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Les siphonophores sont les plus forts !

Publié le 05 février 2011 par Svtcolin
Les siphonophores sont les plus forts !Créationnistes et évolutionnistes sont sans doute d’accord sur un point : la nature dans sa beauté révèle à qui sait l’observer, une certaine  logique, une organisation remarquable. Certains y voient l’œuvre de Dieu, d’autre la conséquence d’un ensemble de mécanismes regroupés sous le concept d’évolution.
Tout de même Dieu, c’est plutôt facile comme solution… Si Dieu explique tout, il n’explique rien non plus … « il neige grâce à Dieu », « le président de la république est envoyé par Dieu »… In god we trust,... un peu trop ! J’ai entendu récemment une interview de Michel Onfray le philosophe qui affirme que la religion est une « pathologie mentale » : Savoureux!
Mais, pour le béotien moyen qui observe un siphonophore, il y’a de quoi se poser des questions. Face à une organisation aussi complète et en même temps aussi simple ! Voyons ces créatures remarquables de plus près...
Présentation.

Les siphonophores sont les plus forts !

Physalia physalis

Les siphonophores sont des cnidaires, comme les hydres, les méduses, les anémones de mer ou encore les coraux. Ils font partie des hydrozoaires (le groupe des hydres). Ce sont des organismes marins assimilés au zooplancton bien qu’il puisse atteindre de grandes tailles (jusqu’à 40m de long).
Comme tous les cnidaires les siphonophores se développent à partir d’une larve dite planula. La partie antérieure de cette larve va donner un nodule à la forme d’une méduse le pneumatophore, tandis que la base va s’allonger et donner un premier filament pêcheurs. Entre ces deux zones vont se développer  des cloches natatoires et d’autres filaments pêcheurs.
Au final chaque colonie se compose d’un nectosome partie qui permet le déplacement et la flottaison et d’un siphonosome composée d’unités identiques les unes aux autres et comprenant à chaque fois un filament pêcheur : les cormidies.



Distribution des rôles

Qui fait quoi chez un siphonophore ? Prenons l’exemple du genre Halistemma : un siphonophore où chaque unité est bien individualisée et disposée de façon linéaire sur un axe le stolon.- Le nectosome (du grec "necton" qui nage) est en quelque sorte le moteur du siphonophore, il comprend:
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  • Le pneumatophore : cette petite vésicule va former une poche remplie de gaz (composé d’argon, d’azote et d’oxygène)  qui va assurer la flottaison.
  • Les cloches natatoires : à la manière de petites méduses ces éléments vont permettre la propulsion du siphonophore en se contractant afin d’expulser l’eau présente au centre de la cloche.
- Les cormidies qui composent le siphonosome comprennent à chaque fois :
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  • Une bractée : c’est un élément aplatie qui protège le reste de la cormidie
  • Un dactylozoïde ou cystozoïde : qui a un rôle d’excrétion des déchets
  • Un ou plusieurs gonozoïdes, mâles et femelles qui produiront les cellules reproductrices nécéssaire la formation de nouvelles larves
  • Un gastrozoïte : qui comprend une cavité gastrovasculaire et un filament pêcheur qui va ramener les proies dans la cavité du gastrozoïte.
  • Parfois d'autres éléments :  dactylozoïde, cystozoïde ...

 
Un vaisseau de guerre bien armé !
L’espèce de siphonophore la plus connue est sans doute Physalia physalis (voir plus haut), dont le nom provient du grec « phusalis » et signifie galère portugaise, c’est d’ailleurs le nom commun de cette espèce. Cette appellation martiale provient sans doute plus de l’allure du pneumatophore en coque de bateau, que de la présence de filaments pêcheurs doté de cellules urticantes : les cnidocytes.
Ces cellules caractéristiques ont donné leur nom au groupe des cnidaires. Ce sont de véritables lassos/harpons enroulés dans une vésicule sous pression : le nématocyste. Un cnidocil au sommet de la cellule permet de déclencher le mécanisme de libération du filament urticant enroulé dans le nématocyste.
Les siphonophores sont les plus forts !
La proie en plus de subir les effets urticants de la toxine contenue dans le nématocyste peut , si sa taille le permet, se retrouver prisonnière, enroulée par le filament. La cible est ensuite ramenée à la bouche ou à l’entrée du gastrozoïte.  Cette arme redoutable apparue très tôt dans l’histoire du vivant peut se révéler mortelle y compris pour des organismes de grande taille tel que l’Homme (voir par exemple la méduse Chironex fleckeri ) !
On a donc chez les siphonophores une sorte de « pêche à la ligne » géante, permettant  la capture massive de petites proies sur toute la surface couverte par les filaments pêcheurs. Cette efficacité est parfois accrue par une bioluminescence et des tenilles "leurres" qui miment des copépodes ( crustacé planctoniques) dont le but est d’attirer les poissons.
Les siphonophores sont les plus forts !
Les siphonophores sont les plus forts !
[A gauche: Vue des cloches natatoires d'un siphonophore. A droite: Exemples de tentilles (petites tentacules) bioluminescentes miment des copépodes marins. chez un siphonophore du genre Erenna (Haddock, Science - 2005)]
Super-organisme… oui et non !
Chaque siphonophore est on l’aura compris, formé d’unité spécialisée et assemblées en une seule structure. Chacune de ces unités peut se comparer à un polype (forme de cnidaire fixée) ou a une méduse (cloches natatoires par exemple). On a donc plusieurs unités hautement spécialisée dans diverses fonctions. En ce sens un siphonophore est un cnidaire colonial, c’est à dire composé d’individus ayant le même génotype puisqu’issus de la même larve et fixés les uns aux autres. On parle de super-organisme car chaque individu participe à la survie de l’ensemble de la structure.
Mais que dire alors de l’organisme humain par exemple ? Isoler en tant d’individu un gastrozoïte n’as pas forcement plus de sens que d’isoler en tant d’individu un organe participant au bon fonctionnement du corps humain.
C’est pourquoi le terme de super-organisme ne peut à mon avis s’appliquer qu’aux espèces sociales  dont les individus sont bien distincts, car physiquement séparés, et participant au bon fonctionnement de la société qui est considérée  comme le super-organisme. C’est le cas des abeilles qui se dévouent pour la ruche par exemple. Le problème consiste en fait à résoudre la question de l’individualité…  La philosophie est-elle donc partout ?
[Quelques vidéo de siphonophores à l'œuvre:]Liens: 
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