Magazine Cinéma

Star Wars Episode V: L'Empire contre-attaque

Publié le 31 janvier 2011 par Flow

Star Wars Episode V:

L'Empire contre-attaque.

(réalisé par Irvin Kershner)

Œdipe Roi.

 

 

Je n'avais jamais compris (jusqu'à aujourd'hui) pourquoi les fans absolus de Star Wars considèrent cet opus comme le meilleur. Dans mes souvenirs, il était long et chiant. Grossière erreur. Non seulement, il est loin d'être ennuyeux mais en plus il est certainement le plus abouti visuellement et thématiquement. S'il ne devait en rester qu'un...

 

L-EMPIRE-20CONTRE-20ATTAQUE.jpg

 

Les rebelles ont peut-être gagné une bataille, mais la guerre est loin d'être remportée. Car quand on l'attaque, l'empire contre-attaque! Oui, elle est facile. Enfin, l'espoir est mince. En parallèle, Leïa et Solo jouent à: je t'aime, moi non plus alors que Luke doit achever sa formation d'homme euh non de Jedi. Dark Vador étant au chômage technique depuis qu'il croit avoir zigouillé Obi-Wan Kenobi, il s'amuse à étrangler des généraux et à bousculer la hiérarchie militaire de l'empire. Quel plaisantin!

La Sophocle attitude.

Lorsque l'on regarde cet épisode V, on ne peut douter, le nom Œdipe est au centre de l’œuvre. On peut interpréter ce thème de deux manières qui sont, au final, intrinsèquement liées. Soit on déteste la psychanalyse et on peut voir ce film comme une itération de la pièce de Sophocle: Œdipe Roi. Soit on est des fous, on adore Freud, et on lit le film comme une mise en image du complexe d'Œdipe. Si vous êtes courageux, vous pouvez lier les deux lectures du film.

La pièce de théâtre raconte comment Laïos, roi de Thèbes ayant défié les Dieux, s'achemine vers sa punition. La pythie de Delphes lui confie que s'il a un fils, ce dernier le tuera avant d'épouser sa mère. Pris de panique lorsque Œdipe vient au monde, il veut supprimer l'enfant. Mais les Dieux en ont déjà décidé autrement. Recueilli par la famille royale corinthienne, ce n'est qu'à l'âge adulte que s'abattra le destin. Ayant reçu la même prédiction que Laïos, il décide de fuir ceux qu'il pense être ses parents. C'est là qu'il tuera son véritable père par accident avant de devenir roi et d'épouser sa mère en résolvant l'énigme du Sphinx.

Le parallèle avec l'histoire de Lucas est évident. Luke Skywalker ignore l'identité de ses parents parce que son oncle a toujours refusé de lui en parler. Obi-Wan lui a menti, ou plutôt a omis de lui révéler la vérité. De plus, ce dernier tient le rôle de l'oracle. Car c'est sa voix venant d'outre tombe qui conduira Luke chez Yoda et donc vers son funeste destin. Il est l'assassin désigné de son père tout en ignorant son identité. Il est le fruit de la vengeance des maîtres Jedi (lesquels par ailleurs apparaissent presque comme des divinités tant ils semblent supérieurs aux autres hommes). Il partage avec Œdipe ce poids de la fatalité: "cet indigne traitement me fut infligé dès le berceau!" "je suis né de ceux dont c'était un crime de naître." Ils payent tous deux les erreurs commises par leurs ainés. Chez Sophocle et donc chez Lucas, le poids de la destinée est plus lourd que celui du libre-arbitre. On ne peut échapper à cette force supérieure. Ils ne sont donc pas acteurs de l'histoire, ils la subissent. Comme Ran le soulignait, et à juste titre, dans un commentaire laissé pour l'épisode précédent, Luke n'est pas le héros de cette saga. Il apparaît faible, hésitant, accablé par le doute et pas vraiment développé. Solo l'appelle constamment: petit”. C'est lui l'adulte fier et sûr de lui. Vador est le parfait antihéros mais il n'a plus d'adversaire héroïque depuis la disparition d'Obi-Wan. Il y a comme un flottement qui pèse sur cet épisode. Le film semble réellement attendre un héros, attendre que Luke naisse. Il est le personnage principal (tout comme Œdipe l'est dans la pièce) mais il n'est toujours pas le héros que le public attend (d'où son côté un peu antipathique).

S'il existe des similitudes, Lucas choisit un autre chemin pour sa saga. Il y a hésitation entre fatalité et libre-arbitre. Luke part affronter son père en désobéissant à Yoda. S'il avait achevé sa formation, il aurait été capable de tuer Vador sans difficulté (et donc sans savoir la vérité). Mais puisqu'il décide d'aller sauver ses amis, il permet à son père de lui avouer leur lien de parenté. Et à partir de ce moment, devenu culte, on sait qu'il a échappé à son destin et que jamais il ne tuera l'homme à la respiration obstruée.

Freudien.

Cette différenciation peut être expliquée par la psychanalyse qui est à l'origine du complexe d'Œdipe. Théorisé par ce bon vieux Freud, redouté par tous les bacheliers, il est défini comme le désir inconscient d'entretenir un rapport sexuel avec le parent du sexe opposé et celui d'éliminer le parent rival du même sexe. Le jeune garçon tombe amoureux de la mère et veut tuer son père. Alors je vous vois venir. Luke ne peut tomber amoureux de sa mère car elle est morte en le mettant au monde... Et bien le problème est détourné car Luke tombe amoureux de sa sœur (qui l'embrasse dans cet épisode en passant). Freud différencie trois stades dans l'évolution des enfants: le stade oral, le stade anal et le stade phallique lors duquel survient chez l'enfant (de trois à six ans) le complexe d'Œdipe. Or, Luke n'ayant pas connu ses parents lorsqu'il était gamin, nous fait sa crise en retard. Ce qui permet de compléter et d'expliciter la lecture sophoclienne. Il n'est pas un héros car son développement psychologique n'est pas achevé. Lorsque son père lui apprend la vérité, c'est comme un électrochoc et la séquence qui suit comme une naissance (chute dans un conduit très utérin suivi d'une expulsion). Le héros tant attendu est là. Le petit de Solo prend tout son sens. Le cheminement de Luke vers l'âge adulte n'était pas complet.

Au final, on a deux interprétations complémentaires. Une, mystique sur le destin et une autre presque scientifique sur la psychologie de l'enfant.

Univers riche bis

Au niveau de l'univers, c'est toujours aussi divertissant. Des créatures variées, l'apparition du mythique Yoda, des combats, des vaisseaux et des bons sentiments. Un cahier des charges bien rempli.

Au final, l'épisode le plus abouti. A l'univers distrayant mais un peu lisse du premier opus, vient se greffer une dimension plus subtile. De la très bonne SF.

Les+ :

- Abouti.

- Thème de l'Œdipe.

- Toujours divertissant.

Les- :

- Cas à part dans la saga.

Note:

3

 

 

 

 


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Flow 261 partages Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazines