournent le plus vite possible sur eux mêmes jusqu’à l’ivresse ou qu’ils mâchent des plantes ou qu’ils boivent des fruits pourris. C’est parce qu’ils ont peur de leur noir dedans

Thomas Vinau se définit lui-même comme un militant du minuscule. 
 
 
Albert Bensoussan 
Faille 
Éditions Apogée 
12 € 
 
Ce récit autobiographique narre le drame d'un homme confronté à la déchéance irrémédiable de la femme qu'il aime, atteinte d'une maladie incurable. (extrait de la 4ème de couverture)  
 
 
Matilda Tubau-Bensoussan 
La Césure 
Éditions Apogée 
14 € 
 
La narratrice de ce récit vit un long fleuve tranquille, entouré d'un mari grognon qu'elle « aime bien », dit-elle, mais sans plus, d'une amie chère qui est sa confidente, et d'une vieille tante qui lui renvoie l'image d'une dégradation prochaine. Et puis c'est la coupure, le cours s'interrompt à la faveur d'une hémorragie qui expédie Alice aux urgences hospitalières, où une admirable infirmière espagnole va lui prodiguer des soins attentifs, au fil desquels toute une vie trop rangée, monotone et absurde, affleure à la conscience. Le mari en souffrira au quotidien qui le sort de sa routine de petit fonctionnaire : il devra prendre ses repas au restaurant, la barbe! La tante paradera une fois de plus dans ses falbalas mités, et l'amie l'incitera à la patience. Le sang hémorragique la renvoie aussi à la perte de sa virginité – sur un coup de tête, avec un triste inconnu, seulement pour s'affirmer dans son adolescence et se venger de sa mère. Au terme d'un récit haletant, où rien n'est épargné des souffrances de l'âme — et du corps —, la narratrice fera le bon choix : celui de la liberté. Elle ne sortira de l'hôpital que pour se séparer de cette existence – autre césure – et entamer enfin, purgée de son vilain sang, un nouveau départ. Cette hémorragie providentielle, n'est-elle pas, finalement, une autre façon de renaître à la vie? Au terme de ce parcours, la narratrice avoue : « J'ai l'impression de ne plus rien devoir à personne, d'être toute neuve, comme si je venais de me mettre au monde avec le pouvoir de disposer de ma vie. »
Matilda Tubau-Bensoussan a franchi les Pyrénées en 1939, dans l’exode des vaincus de la guerre d’Espagne. Après de brillantes études en France, elle enseigne d’abord au lycée, puis à l’université Rennes 2, où elle devient professeur d’espagnol. L’amour de la Catalogne et la fidélité à ses racines l’amènerons à créer à Rennes l’enseignement de la langue catalane, et à publier chez Maurice Nadeau en 1974, un ouvrage remarqué : Écrivains de Catalogne (Éditions Denoël) ; elle a également traduit de nombreux écrivains catalans en français. Elle a reçu en Catalogne, la plus haute distinction, la Croix de Saint-Georges. (4ème de couverture) 
 
 
Roselyne Fritel 
Un jour en vie... 
coll. Poètes ensemble, Hélices 
9 € 
 
Les poèmes de Roselyne Fritel nous parlent d’une expérience intérieure, d’un affrontement des ombres et lumières que chacun peut reconnaître au profond de soi. Soutenu par des citations de poètes aimés, un dialogue s’installe entre les mots. Le feu court sous les lignes. De la flamme vorace à la cendre, du brandon à l’étincelle allègre, le feu convoque les puissances de renaissance, cette ardeur à reverdir. D’un lyrisme retenu, cette poésie s’ouvre généreusement à la beauté, à la sensualité du monde, en dépit des secrètes blessures.(Françoise Ascal, 4ème de couverture) 


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