Giuseppe Capotondi connaît ses classiques. Au moins ceux de Mr Hitchcock. Il n’est pas le seul, mais dans la foultitude, il s’en tire plutôt bien, ajoutant aux leçons du maître, sa propre personnalité. Qui tient à un assemblage technique qui remet finement d’aplomb, tout ce qui nous paraissait de guingois. Notamment ce montage à l’emporte-pièce, porté par un récit en trompe l’œil qui perd le spectateur avec jubilation, sans jamais vraiment l’égarer.
Quand Guido meurt alors qu’il s’apprêtait à vivre une belle histoire d’amour avec Sonia, celle-ci se réveille d’un long coma. Mais rêvait-elle ou bien le sens qu’elle donnait à sa vie prenait-il le chemin des fantasmes ? Tout ce qui l’entoure se fissure pourtant réellement, surtout quand Guido l’appelle et vient à sa rencontre.
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Dans ce dédale amoureux dessiné dans une Italie un brin berlusconienne, Capotondi prend un malin plaisir à brouiller les cartes, savamment redistribués par deux comédiens tout à fait dans sa ligne de mire. Entre thriller psychologique et film noir Kseniya Rappoport et, Filippo Timi , s’affrontent à demi-mots, et dans des regards éloquents, donnent toute la dimension hitchcockienne de leur univers. Si l’un a percé le mystère de l’autre, cela ne change rien à la donne, et les choses de la vie poursuivent leurs cours, malgré cet engrenage machiavélique qui entraîne inéluctablement la jeune femme.
Les blasés trouveront peut-être les ficelles du scénario un peu téléphonées (pourquoi pas ?), un peu prévisibles. J’ai personnellement pris beaucoup de plaisir sue ce polar à l’italienne, qui m’a souvent surpris, dans sa direction d’acteurs, ses renversements de situation, et cette fin qui aurait pu trouver mille autres échappatoires.
La mise en condition orchestrée avec subtilité par le réalisateur italien, nous laissant croire que l’heure du crime peut sonner à toute heure …
Jeune , et déjà prometteur , le réalisateur
C’est son premier film. Avec encore plus de culot (et il n’en manque déjà pas) Giuseppe Capotondi peut alors renouer avec la grande vague du cinéma italien .Ksenia Rappoport a reçu la coupe Volpi de la meilleure actrice lors de la 66 è Mostra de Venise. Une juste récompense pour une interprète qui se joue des miroirs que lui tend le réalisateur, pour offrir mille visages, comme autant d’histoires possibles, et de passions déroutantes. Déroutant, c’est bien le mot.
Suppléments
Making of (23 min)
Un détour assez classique dans les coulisses du film où réalisateur et interprètes donnent leur propre version d’une histoire, à travers la façon de jouer les personnages. Mais sur le travail même de Giuseppe Capotondi, pas grand-chose à se mettre sous la dent.
Scènes coupées (3 min)
Il s’agit principalement de celles où apparaît le père de Guido et effectivement elles ne nous révèlent rien de particulier quant au dénouement de l’histoire.