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No country for old men: le western moderne des frères Coen

Par Thibault

No country for old menAprès une baisse de régime avec Ladykillers, le tandem Coen, revient incontestablement au sommet de leur art. Avec ce film aux allures de western policier, ils nous invitent à plonger dans un univers macabre. L’ambiance y est oppressante, il y règne une douce folie, un mélange d’humour et de féroce noirceur. C’est sans doute le long métrage le plus sanglant des frères les plus indépendants d’Amérique.

Indépendants, ils le sont. « Nous contrôlons le film du début à la fin : on l’écrit, on le produit, on le réalise et on le monte » expliquait Joel Coen en 1998, lors de la sortie de The Big Lebowsky. Depuis, cette règle de tout contrôler est encore d’actualité, car depuis 1985, date de la sortie de leur premier long métrage Sang pour sang à No Country for old men, la méthode est la même. Le duo a toujours conservé le Final cut. Et ça les réussi ! Il nous offre avec ce douzième film une virée obscure du Texas au nouveau Mexique. Une farce sanglante à l’humour macabre. Une œuvre à double fond et à double visage tirée du roman de Cormac McCarthy. Une première pour le tandem Coen, car il n’est dans leur habitude de s’inspirer d’une œuvre littéraire. Et c’est une première réussie, même si le film est reparti injustement bredouille du Festival de Cannes en mai 2007.

Vous l’aurez compris la Country, c’est l’Ouest Américain, un merveilleux cadre désertique et aride mis en valeur par des vues en plan large, donnant ainsi une dimension d’espace et de vide au paysage. Des images de cartes postales pour un film atrocement lugubre.
Le Old man, quant à lui, c’est le sherif Bell, interprété par un Tommy Lee Jones en grande forme. Trop vieux, ce shérif. Il est usé, impuissant face au monde moderne et ses nouveaux criminels. Il est dérouté, ses valeurs traditionnelles n’existent plus. Plus de bien, plus de mal, plus de loi, pour lui c’est la désillusion. Aujourd’hui il se confronte à des trafiquants de drogue sans foi ni loi et d’une violence inhumaine. Sur son chemin : Llewelyn Moss (Josh Brolin), un cow-boy, brut, brave, désinvolte, un vrai de vrai.

Il se retrouvera au centre d’une chasse à l’homme, conséquence du péché mignon de tout homme face à un engin de corruption, face à la chose qui peut avilir le plus honnête des cow-boys : un gros tas de pognon. Deux millions de dollars, sagement enfermés dans une valise entourée d’un cadavre ensanglanté à l’intérieur d’une camionnette abandonnée. Ah ! La grosse voix off du début, nous avait prévenu ! La région est connue pour son caractère violent. Ainsi le triste bilan d’un deal de drogue qui a mal tourné est une pluie de cadavre et l’abandon d’un gros magot. Bien sûr, il y a toujours un cow-boy stupide, qui passe par là et pense faire une super affaire en s’emparant de l’argent. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’en faisant cela, il signe son arrêt de mort. C’est bien connu, ce que les trafiquants de drogues détestent le plus, c’est qu’on touche à leurs billets de banque. Ils mettent ainsi un homme de main sur la piste du cow-boy aventureux. Un certain Anton Chigurh, joué par Javier Bardem qui a du faire des pieds et des mains pour dissimuler son accent espagnol, afin de coller parfaitement au rôle. Et si le shérif Bell représente, la loi passée, le personnage au regard différent des autres qui juge la violence de ce monde moderne qu’il ne comprend pas, Anton Chigurh, lui est l’incarnation même de cette violence monstrueuse. Il la rend pure, mystérieuse et fascinante. Monstre froid au regard vide.

On a ainsi le droit à un scénario mettant en scène le Bon, la Brute et le Truand, ou plus exactement, le Vieux, le Tocard, et le Méchant. Le tout nous tient sans arrêt en haleine. Le spectateur est sujet à toutes sortes d’émotions contradictoires. On passe de la compréhension de ce vieil homme désabusé, à la terreur, en passant par le rire grâce à des éclairs d’humour noir. Cette cavale dans le désert se fait terrifiante et hilarante. Une plaisanterie tragique et sanglante tout à fait Coennienne.

Note shotactu : 9/10

La bande annonce :

Maëva Levay


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