Au moment où deux disciplines équestres s’apprêtent à faire leur “entrée” sur le marché des paris sportifs, Serge Lecomte, le très actif président de la FFE, répond à toutes nos questions. Une interview exclusive, publiée dans le numéro 8 d’IGA Magazine, qui vient de sortir.
Comment avez-vous choisi le saut d’obstacles et le Horse Ball? D’autres disciplines seront-elles proposées ultérieurement?
Le saut d’obstacles et le Horse Ball sont deux disciplines qui ne font pas l’objet d’un jugement humain. Le CSO est la discipline équestre n°1 dans le monde et en France, plusieurs millions de Français connaissent bien l’objectif, faire un parcours sans faute et sans pénalité de temps. Nous avons créé un circuit dénommé “Super 10”. Les partants sont répartis en groupes “Simple 10” sur lesquels les opérateurs pourront organiser différents paris, les meilleurs couples participent ensuite à la manche finale “Super 10”. Chaque séquence “Simple 10” ou “Super 10” de 10 cavaliers dure au maximum 20 minutes et permet d’organiser des paris. Le Horse ball est moins connu, bien qu’il y ait un championnat du monde. Le championnat de France Pro Elite qui a été choisi est comme le top 14 de rugby, il rassemble les 8 meilleures équipes françaises pour des matchs courts en deux mi-temps de 10 minutes, avec des règles très faciles à comprendre, c’est un jeu de ballon où il faut marquer des buts. Et surtout, les images sont très spectaculaires.
Vous souhaitez médiatiser au moins un événement par week-end. Y’aura-t-il suffisamment de compétitions fédératrices pour cela?
Nous avons en France plus de 10.000 compétitions équestres chaque année. À partir de mars 2011, nous aurons les meilleurs niveaux de compétition ouverts aux paris chaque dimanche avec des épreuves Super 10 regroupant les meilleurs cavaliers français et trois week-ends de Horse Ball avec 8 matchs. Nous allons également mettre à disposition de tous les pronostiqueurs et joueurs le classement actualisé en permanence de chaque cavalier et de chaque cheval du circuit Super 10.
Quels sont vos rapports avec les différents opérateurs? Les sentez-vous vraiment friands de disciplines nouvelles?
Nous avons rencontré plusieurs opérateurs. Tous nous ont dit leur intérêt pour cette discipline sportive, mais aussi équestre qui fait bien sûr référence à la passion du cheval. Quand nous adresserons aux opérateurs nos propositions des cahiers des charges pour les paris et de contrat pour utiliser les images temps réel que nous allons produire, nous transmettrons des études qui montrent que plus de deux millions de Français montent à cheval, plus de 12 millions aimeraient monter ou remonter à cheval. En réalité, il faut comprendre que toutes les personnes qui sont devenues cavalier à un moment de leur vie le restent; pour peu qu’ils soient joueurs, aux opérateurs de leur proposer des jeux passionnants!
Quel est l’objectif de la FFE avec cette ouverture?
La FFE a engagé des moyens importants en créant une équipe de commissaires aux paris, de commissaires sportifs, d’opérateurs de saisie et de tournage vidéo temps réel avec un speaker dédié. Ces moyens nouveaux vont permettre d’offrir un support visuel et sonore de qualité et l’objectif de la FFE est d’améliorer l’organisation des compétitions pour améliorer la performance sportive. Les ressources seront destinées aux organisateurs et à mieux faire connaître les sports équestres.
Il y a un an, vous annonciez 700.000 cavaliers prenant la licence FFE. La progression, impressionnante, continue-t-elle?
Nos indicateurs sont encourageants, la FFE progresse régulièrement depuis 30 ans, ce qui est aussi important à souligner, c’est que l’augmentation des licenciés, des compétiteurs, des organisateurs entraîne aussi celle des éleveurs et de la filière. Plus de 50.000 personnes vivent aujourd’hui du cheval, nous disposons d’un vrai potentiel en attente d’innovation et de projets nouveaux.
Quel est, quant à vous, votre regard personnel sur les premiers mois d’ouverture du marché français?
Nous suivons de près les résultats publiés, nous avons particulièrement lu que le tennis fait un bon début, nous pensons que ce sport bénéficie comme l’équitation d’un fort attachement de son public et de jeux simples pour les parieurs. Nous avons mis en place des séquences de jeux chaque dimanche beaucoup plus courts qu’un match de tennis. Plusieurs opérateurs nous ont clairement indiqué l’importance de proposer du live betting avec beaucoup d’informations. Nous constatons que la vraie clé nécessaire au développement des paris équestres est la capacité de rassembler un réseau de passionnés pour proposer davantage qu’une simple rencontre avec un écran d’ordinateur. Parmi les 12 millions de français qui “pensent cheval et équitation”, il y a forcément un public en attente.
Comment faites-vous de cette ouverture une opportunité pour la FFE?
Nous avons abordé cette ouverture sous l’angle d’une démarche qualité et communication. Nos disciplines sont très connues des passionnés, moins du grand public et l’ouverture de paris sportifs va faire connaître le saut d’obstacles et le Horse Ball. Les paris nous permettent aussi de sortir de nos traditions et d’offrir des formats d’épreuves en phase avec les attentes du public d’aujourd’hui et des médias. Nos organisateurs et nos équipes d’organisation vont produire du beau sport et de belles images et nos cavaliers qui sont parmi les meilleurs du monde savent produire l’émotion des grands sports. La technique est prête, nous pourrons communiquer des résultats à la presse en temps réel. Toutes les images produites en direct seront diffusées en différé sur notreTV, et chaque jeudi, le classement national des cavaliers et des chevaux sera mis à jour, pour la meilleure information du public et des pronostiqueurs. Nous voyons déjà apparaître un pronostiqueur spécialiste du Horse ball, sport d’équipe qui, lui aussi, promet du beau spectacle, du beau sport et devrait faire découvrir l’équitation sous un angle très moderne. Parier sur 8 équipes de 6 chevaux et 6 cavaliers ressemblera beaucoup aux paris organisés sur le football, les parieurs non cavaliers devraient être facilement séduits par la simplicité des règles.
Pensez-vous que de nombreux opérateurs vont disparaître, ou être absorbés par d’autres? Cela vous poserait-il problème?
C’est la loi du marché et les mouvements sont inévitables. Nous espérons simplement qu’il y aura suffisamment d’opérateurs pour conserver le dynamisme nécessaire pour faire de ces paris des moments de détente et de convivialité autour du sport.
Technologiquement, vous vous voulez à la pointe. Cela signifie que vous investissez sans cesse et observez ce qui se fait dans le monde entier?
Nous devons sans cesse améliorer nos outils de gestion pour répondre au développement de nos activités. Faire mieux et plus vite est l’exigence permanente que nous impose notre volonté de répondre à la demande des loisirs sportifs et au maintien de la France parmi les plus grandes nations équestres au monde. Nous participons à des compétitions équestres dans le monde entier et nous sommes confrontés chaque jour à l’organisation des autres pays, c’est motivant et facteur de progrès. Ce que nous allons mettre en place pour les paris sportifs n’existe dans aucun autre pays et cette innovation est déjà convoitée alors qu’elle n’est pas encore en service.
Votre site, FFE.com, est de plus en plus populaire. Comment comptez-vous le développer dans les mois qui viennent?
Il est développé en permanence et c’est pourquoi il a un si fort taux de fréquentation. Nous mettons en place de nouveaux écrans d’entrée par catégorie de public, chacun doit pouvoir à la fois trouver ce qu’il cherche au premier abord et découvrir l’univers de l’équitation et de la FFE. Nous allons d’une part créer une entrée d’information sur les paris sportifs, les opérateurs, et d’autre part, un accès spécifique aux résultats des compétitions supports de paris. Tout cela sera aussi à la disposition des opérateurs. Des liens permettront de tout savoir sur les cavaliers, les chevaux, les équipes et le classement permanent. La mise en place des paris sportifs nous a d’ores et déjà propulsés dans le progrès et nous sommes convaincus que ce sera une réussite dès lors que la fédération d’équitation et les opérateurs de paris sportifs sauront travailler sur du long terme en y associant toute la démarche culturelle du cheval qui attire chaque jour davantage de public à l’équitation.
Propos recueillis par Sam Lebowski
IGA Magazine