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Mygale

Par Irreguliere

mygale

Elle quitta Richard un instant pour s'approcher de l'orchestre et demander que l'on joue The Man I Love. Lorsque les premières mesures, suaves et langoureuses, retentirent, elle était de retour auprès de Lafargue. Un sourire narquois naquit sur ses lèvres quand la douleur se fit jour sur le visage du médecin. Il la prit délicatement par la taille pour l'entraîner un peu à l'écart. Le saxophoniste entama un solo plaintif et Richard dut se contenir pour ne pas gifler sa compagne.

Il y a peu de temps, j'ai eu la surprise, en ouvrant ma boîte aux lettres, d'y découvrir un petit paquet inattendu. C'était Lili qui voulait me faire une surprise, et m'envoyait un roman de Jonquet qu'elle avait choisi avec soin, car elle avait envie de me faire découvrir cet auteur pour lequel elle a eu un coup de coeur et que je ne me serais peut-être pas décidée à lire de moi-même. Sitôt ou presque que je l'ai eu entre les mains, je l'ai dévoré...

Dès les première ligne, le lecteur est mis en présence d'un couple étrange. Un couple qui manifestement se voue une haine profonde et mutuelle. Richard Lafargue, chirurgien plasticien, et sa compagne, Eve, qui suscite la convoitise des autres hommes. Entre eux, une chanson, The Man I Love, dont Eve aime à faire résonner l'air aux oreilles de Richard, sachant que cela va le mettre dans un état de rage indescriptible. Pourquoi ? Pourquoi la garde-t-il recluse dans sa chambre, lui aboyant des ordres et des insultes par le biais de l'interphone ? Et pourquoi semble-t-elle consentir à cette maltraitance ? Toutes ces questions assaillent le lecteur, pendant que d'autres fils narratifs, apparemment sans lien, entrent en jeu.

Alors, que dire ? Une fois happé par l'histoire, on ne peut que tourner les pages jusqu'à la fin pour avoir des réponses, tant l'intrigue est bien ficelée. Et en même temps, on ressent un certain malaise devant une histoire aussi malsaine et perverse : j'ai été profondément déstabilisée, secouée, remuée par ce roman, psychologiquement et émotionnellement très violent. C'est vraiment un plaisir très très particulier de lire un tel livre, un plaisir fait de répulsion et de fascination, à l'image des sentiments que provoque l'animal dont il porte le nom. C'est un roman qui interroge sur l'âme humaine, et sur la monstruosité : car, finalement, une fois le volume refermé, on se pose réellement la question de savoir où elle est, cette monstruosité. Et on n'a pas de réponse, ce qui est éminemment dérangeant... En tout cas, j'ai vraiment apprécié cette découverte. Je relirai probablement cet auteur, mais pas tous les jours, néanmoins !

Encore une fois un grand merci à Lili, dont je vous invite à aller lire la chronique

Ce titre me permet d'apporter une lecture de plus pour le challenge "petit bac" d'Enna, dans la catégorie "animal" (et ça tombe plutôt bien car je séchais sur cette catégorie) :

challengepetitbac
 

Mygale


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