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Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (Histoire sur la résistance algérienne, 2010)

Publié le 05 février 2011 par Florian @punkonline

Hors-la-loi de Rachid Bouchareb (Histoire sur la résistance algérienne, 2010)Hors-la-loi est le second volet du triptyque de Bouchareb sur l'Algérie. Après s'être penché la présence d'Algériens dans le camp français durant la seconde guerre mondiale avec Indigènes et avant de s'attaquer à l'Algérie postguerre, il s'est intéressé ici à la résistance du FLN (Front de Libération National) voulant une Algérie libre et indépendante. Cette organisation n'a pas fait l'unanimité, d'abord dans le camp franchouillard, mais aussi dans le camp algérien. Ses méthodes d'action directes qui comprenaient meutes et attentats, qui n'étaient pas les méthodes utilisées par toute la résistance.
Bouchareb déclare que ces films ont une vocation pédagogique, car les nouvelles générations "ont besoin de connaitre le passé colonial" de la France. Il est vrai qu'il y a encore quelques années, la guerre d'Algérie était évoquée en surface en Histoire à l'école. Pour Bouchared le cinéma a pour rôle de susciter le débat. Paris réussit, puisque la première scène à de nombreux détracteurs. Elle met en image le massacre de Sétif qui a eu lieu le 8 mai 1945. Ce jour-là à Paris tout le monde est dans les rues et fête la Libération. À Sétif a également lieu une marche du même type. Des nationalistes algériens en ont profité pour revendiquer l'indépendance. Tout dérape lorsqu'un policier tire sur un jeune scout musulman tenant un drapeau de l'Algérie. Des émeutes se déclenchent, l'armée française réplique fermement. Les chiffres sur le nombre de morts varient énormément selon les parties. Les historiens évoquent une fourchette entre 8 000 et 15 000 morts. La polémique a commencé avec Lionnel Luca un député - de l'UMP cela va de soit - qui a critique la façon dont ont été mis en scène les évènements de Sétif, sans l'avoir vu.
Le massacre n'est évoqué que dans les premières minutes. L'histoire est celle de trois frères - les mêmes acteurs principaux que dans Indigènes. Saïd vit avec sa mère, Messaoud est en Indochine - la guerre se termine le 21 juillet 1954 et verra la naissance de trois nouveaux États : le Viêt Nam, le Cambodge et le Laos - et Abdelkader est à la prison de la Santé à Paris depuis son arrestation à Sétif. Ils vont tous les trois se retrouver dans un bidonville de Nanterre. Abdelkader rallie Messaoud dans la résistance algérienne, celle du FLN, tandis que Saïd opère dans le banditisme.
Le FLN est le parti socialiste algérien. L'ALN est la branche armée du Parti. Le but de l'ALN en France est de rallier les immigrants algériens à sa cause, en finançant le mouvement. Mais devant l'indifférence qu'il suscite et l'opposition d'autres mouvements tels MNA (Mouvement National Algérien) contre qui il va mener une guerre en France, le FNL va se radicaliser. Le principe de ses dirigeants en France était que la violence serait toujours profitable au mouvement. C'est ainsi que les "traites", ceux qui ne soutiennent pas le FNL, sont assassinés et que de nombreux attentats sont perpétrés. Pour se financer, le FLN prend des allures de mafia, en prenant des parts dans le cabaret de Saïd financé par la prostitution.
Une image peu reluisante, mais les mouvements l'armée des ombres durant la France occupée se comportaient-ils différemment ? Devant cette montée de violence, se créer sur le front algérien un groupe armé : "la main rouge". En France, cette entité obscure va apparaître au sein de la police. L'idée est d'utiliser les mêmes méthodes du FLN pour "terroriser les soutiens du FLN et abattre ses chefs" tout en ayant l'immunité des hautes autorités.
L'étau se resserra pour Abdelkader, pour qui la lutte est toute sa vie. Il ira jusqu'à menacer son frère Saïd qui ne veut pas se mêler à la résistance. Avec l'argent qu'il a amassé, il a fondé son club de boxe, son rêve.
Bouchareb montre le FLN comme un mouvement de résistance violent. D'autres ne voient que des terroristes qui s'attaquent aux intérêts français représentés ici par le Colonel Faivre. Les empires coloniaux ont une tendance depuis la fin de la guerre à qualifier de terrorisme tous les mouvements nationalistes. Le plus connu à ce jour est le combat palestinien qui a commencé en 1948 et qui continue toujours. Beaucoup de français pro-Algérie française critique les premières années de l'Algérie indépendante. En effet, les massacres de Harkies - Algérien combattant du côté français considéré comme des traitres par le FLN - ont été nombreux. Mais le climat de violence est dû aussi au jusqu'au-boutisme de la France qui n'a pas voulu pacifier la situation et a laissé envenimer les choses jusqu'à un point de non-retour. La guerre d'Algérie s'est terminée le 5 juillet 1962.


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