« - Y a tellement rien à la télévision de nos jours. – Rien qui donne envie de vivre ? – C’est cela. » Dialogue tiré de Cœurs film d’Alain Resnais.
Sinon, depuis mardi 1er février près de la moitié des Français est passée au tout-numérique avec l’interruption définitive de l’analogique en Haute-Normandie, Picardie et Nord-Pas-de-Calais. Les derniers élus seront servis au plus tard le 30 novembre prochain.
Lundi, j’hésite entre ARTE et le film d’Hitchcock La corde que j’ai vu plusieurs fois déjà et France2. Je la joue fine, un épisode de Cold Case : affaires classées car il y a longtemps que je n’y ai pas jeté un œil. Ce n’est pas mal du tout, puis j’enchaîne avec ARTE pour assister au suspens final entre James Stewart et les frangins criminels. Premier film en couleurs du maître (1948), l’image est parfaite mais le son du doublage laisse à désirer une fois encore. Content de cette astuce organisationnelle, je me couche heureux de ma soirée.
Mardi et mercredi sur France2, A la recherche du temps perdu. Adaptation de l’œuvre de Proust par Nina Companeez que j’ai trouvée franchement réussie pour plusieurs raisons. D’abord, mes quatre volumes de la Pléiade réduits à deux téléfilms de 2h, il fallait oser, ensuite la réalisatrice n’est pas tombée dans le piège d’une adaptation du genre « attention chef-d’œuvre de la littérature blablabla » qui aurait rasé tout le monde, au contraire c’était léger et plein d’humour quant au texte dit en voix off par le narrateur il était délectable bien entendu. Les acteurs étaient tous très bons mais il faut distinguer Didier Sandre (Baron de Charlus) et Dominique Blanc (Mme Verdurin). Le seul préalable, il fallait s’accrocher durant le premier quart d’heure pour « accepter » Micha Lescot dans le rôle du narrateur (Proust) car son allure de Mr Bean – dans certains plans – et ses manières évaporées – tout à fait dans le rôle - déroutaient un peu. Deux excellentes soirées mondaines, qui devraient donner envie de lire l’œuvre de Proust à ceux qui ne la connaissent pas encore et de la relire aux autres. Merci pour cette adaptation de Proust qui « si célèbre qu’il soit, est inconnu de l’immense public de la télévision » pour reprendre les mots de François Mauriac dans l’Express du 20/01/1962.Jeudi, comme tous les soirs de la semaine, entre 20h-20h30 un documentaire sur France5, Paris-Jérusalem. Un couple s’est lancé dans un voyage de noce un peu spécial, relier Paris à Jérusalem à pied exclusivement, 6000 km ! Le documentaire n’était pas vraiment intéressant, peu à voir de très original, par contre l’idée d’un tel voyage, quel carburant pour l’imagination ! Qui n’a jamais eu envie de se lancer dans ce genre de trip, mais a renoncé par trouille et manque de cojones ? Personnellement j’admire ce genre d’exploit gratuit. J’enchaîne sur le même canal avec La grande librairie. L’émission m’a semblée moyenne ce soir, malgré la présence de Hubert Reeves et sa coupe de cheveux démente, Philippe Delerm qui marmonne dans sa barbe en se mâchant le doigt, Jonathan Coe le britannique célèbre et Iegor Gran qui fût le seul à éveiller mon attention avec son bouquin iconoclaste L’écologie en bas de chez moi.
Vendredi, ARTE reprend la diffusion de téléfilms de la série Les enquêtes de l’inspecteur Wallander. Adaptations de l’œuvre du Suédois Henning Mankell – qui sera d’ailleurs l’invité d’honneur du 31eme Salon du livre de Paris du 18 au 21 mars – avec Kenneth Branagh dans le rôle titre. Un polar de haute tenue, un bon scénario, bien filmé et bien joué, toute la différence entre les séries industrielles déclinées en « saisons » sans fin et l’artisanat de qualité. J’attends vendredi prochain avec impatience.Samedi après-midi je ne bouge pas de mon canapé, France2 diffuse deux matches du Tournoi des VI Nations de rugby, d’abord un Italie/Irlande où des Irlandais poussifs s’imposent de justesse devant des Italiens pas très malins. Tout cela n’était que mise en bouche avant France/Ecosse. Le XV tricolore nous a régalés d’un bon match, les deux équipes ouvrant à outrance et marquant des essais, quand la partie est belle et que la France gagne l’essentiel est dit. Là encore j’attends la suite, le week-end prochain, avec impatience. Le soir j’allais tenter le voyage avec le Commissaire Magellan sur France3 quand je me suis souvenu qu’il m’avait donné le mal de mer il y a quelques mois, alors extinction du poste, je reste à terre.
Dimanche soir, je me fais un Inspecteur Barnaby sur France3 mais je ne manque pas d’enregistrer La garçonnière sur ARTE, l’excellent film (1960) de Billy Wilder avec Jack Lemmon et Shirley MacLaine, un de ces grands films qu’on peut voir et revoir toujours avec le même plaisir.Une grosse semaine de télé mais qui doit beaucoup à la littérature. D’ailleurs que serait la télévision sans les livres ? Les meilleurs programmes diffusés sont le plus souvent des films ou des téléfilms, et les plus réussis sont presque toujours tirés d’un bouquin. Inversement, les émissions les plus tartes sont exclusivement ( ?) les réelles créations télévisuelles comme les émissions dites de variétés, les jeux, les téléréalités etc. Tout ce qui est bien naze est issu du cœur même de la télévision. En général. Du moins est-ce mon avis et je le partage !