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JEAN-MICHEL BASQUIAT : THE RADIANT CHILD de Tamra Davis (2010)
Publié le 02 février 2011 par Celine_dianeDeux ans pour passer, en un éclair, des graffitis plein de rage disséminés dans le New-York malade et bouillonnant des 70’s aux nombreuses expositions acclamées à travers le monde. Deux années qui ont transformé le Basquiat des rues, qui bouffait des chips et vendait des cartes postales, en icône superstar de l’art underground- protégé de Warhol, night-clubber la nuit, artiste le jour, afro américain aux accents rimbaldiens. Tamra Davis ressort ses archives personnelles de ses tiroirs et livre un portrait brûlant du peintre écorché vif, documentaire à son image : lumineux, torturé, rapide. Alternance d’extraits d’une interview intimiste qu’elle a réalisée avec lui peu de temps avant sa mort et témoignages de l’entourage professionnel et amical du jeune homme (les galeristes Bruno Bischofberger, Larry Gagosian et Jeffrey Deitch, le cinéaste Julian Schnabel, sa petite amie Suzanne Mallouck), Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child saisit tout du destin tragique du peintre : la manière dont il fut porté aux nues, puis laissé de côté, tiraillé par un besoin insatiable de reconnaissance et une grande peine à se faire apprécier pour ce qu’il était vraiment ; la façon dont il a révolutionné l’art de l’époque- réponse provocante aux motifs minimalistes, par un coup de pinceau néo-expressionniste inédit, coloré, plein de colère et de revendications (identitaires notamment) ; cette immense solitude- impossible à combattre, cette vie brisée, par les conséquences sournoises de la célébrité, la drogue, le désespoir. Le docu de Davis, d’une fausse linéarité, possède ce rythme cassé, ces taches un peu folles et affligées que l’on trouvaient dans les toiles du jeune homme- déroulant la vie du peintre sur les airs improvisés du be-bop, autre mouvement libre de l’époque. Plus fort qu’une fiction, parce que réellement captivant, le film est une réussite intégrale, tant il ne cache rien, ni de la personnalité (l’ambition démesurée de Basquiat- ses déboires avec l’héroïne, ses doutes, ses joies), ni de l’œuvre (elles défilent tout du long à l’écran)- de celui qui a su changer ses guenilles en costume Armani.