Magazine Cinéma

Le temps détruit tout

Par Cyriltuloup

Violent, sombre et trash, Irréversible est un film osé et inhabituel. La preuve que le cinéma français peut s’émanciper de la comédie et prendre des risques.

Avec seulement  trois longs métrages à son actif, Gaspar Noé est reconnu pour son cinéma atypique. Sa mise en scène sort clairement des chantiers battus, sa caméra allant presque jusqu’à donner le vertige. C’est par là qu’il a su se réserver un public cinéphile, et sa technique pourrait presque agacer l’amateur du simple divertissement (certains lui reprochent ses « artifices»). Nul doute qu’il fallait du culot pour pondre un film aussi décalé en France. Difficile de sortir d’Irréversible indifférent, ce dernier retraçant une histoire particulièrement violente, d’un  viol sauvage dans un passage souterrain à un massacre à coups d’extincteur. Peut-on parler de chef d’œuvre ? Oui et non, l’appréciation du film restant assez subjective. Mais force est de constater les qualités indéniables du film de Noé, le genre de spectacle inhabituel qu’il serait vraiment dommage de manquer. L’histoire, tournée en sens inverse, c’est-à-dire de la fin au début, raconte les évènements survenus avant, pendant et après le viol de la fille.

Le temps détruit tout

Dès l’intro, la caméra voltige et joue avec le spectateur, le forçant même à se pencher. On découvre deux types, Marcus, anciennement fiancé avec la victime, et Pierre, l’ex de celle-ci. La première scène se déroule lorsque Marcus, recherchant le coupable, pénètre au Rectum, une boîte gay Parisienne où se mêlent  coups de fouets et sodomie. La première partie du film se distingue de par une noirceur totale s’atténuant au bout d’une heure. Impossible d’oublier la scène ultra violente avec l’extincteur, ou encore le plan séquence dans le tunnel où une jeune femme bien roulée se fait sauvagement sodomisée. L’angle de vue du plan séquence est tout simplement génial et fait souffrir un spectateur incapable d’agir. On verra même une ombre descendre les escaliers du fond et remonter sans même alerter ou secourir.  Voilà bien le genre de détail qui joue sur les émotions. Irréversible, c’est aussi un véritable défilé de queues, la caméra filmant souvent les organes de nos personnages, que ce soit lorsque Marcus se retrouve au lit avec sa copine ou lors du viol. Bref, Gaspar Noé ne nous cache rien et appuie son style décidément décalé. La scène de la soirée, alcool, techno, cocaïne, prouve l’immense talent du réalisateur à crédibiliser son histoire. Et quelle directions d’acteurs…Vincent Cassel, dans  la peau d’un homme déchiré, traumatisé et hanté par un désir de vengeance incurable, nous fait part de son excellence et dynamise à lui seul le récit. Le plus fort, c’est que le réalisateur a su modérer la bestialité et ne signe pas un film barbare. On est donc loin du cinéma gore et répugnant, mais au cœur de celui à ne pas laisser entre toutes les mains.

Irréversible de Gaspar Noé (Fr., 1h39, 2001)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Cyriltuloup 256 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines