1 février, 2011
Le monde change
Le consommateur n’achète pas qu’un livre, il achète tous ce qu’il représente en potentialité de fantasmes vivants.
Est-ce que votre entreprise de pensée fictionnante a une histoire originale à raconter ? Pas le contenu du livre en lui-même, mais votre entreprise de pensée. Autrement dit : l’écrivain ou le penseur en tant qu’entité de fabrication. Alors je vous le dit ici, est-ce que votre livre est lui-même en tant qu’objet une histoire originale à raconter ? Une histoire si captivante et si unique que nous soyons prêts à payer pour y croire, pour en faire partie.Parce qu’à chaque fois qu’un consommateur achète votre livre, il se sent participer d’un réseau occulte, il se sent un autre que celui qu’il est, qu’il s’imagine faire quelque chose de dangereux, quelque chose d’interdit, que le consommateur se sente impliqué dans des évènements qui le dépasse. Il faut toucher le fantasme même du consommateur, ses fantasmes de sortir de sa petite vie bien pourri. Il faut lui faire vivre son fantasme, non pas dans la fiction, mais par tous les aspects extérieurs au livre, les éléments qui ont construits le livre. Parce que vous comprenez bien que l’histoire du livre doit laisser des indices, des vrais indices qui peuvent se rencontrer véritablement, dans des lieux existants, sur le réseau, dans des jeux vidéo multijoueurs sur internet.Le consommateur n’achète pas qu’un livre, il achète tous ce qu’il représente en potentialité de fantasmes vivants. C’est tout cela une entreprise fictionnelle. Lorsque vous écrivez un livre, ce qui doit prendre le moins de temps c’est l’écriture elle-même, ça c’est subalterne, d’ailleurs cette activité doit être absolument externalisée, des ateliers de confection peuvent être établis facilement, installez-le en Chine, la main d’œuvre sera peu chère, et des histoires ils n’ont pas arrêté de s’en raconter pour se constituer en tant que peuple. Lorsque vous pensez un livre, l’enjeu principal est de ne pas rater son objectif, mais imaginer un produit pour ne le vendre qu’à 5000 unités, c’est décevant. Bien entendu c’est au long terme qu’il faut également penser, il faut investir dans l’innovation, prendre des risques.