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La Passion selon Saint Martin : After Hours – Part I (by Nico)

Publié le 09 février 2011 par Lifeproof @CcilLifeproof

Parler de Martin Scorsese en ne citant qu’un seul film est difficile, voire impossible tant l’œuvre du maître est immense. Je vais pourtant tenter l’exercice et même le corser en choisissant un film moins connu que les désormais grands classiques que sont les Affranchis, Taxi Driver, les Nerfs à Vif ou encore Casino. Choix mûrement réfléchi car pour moi, After Hours est un condensé, non exhaustif mais presque, de tous les thèmes obsessionnels que le réalisateur a développé et développe encore au travers de son œuvre. Certains de ces thèmes seront laissés en friche avec le temps. Mais After Hours reste une fenêtre ouverte sur les sensibilités profondes du réalisateur.

Enfermé dans la monotonie de sa vie et aspirant à un avenir différent, à la recherche de sensations un peu plus spontanées et vraies, le personnage de Paul Hackett (Griffin Dunne) cède à la tentation en s’embarquant dans une histoire qui a tout au premier abord d’une passade anodine. Mais il va vite payer le prix de sa faiblesse et de sa perversion en vivant une incroyable descente aux enfers, au carrefour entre l’humour, l’absurdité mais surtout la terreur.

Marcy Franklin (Rosanna Arquette) stigmatise l'attirance irrémédiable vers la nouveauté et le mystère, mais aussi le péché et la tentation. La dimension perverse et interdite des pensées du personnage principal, illustrent le refus secret mais naturel du choix d’un métier et d’une vie routinière comme une fatalité. Scorsese développera cette idée dans une grande partie de son œuvre, jusqu’à l’extrême, en optant de manière quasi-définitive pour l'image du gangster. Voie moins conventionnelle et plus marginale, mais ô combien efficace, de vivre mais aussi et surtout de survivre dans un monde ennuyeux et agressif, concept récurrent de Scorsese terriblement bien illustré par le discours d’introduction du jeune Henry Hill dans les Affranchis(1990).

Le scénario de After Hours nous amène sur un sentier sinueux, accidenté et brumeux, qui donne à la mise en scène des aspects parfois presque lynchiens. Figure de style réussie par Scorsese, qu’il ne reproduira cependant pas au cours de son œuvre au profit de mises en scènes et de scénarios plus directs, mais terriblement efficaces, tout en conservant un style de mise en image propre qui fait toute la différence entre un bon réalisateur et un maître du cinéma moderne.

Avant d’aller plus loin et parce que cet article était trop long pour le blog, je vous laisse regarder le film et vous donne rendez-vous dans un mois pour que nous approfondissions ensemble les obsessions récurrentes de Martin.


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