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[Critique] Black Swan

Par Kub3

Article originellement publié le 28 janvier 2011

En plus d’être le premier film marquant de l’année, Black Swan est la plus belle réalisation signée Aronofsky. Un film tout en tension portée par une Natalie Portman bluffante, plus que jamais prétendante à l’Oscar.

[Critique] Black Swan

Célébrité déchue (The Wrestler), quête de l’absolu (π) et descente aux enfers (Requiem for a Dream) : si l’on exclue son erreur de parcours, The Fountain, Black Swan est une synthèse parfaite de la courte filmographie de Darren Aronofsky. Le réalisateur parvient à maintenir sur la longueur un état de tension permanent tandis que son personnage principal, la danseuse de ballet Nina, se bat à la fois pour la reconnaissance du public et contre sa folie.

Fini les montages nerveux de mouvements en gros plan. Dès le départ la dimension fondamentalement psychologique du film est suggérée par une absence quasi-totale de plans d’ensemble ainsi qu’une caméra vissée à l’arrière du crâne de Nina, tandis qu’elle se rend à ses répétitions au Lincoln Center de New York. Les scènes de danse, impeccablement filmées, sont constamment ponctuées par le souffle rauque des artistes en plein effort. Quant à la musique, mélange de Tchaïkovski et de motifs lancinants, elle est omniprésente dans le film comme elle l’est dans la vie de Nina.

Mais cette réalisation parfaitement maîtrisée ne serait qu’une coquille vide sans la prestation de Natalie Portman, plus « oscarisable » que jamais. Tout comme Aronofsky avait choisi Mickey Rourke, acteur en plein retour, pour incarner un catcheur à la reconquête dans The Wrestler, le réalisateur a jeté son dévolu sur une actrice jamais encore primée aux Oscars pour jouer le rôle d’une danseuse dont l’heure de gloire a sonné. A raison, puisqu’elle a remporté le Golden Globe de la meilleure actrice pour ce film et fait partie des nominées pour l’Oscar dans la même catégorie.

Pour coller au plus près de son personnage, Natalie Portman a réalisé 90% des scènes de danse, allant jusqu’à épouser le physique famélique des étoiles. Dans la peau de Nina, elle incarne une jeune femme à la fragilité de verre aux prises avec le monde compétitif et putassier de la danse professionnelle, enfant soldat étouffé par une mère qui projette sur elle son désir de reconnaissance. L’actrice fait de ce rôle un brin caricatural (l’artiste paranoïaque à la recherche de la perfection) un monument de tourments, une âme déchirée entre ses désirs et la peur de perdre pied.

Comme souvent, la bande-annonce est trompeuse. Si Black Swan est un film oppressant, il est très loin de l’univers de David Cronenberg (La Mouche). La transformation de Nina, bien plus que physique, tient au sacrifice qu’elle doit faire : celui de son innocence. En quête de la performance parfaite, Nina est contrainte de briser le cocon tissé par sa mère et cède à la passion afin de donner vie au rôle du signe noir, ténébreux et sensuel. La révélation d’une danseuse, la consécration d’une actrice.

Un autre point de vue ? C’est chez Rob Gordon

[Critique] Black Swan

En salles le 9 février 2011

Photo : © Twentieth Century Fox France


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