L’affiche prévient : "Ce film accumule les scènes de boucherie particulièrement réalistes et éprouvantes". Annoncé comme un des films les plus hardcore de son temps, Frontière(s) est un cousin d’Haute Tension (Aja) et d’A l’intérieur (Maury), profitant d'un tout nouvel élan du film de genre en France, et de la liberté artistique qui lui est accordé. Une famille de tarés néo-nazis et cannibales plus tard, nous voilà perdus dans la cambrousse avec des jeunes de banlieue parisienne plongés dans un survival barbare où l’analogie entre montée de l’extrême droite et possible resucée du fascisme offre un violent réalisme à l’ensemble. Gens (Hitman) signe une œuvre sauvage et éprouvante, hommage aux grands films d’horreur US, féroces, courageux, sans pitié. Du Rob Zombie d’un côté (avec cette Estelle Lefébure très Sheri Moon), et beaucoup de Tobe Hooper de l’autre, Frontière(s) est un frenchie clone de Massacre à la tronçonneuse : mêmes enjeux dramatiques (nuls), même boucherie visuelle. Sur le refrain connu de l’antagonisme monde rural / urbain, le cinéaste compose une virée vénère et sanglante qui va toujours plus loin dans le dégueulasse et le politiquement très incorrect. Oscillant entre puissance du propos (mise en images jusqu’au boutiste du concept de haine) et manque de personnalité (on y retrouve trop d’emprunts au genre !), le film est bancal, inégal, possède un casting convaincant (la révélation Karina Testa) mais se perd un peu niveau rythme, surtout lorsqu’il en fait des tonnes côté arrière-fond nazi (avec ce repas malsain, entre ridicule et inacceptable), se réservant- à tort- pour un final too much, au lieu de balancer la sauce sur le terrain. Mieux que le prétentieux Sheitan de Chapiron, avec lequel il partage la volonté implacable de choquer, mais moins bien que la référence Aja, il manque peut-être à Frontière(s) un certain détachement, une petite brèche bienvenue dans un sérieux un poil trop rigide pour susciter parfaite adhésion.
Jeu de briques
Snake
Pacman
Bubble