Magazine

Frousse dans la brousse 2

Publié le 10 février 2011 par Paulo Lobo
Frousse dans la brousse 2Froid, c'est la couleur de l'effroi
Un mur en pleurs n'a peur de rien
Bain de lait, bien volontiers
Vous n'êtes pas un peu lézard, par hasard?
Criblé de dettes, il mangeait des dattes
Il entra dans la banque, masqué, un foulard lui cachait le visage, ne laissant que les yeux à découvert.
Il avait sa caméra et envisagea de shooter à bout portant. Puis il se ravisa, ce serait marrant de faire durer un peu de show. De créer de la tension, de mettre de l'électricité dans l'air. Il était très porté sur les énergies naturelles.
Il resta quelques demi-secondes sur le seuil. Il y avait une dizaine de clients dispersés dans l'agence. Il avança deux mètres, puis cria : "Haut les mains tout le monde, ceci est un hold-up!" Il trouva singulière cette association linguistique qui contenait comme un assènement de la même idée.
Il y eut des cris, des protestations, des esquisses d'évanouissements, mais il tenait tout le monde fermement en joue avec son Nikon.
"Tournez-vous vers moi, tous!" Il mettait toute son autorité dans la voix, et beaucoup d'acier trempé, comme il avait vu faire au cinéma. Un agent de sécurité eut l'air de porter la main à son étui. "Arrête, toi, monsieur la menace, pas de geste déplacé, je suis une montagne de nervosité", lui addressa-t-il à l'emporte-pièce.
José - c'était le nom de l'agent, il était portugais, marié, et il aimait le "Bacalhau à braz"- se dit que le bandit à la caméra pouvait fort bien être bourré d'explosifs. Ce n'était qu'une supposition, mais par principe de précaution, il ne dégaina pas son Magnum 355 Cobalt.
L'homme masqué souffla. Il tenait la situation en main. Maintenant, il lui fallait agir vite.
Sans prévenir, il pressa plusieurs fois sur le déclencheur, en ayant soin de bien cadrer et de bien faire la mise au point. Pour la mesure de la lumière, il faisait confiance à la cellule automatique de l'appareil.
Les visages, interloqués, éberlués, effrayés, étaient magnifiques.
Le photo-tireur exultait. Il savait qu'il réussissait là une série de portraits exceptionnels. Deux jeunes filles, bien mignonnes de surcroît, eurent la présence d'esprit de prendre des poses très glamour. Un peu déplacé, vu les circonstances, opina-t-il, mais il n'avait pas le temps de discuter.
Une minute plus tard, il avait une centaine de clichés dans la boîte et se déclarait satisfait en son for intérieur.
"Je vous remercie tous pour votre bonne coopération. Je peux vous assurer que les photos sont expressives. Je vais partir maintenant, restez où vous êtes, n'essayez pas de me suivre."
Il se dit qu'il avait trop parlé. Cele ne faisait pas très romanesque, mais bon, il ne faisait qu'entamer sa carrière de braqueur d'images.
Il prit la poudre d'escampette, la glissa dans son sac et quitta les lieux.
L'alarme fut donnée immédiatement après, mais il avait plusieurs longueurs d'avance.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Paulo Lobo 1390 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte