Résumé :
A chaque fête, chaque Noël, chaque anniversaire, il fait le clown. Il revêt son costume grotesque, son nez rouge et devient "le plus triste des clowns tristes". Ce père fait honte à son fils. Jusqu'au récit de l'oncle Gaston : un dimanche, après une sortie au cinéma, ce dernier lui raconte tout. L'histoire sublime et banale d'un résistant et d'un soldat allemand. Celle qui a fait de son père un héros.
J'ai découvert ce court roman de Michel Quint par le jeu de qualité de deux acteurs que j'affectionne : Jacques Villeret et André Dussolier. Ce film de Jean Becker m'avait beaucoup ému. Une histoire d'une simplicité tragique qui entaille profondément l' âme et nous met face à la complexité de l' homme.
Quelques années plus tard, je lis enfin l' oeuvre originale.
Classé dans le genre autobiographique, ce court récit est en fait, au dire de son auteur qui s'en justifie, une fiction. Bien sûr certains souvenirs de l'auteur sont venus nourrir cette histoire ( son père était professeur, il a été dans la résistance...), mais cette oeuvre se veut avant tout un roman riche d'enseignements. C'est une leçon d'humanité.
Tout commence au procès de Maurice Papon, inculpé pour complicité de crimes contre l'humanité.Ce haut fonctionnaire français aurait joué un rôle dans l'arrestation et la déportation de près de 1700 juifs bordelais.
Certains témoins auraient aperçu un clown dans la salle d'audience.
Enfant, le narrateur avait honte de son père qui à chaque occasion enfilait un costume d'auguste et se donnait en spectacle, le piteux spectacle d'un mauvais clown triste. Il détestait les clowns, jusqu'au jour où, après une sortie en famille, son oncle décide de lui raconter l'histoire à l'origine de ce choix. L'enfant écoute attentivement son oncle, son père lui s'installe en retrait et attend la réaction de son gars. Et le récit qu'on lui fait lui offre un regard sur un père totalement différent de celui qu'il connaissait.
Ponctué d'émotions variées, tantôt humoristiques, tantôt nostalgiques, tantôt tragiques, ce court récit nous réjoui et nous émeut. Il nous mène à la réflexion sur la cruauté des hommes, sur les abus en temps de guerre, mais aussi sur l'espérance et l'humanité.
Et tout se finit à ce même procès où le narrateur par devoir de mémoire, rend hommage à tous ceux qui ont souffert par le passé. Lui aussi enfile le costume et le nez rouge du triste auguste... Car la dérision est une arme plus forte que la violence.
Pour finir, je voudrais juste ajouter ceci : la couverture de livre qui me sert à illustrer cette chronique n'est pas celle de l'édition que j'ai lu. Mais je trouve qu'elle est le reflet parfait des mots de Michel Quint.