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Orange Mécanique, d'Anthony Burgess

Publié le 07 février 2011 par Acdehaenne

Une ville, Londres. Un adolescent, Alex. Des bagarres, des viols, des bars lugubres, une bande de droug, une langue inventée. Vous prendrez bien un dernier verre d’ultra violence ? Orange mécanique, ou l’histoire d’un chef de bande rattrapé par ses actes. L’histoire d’un système qui ne vaut guère mieux. Attention, œuvre culte.

Par où commencer ? Je me le demande bien. Commençons peut être par

Ondes sonores
la forme, qui vaut autant que le fond. Tout d’abord, je précise que j’ai lu la version originale. Nuance importante. Tout d’abord, j’ai été épargné par une énième couverture/affiche de film. Parce que, non mais, Orange Mécanique n’est pas qu’un film de Kubrick ! Ensuite, j’ai pu profiter comme il se doit du langage inventé par Anthony Burgees. Et il faut s’accrocher pour l’avaler, autant que le breuvage que boivent les compagnons d’infortune. Le Nadsat est un mélange d’anglais, de russe et d’autres dialectes argotiques. De ce que j’ai lu, la volonté de l’auteur était de rendre son histoire intemporelle. En utilisant une langue étrange autant qu’étrangère, il empêche de la situer dans le temps. Par ailleurs, ces mots cyrilliques qui me renvoient à mes études de la langue russe ont une sonorité…c’est ça ! Une sonorité ! Autant agréable à lire qu’à prononcer à haute voix. Orange Mécanique, c’est aussi ça. Ça ne se lit pas tranquillement au coin du feu. Ça se doit d’être sonore ! Sortez les guitares, sortes les percus, sortez le rhum ! Et vous aurez à peu près la forme qui va bien.

Passons à l’histoire. Elle est dérangeante. C’est un fait. Alex parcourt la ville avec ses droug, couche avec des jeunes filles (il n’est déjà pas bien vieux). Parfois elles le veulent, parfois moins, parfois pas. Puis se réveille la tête dans le sac. Dès qu’ils croisent une bande rivale, une lutte sans merci s’engage. Parfois tout le monde survit, parfois moins, parfois…Parfois il y a des innocents, parfois seulement.

Voilà le quotidien de ces jeunes gens à la recherche de frissons. Mais un jour, le frisson tourne à la crève hivernale. Une fois la ligne franchie, tout devient bien plus compliqué. Une fois la ligne franchie, les amis d’alors changent eux aussi de bord. Et voilà Alex condamné à un séjour en prison auprès des prêtres lugubres et des responsables qui ne le sont pas moins. Alors qu’il se répand dans les histoires bibliques, on propose un marché à Alex. S’il suit un traitement, il sortira. Traitement de choc s’il en est. Quand il sortira, il n’y aura plus de sexe, plus de violence, plus de Beethoven. Effectivement, il sortira, ils n’ont pas menti. Mais Alex devra ensuite faire face à une autre torture : retrouver la vie extérieure, retrouver les gens à qui il a causé du tord, retrouvé aussi des gens qui ne désiraient absolument pas le retrouver.

Il y aurait des tas de choses à dire sur cette œuvre. Sur la langue inventée comme je l’ai souligné. Sur la violence bien sûr même si ce n’est que la partie émergente de l’iceberg. Car il y a aussi le système carcéral avec ses idées autant extravagantes qu’expérimentales. Comme si sous prétexte que ses pensionnaires ont fait du tord à la société, la société pouvait leur rendre la pareil. Une justice divine en quelque sorte. Car nous n’en sommes pas loin effectivement. Et voilà que ceux qui jugeaient les exactions d’Alex s’alignent et savourent leurs propres exactions. Il y a aussi la question du repentir, de la réinsertion. Les coupables qui se retrouvent insérés parmi les officiels du système. Il y a les amitiés qui se transforment quand la roue tourne.

Bon, certes, pour profiter pleinement de ce livre, il vaut mieux ne pas avoir peur d’être bousculé tant psychologiquement que dans nos habitudes de lecteurs/trices. Pour peu qu’on le lise en vo (je ne sais pas ce que vaut la version française), il vaut mieux maitriser plusieurs langues et être imaginatifs quand cela dépasse nos compétences. En résumé, un livre peu accessible. Mais une fois qu’on y est…

Note :

Orange Mécanique, d'Anthony Burgess
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