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TRISTAN ET YSEULT à la sauce Berlusconi

Publié le 02 février 2011 par Popov

TRISTAN ET YSEULT à la sauce Berlusconi

Riccardo Zandonai

"Comme le cri du coq excite l'aube. La musique excite l'aurore" disait le poète  Gabriele d'Annunzio, auteur du livret aujourd'hui un peu pompeux de "Francesca da Rimini" du compositeur italien Riccardo Zandonai donnée à l'Opéra de Paris. L'oeuvre qui date du début du siècle dernier est cosmopolite, aérienne, agréable à interpréter disent les musiciens. La musique charrie des influences comme un fleuve en crue des alluvions. On résonne d'échos wagnériens,straussiens parfois, verdiens le plus souvent. Svetla Vassileva prête  voix volumineuse et  palette étendue à l'érotisme d'un grand duo amoureux. Roberta Alagna,excité par cet aurore, pousse avec sobriété et élegance le cri du coq enamouré. L'oeuvre ne marquera guère l'Histoire mais on peut prendre du plaisir en l'écoutant. Le problème est dans la mise en scène. Dès la générale, la direction d'acteurs pour le moins inexistante de Giancarlo di Monaco a fait sourire le public :

-d'abord par les costumes des deux protagonistes principaux, Paolo (il bello) et Francesca(da Rimini),qui portent un habit à paillettes taillé dans le même tissu(sans doute pour exprimer leur extrême fusion)

-ensuite par le décor dans lequel ils évoluent , un décor de bordel chic (qui serait une reproduction de l'intérieur aristocratique de l'esthète raffiné et fasciste d'Annunzio)et sur lequel plane l'image hologrammatique du masque funéraire de l'auteur, sosie de Mussolini. La panoplie bleu nuit d'une sensualité Bhollywoodienne rend les choses plus ridicule encore : on dirait que deux enchanteurs Merlin se roulent des pelles. Les servantes de Francesca dans ce cadre ressemblent à des pots de fleur d'émissions de la RAI mais le pompon, c'est les méchants . Les frères (le bossu et l'éborgné)George Ganidze et William Joyner remarquables sur le plan musical se voient contraints à jouer un remake de "massacre à la tronçonneuse"(sur le plan des accessoires nous nous contenterons d'évoquer la ridicule hache choisie pour supprimer un voisin bruyant). Là encore, effet comique invonlontaire réussi,

-enfin par la direction d'acteurs tantôt absente (les postures de l'amour de nos Tristan et Yseult (référence constamment présente) rappellent les riches heures d'"Au théâtre ce soir", tantôt trop poussée, avec des exagérations de dessins animés (le summum est l'embrochage final des deux amants sur une lance). Certains en pleurent encore de rire.


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