Parmi les galeries que j’ai remarquées,
Grossetti présentait une White Meditation Room avec des oeuvres blanches, évanescentes, impalpables de huit artistes, dont
Rossella Bellusci, et, sur cette photo, à gauche les tubulures en porcelaine d’
Enzo Castagno (”Enarmonia II”) et, au fond, le volume attirant mais impénétrable d’
Angela Glajcar (”Terforation”). J’ai aussi apprécié les stands de
Lia Rumma et de
Pack, mais passons à quelques pièces particulièrement intéressantes de non-Italiens.
Maria Jose Arjona (
galerie Anita Beckers) présente un travail sur la limite, l’oeillère, l’empêchement, qui pourrait avoir un lointain rapport avec le bondage, mais est surtout témoin d’un enfermement, d’une contrainte (”On the Powers of Symbols, Images and Narratives”). A la galerie Fama
,
Mat Collishaw montre des précieuses natures mortes d’assiettes, de verres et de mets, très sombres et attirantes jusqu’à ce qu’on en ait lu le titre : “Last Meal on Death Row“.
La galerie Primo Marella montre plusieurs artistes africains, avec ce beau contraste entre la noirceur ébouriffée de Joël Andrianomearisoa et les surfaces colorées d’Abdoulaye Kounaté.
La surprise vient dans le dernier stand que je visite, au terme d’un parcours en zigzag systématique : le stand de la galerie
Emmeotto est dédiée au dernier travail de
Nicole Tran Ba Vang, pratiquement pas montré jusqu’ici. De grandes photographies de la Joconde, de la Fornarina, de Marie-Antoinette, d’une statue d’Aphrodite, devant lesquelles le regard se trouble : qu’y a-t-il là d’étrange, de non immédiatement reconnaissable ? Qu’est-il arrivé à ces icônes de la Beauté classique, éternellement jeunes ? Quel tabou l’
artiste a-t-elle osé transgresser, avec ces rides, ces tavelures, ces marques du temps qui passe, dans cette évocation perverse de
Dorian Gray ? Et pourquoi suis-je ainsi touché par ce vieillissement inéluctable (pour moi, et, ici, pour elles aussi) ? ‘You will never die’.
Hors de la foire, outre de belles mosaïques au sol de l’église Santa Maria della Vita (tout près du
Compianto), assemblages de tickets de loterie colorés dus à Ghost of Dream, le clou fut la présentation (dans une salle glaciale et mal sonorisée de l’université) par
Marina Abramovic du film sur ‘Seven Easy Pieces’, sa réinterprétation de performances au
Guggenheim.
Photos 2, 3 et 4 de l’auteur. Photos 5 & 6 courtoisie Nicole Tran Ba Vang. Photo 7 courtoisie du service de presse. Nicole Tran Ba Vang et Marina Abramovic étant représentées par l’ADAGP, les reproductions de leurs oeuvres seront ôtées du blog au bout d’un mois.