En parlant de la marmotte et de la prédiction de la fin d’hiver, cela nous fait penser à cette petite peinture de Fragonard, la Jeune fille à la marmotte.
Une oeuvre sans grande importance, peinte avec de jus de pipe que les peintres qualifient de cette brun commune – de la Terre de Sienne brulée mélangée au médium à peindre – préparation à base de liant et diluant pour modifier la consistance de la peinture.
Cette jeune fille à la marmotte n’a donc ni de valeur artistique extraordinaire, ni de charge émotionnelle à couper de souffle. L’oeuvre est pourtant répertoriée et citée. Selon nous, cela est dû à la marmotte, cette marmotte presque invisible sinon en mot et grâce au titre du tableau.
À moins qu’elle a aussi vu son ombre…
Peindre est comme toute action humaine, si l’action n’inscrit pas dans un schéma que les autres puissent reconnaître, on s’engage dans un monde désertique où le buisson ardent n’est réservé qu’au rare prophète. Prêcher seul dans le désert, ça doit être terrible… sauf si l’on aime d’être seul.
Comme Fragonard est un coquin de sa nature d’homme, il a donc peint au service des hommes avec ses mille et une jeunes filles dans leur état de grâce. Il est vrai que c’est plus noble et savant de parler le médium à peindre de Fragonard, de ses couleurs pastels, de ses touches… alors que c’est la vie que l’on doit s’intéresser en première, avant tout art.
Voilà tout pour la marmotte et l’amour pour la vie libidinale… et artistique de Fragonard en ce jour 4 du mois de l’amour.