Pour déchiffrer Le Grand Livre des Signes qu'est Venise, le voyageur a besoin de guides et avance dans la complicité secrète d'une écoute. Cette impression d'être conduit par l'indice d'un sourire, d'un récit, d'une chanson par la mémoire vivace d'un poète, d'un peintre, d'un musicien, " comme s'il fallait être introduit, invité par quelqu'un d'autre ", un ami qui nous aurait devancé et dont nous savons qu'il rejoint à travers le temps notre ombre, notre passage. D'où cette étrange sensation de toujours revenir sur les traces d'un autre... ©Catherine Hédouin
Le regard s'encombre de clichés pour le nouveau venu. Passé le premier enchantement, la confusion peut vite s'installer -- trop de clés pour trop de portes donnant sur leur clôture, seuils inaccessibles, si bien qu'il dérive et le monde peut s'enfoncer à jamais avec lui. Pourtant, les voix se propagent dans la moiteur organique de la ville... " Les sons nous parviennent d'un au-delà lointain. Comme s'il n'y avait à préserver, dans l'étroitesse de ces ruelles, une imaginaire distance. [...] Suivre les pas de l'inconnu, inlassablement... Puis seul, de nouveau seul, comme dans un rêve... Tout disparaît, comme si le temps s'éternisait à répéter... D'autres chemins qui se croisent... Puis rien, de nouveau seul... La résonance des pas, d'autres pas, comme interchangeant les rôles, comme si à notre tour on était suivi..." Bernard Neau-Extrait de Venise, Miroir des Signes - Sur les traces d'une absence. Les passages entre guillemets sont extraits d'un texte inédit de Pierre-Yves Buffy, Un soir, et de sa Correspondance -- plusieurs formules et réflexions s'inspirant de propos du poète-photographe.