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André Glucksmann : « Vous avez dit "philosophe" » ? ! » [FIN]

Publié le 02 février 2011 par Raoul Sabas

Le 29 janvier 2011

Objet :

« Vous avez dit "philosophe" » ? ! »

Monsieur André Glucksmann

Aux bons soins du quotidien

Le Monde

80, boulevard Auguste Blanqui

75013 Paris

Monsieur,

Dans l’éventualité de votre réponse contraire, intellectuellement et philosophiquement étayée, à cette question, je ne peux mieux faire pour vous récuser le statut de « véritable » philosophe que m’appuyer sur le titre de votre livre, Les deux chemins de la philosophie, dans lequel vous opposez Socrate et Heidegger.

Certes, il n’y a probablement aucune incertitude sur ce plan, de la part de quelqu’un d’informé, pour ce qui concerne Socrate - sauf à un quelconque hurluberlu de le démontrer ! -, mais pour Heidegger c’est une autre affaire, ainsi que le montre le parcours chaotique de sa pensée.

Assurément, s’il lui est arrivé de déclarer, à juste titre, que philosophie et religion sont totalement incompatibles, il s’avère être sur le fond plus un métaphysicien qu’un philosophe.

Ce qui sépare irrémédiablement l’un de l’autre, c’est la croyance pour le premier de la possible coexistence de « deux » absolus, ce qui est définitivement une impossibilité absolue. Le dualisme des absolus, en effet, interdit à tous les deux d’être, à la fois, absolument infinis, parfaits, éternels et immuables – sauf à vous-même ou à quiconque, évidemment, de l’établir more geometrico !

En revanche, s’il ne peut y avoir « deux » chemins pour la véritable philosophie, voie et voix de LA Vérité éternelle absolue, il y a bien deux chemins, et même trois, qui mènent à elle : la philosophie, la mystique et l’art, car fondés sur l’absolu UN, Unique, puisque, comme déjà dit, tout est un, selon Socrate et son idée éternelle du beau, du bien et du juste.

Après cet exposé conséquent, qu’il ne tient qu’à vous de contester, intellectuellement et philosophiquement, sur des points très précis de désaccord, à défaut de quoi vous fourniriez la preuve, une fois de plus, que votre statut de philosophe est usurpé, et donc que vous colportez les mensonges et les « croyances au miracle » du monde, trompant et manipulant ainsi sciemment l’opinion.

Dans l’éventualité de vous lire, je vous remercie de votre attention et vous prie d’agréer, Monsieur, mes salutations distinguées.

Annexe : Lettre du 4 février 2002


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